L'envers du confinement

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux. Parfois, on voit plus clair avec le coeur. Mais c'est aussi très fragile!
Et l’envers du confinement  dévoile ses batteries. Aussi clair que  le jour. Nu comme la main.  Exaspéré, l’angoisse  m’inonde jusqu’aux os. La peur aussi bleue qu’un ciel enchanté, je la laisse m’emporter. Ou plus simplement, elle m’a emporté  de force. A ses yeux, je ne représentais qu’une minable proie à aboyer d’une bouchée  La peur, ce rongeur né, pour la vaincre, il faut  être mille et une fois plus fort que soi. Et, dans ces instants-là plus que jamais. Il faut surtout pouvoir aller au-delà de sa force humaine. J’essaie tout de même de l’être.  Ou encore un peu. Il faut absolument  que je me tire de cette aventure amoureusement labyrinthique qui me tue à petit feu. Je doute fort pouvoir continuer à chérir mon si mielleux confinement au côté  de ma dulcinée. Je n’ai jamais voulu côtoyer mon bonheur de si près. C’est tendrement ennuyeux.  Passionnément lassant ! Mais, comment m’en sortir sans sortir ?

On envoisine déjà notre quatre ans de mariage. Que  le temps passe vite ! On dirait qu’on le chasse pour le réduire au néant ! Tout comme les couples normaux (quoique j’ignore ce qu’on entend par là)  on habite sous le même toit, accompagnés  d’une très jolie fillette que l’amour dans son état le plus pur nous a gratifié. Tout a l’air beau jusque-là. On caresse le bien-être au quotidien, tout en esquivant les emmerdes. Ah oui ! Dans les couples normaux, emmerde et amour s’embrassent. Ils partagent un rapport très étanche. Quelquefois même, on ne peut les dissocier. Et, en dépit de tout, on s’y adapte !  

A chaque jour suffit sa peine. La vie même amalgame le rire et le pleur.  Au début de ce confinement précoce, accroché aux bras de l’optimisme,  je croyais aller pouvoir tout gérer. Au tréfonds de mes entrailles, point de silence, mais un sentiment de vive surprise provoquée par ce fait inattendu.  Un étonnement à l’état embryonnaire me forçant  à me répéter à moi-même. Je cultive donc mon mutisme le plus vorace et m’en sers  pour apaiser cette part de moi-même qui souhaite vivement s’arracher de ma pauvre personne. Le bonheur coule en averse, j’en ai peur. J’ai peur de la présence permanente de ma dulcinée. J’ai peur de tout, de mon ombre, voire de moi-même. Elle  fait exprès de rester sous mes yeux qu’avec des sous-vêtements. Les sortes de string qui obstruent à peine une partie de l’affaire.  Mon truc, elle me le demande à chaque cinq minute. On dirait qu’elle complote pour me vider de mes spermes. De la routine, je commence vraiment à en avoir marre. Déjà, il y a les mots qui fuient en grande quantité  mes lèvres. Ils sont surement lassés, et je les comprends. J’ai aussi peur de ne plus en trouver après ce confinement tendrement merdique.

Hier, ne trouvant plus rien à dire, j’étais à deux doigts de raconter à ma femme mon aventure avec Ceunie. Egalement celle avec Diane. Deux aventures qui font  encore leur chemin. Dieu merci que  le silence ait pu intervenir à temps pour parler à ma place. Et c’était très bien ainsi. La femme, quand elle pense avec son cœur, perd la raison.

 Certes, cette pandémie, malgré tout,  accouche de l’humanisme. Comme nulle autre catastrophe, elle donne chair aux diverses relations sociales. Elle est romantique, et tue l’amour de vie. Mais, moi ayant marre  de boire comme une éponge, de manière itérative en plus, la couple de mon état de langueur, ma contrariété et mes tourments. J’emmerde amoureusement le confinement. Mon foyer a bien le droit d’être protégé.