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- Histoires De Noël - Pour Les Grands
L'histoire se déroule en Laponie. Un visiteur entre dans un bar. Il va au comptoir, commande un whisky pur malt et observe la salle. Il n'y a personne sauf un type à une table, qui sirote un verre de blanc. Il est habillé de rouge et blanc. Il a un bonnet sur la tête. Le type dit au barman :
« Mais Noël est passé depuis un mois ! Que fait ce gars déguisé en Père Noël ?
— Il n'est pas déguisé. C'est le Père Noël.
— Vous plaisantez ? Le Père Noël n'existe pas.
— Je ne plaisante pas. C'est lui, le vrai, le seul, l'unique.
— Ça alors ! Et il vient souvent boire des coups ?
— Ah ça oui ! Quand les fêtes de fin d'année sont passées, il a un coup de blues. Alors il vient tous les jours. Il passe une ou deux heures seul à une table, avec un verre de blanc, un verre de rouge, ça dépend.
— Du blanc, du rouge... Évidemment, si c'est le Père Noël.
— Allez donc lui causer un peu, il a le cafard. Je crois que ça lui fera du bien de parler à quelqu'un. »
Alors le type prend son verre de whisky et va s'asseoir à la table du Père Noël pour taper un brin de causette. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut discuter avec la star du mois de décembre ! Ça lui fera un truc à raconter.
« Hé, bonjour Père Noël ! Ça fait plaisir de vous voir. J'ai tellement entendu parler de vous. Alors, les fêtes se sont bien passées cette année ?
— Ah, bonjour mon ami. Les fêtes ? Tu parles, quelle corvée !
— C'est sûr que ça vous fait un sacré boulot. Je vous admire, vous savez ! Tous ces enfants qui attendent leurs cadeaux. Mais quelle joie ce doit être de leur faire tous plaisir !
— Oui, bien sûr. Ils sont contents les enfants... Du moins ceux qui en ont, des cadeaux. Mais les plus contents, ce sont les multinationales. Ah, ça, je les engraisse, et pas qu'un peu ! Et puis, voyez, qu'est-ce qu'on leur dit aux enfants ? Il faut être bien sages car le Père Noël vous surveille. Si vous êtes gentils, il vous apportera des cadeaux. Mon cul ! C'est pas les plus gentils qui ont le plus de cadeaux, c'est les plus riches !
— Vous n'avez pas tort. Des gosses infects qu'on inonde de cadeaux parce que leurs parents ont du fric, et d'autres, tout mignons qui trouvent des cochonneries, des jouets made in China au pied du sapin...
— Voilà. Et moi je fais ça à contre cœur, je n'ai pas le choix. Où alors il faudrait que je fabrique tout moi-même. Je vous laisse imaginer. Et avec quel argent ? Vous payez des impôts au Père Noël, vous ? Essayez seulement de suggérer l'idée et vous verrez la réaction des contribuables !
— Mais les enfants, ils croient en vous. Pour eux, vous êtes comme un magicien.
— Un magicien ou Big Brother ? On leur dit qu'ils sont surveillés tout le temps, que j'observe leurs moindre faits et gestes. Attention, le Père Noël te voit ! Au moins, ça les habitue aux caméras de télésurveillance qui poussent un peu partout. La société de consommation, la société de contrôle... Ah, c'est ça le meilleur des mondes, ça, pas vrai ?
— Mais il y a quand même la magie de Noël...
— Oui, les illuminations partout, en vile, sur les maisons. Vous savez qu'aux États Unis la consommation d'électricité pour tout ce bazar équivaut à une année de consommation d'électricité en Éthiopie?
— C'est pas du développement durable, c'est clair.
— Ah non, je vous dis, fichu métier ! Ça me fout un de ces coup de blues en janvier ! Alors je bois pour oublier. Après, bien sûr, il y a les vacances. Ça, les profs, à côté c'est des petits joueurs. Je bosse, quoi, de novembre à fin décembre, et puis dix mois de vacances ! J'ai pas le droit de me plaindre. Par contre, la retraite, c'est pas à soixante-deux ans. Vous savez quel âge j'ai ? Deux cent trente-sept ans. Je peux vous dire que j'ai cotisé. Il risque pas de me manquer un trimestre ! Je vous dis pas la surcote quand je vais raccrocher !
— Mais, qui va vous succéder ? Qui va prendre votre suite ?
— J'ai un fiston qui vient de fêter ses cent ans. Moi, j'en ai tellement ras-le-bol que je me demande si je ne vais pas partir dans un ou deux ans. Faut savoir s'arrêter. C'est ce que me dit le toubib.
— C'est sûr que vous avez drôlement bossé. Vous avez bien mérité de vous reposer.
— Allez, vous en prenez un autre ? On va boire à la nouvelle année. »
Le Père Noël fait signe au barman de leur remettre ça.
« À la votre. À vos vacances bien méritées. Vous partez au soleil ?
— Oui, après-demain, sur l'île Christmas, dans l'Océan Indien. C'est là qu'on a nos habitudes avec la Mère Noël. D'ailleurs, il se fait tard. Allez, c'est le dernier verre. Je vais me faire enguirlander.
« Mais Noël est passé depuis un mois ! Que fait ce gars déguisé en Père Noël ?
— Il n'est pas déguisé. C'est le Père Noël.
— Vous plaisantez ? Le Père Noël n'existe pas.
— Je ne plaisante pas. C'est lui, le vrai, le seul, l'unique.
— Ça alors ! Et il vient souvent boire des coups ?
— Ah ça oui ! Quand les fêtes de fin d'année sont passées, il a un coup de blues. Alors il vient tous les jours. Il passe une ou deux heures seul à une table, avec un verre de blanc, un verre de rouge, ça dépend.
— Du blanc, du rouge... Évidemment, si c'est le Père Noël.
— Allez donc lui causer un peu, il a le cafard. Je crois que ça lui fera du bien de parler à quelqu'un. »
Alors le type prend son verre de whisky et va s'asseoir à la table du Père Noël pour taper un brin de causette. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut discuter avec la star du mois de décembre ! Ça lui fera un truc à raconter.
« Hé, bonjour Père Noël ! Ça fait plaisir de vous voir. J'ai tellement entendu parler de vous. Alors, les fêtes se sont bien passées cette année ?
— Ah, bonjour mon ami. Les fêtes ? Tu parles, quelle corvée !
— C'est sûr que ça vous fait un sacré boulot. Je vous admire, vous savez ! Tous ces enfants qui attendent leurs cadeaux. Mais quelle joie ce doit être de leur faire tous plaisir !
— Oui, bien sûr. Ils sont contents les enfants... Du moins ceux qui en ont, des cadeaux. Mais les plus contents, ce sont les multinationales. Ah, ça, je les engraisse, et pas qu'un peu ! Et puis, voyez, qu'est-ce qu'on leur dit aux enfants ? Il faut être bien sages car le Père Noël vous surveille. Si vous êtes gentils, il vous apportera des cadeaux. Mon cul ! C'est pas les plus gentils qui ont le plus de cadeaux, c'est les plus riches !
— Vous n'avez pas tort. Des gosses infects qu'on inonde de cadeaux parce que leurs parents ont du fric, et d'autres, tout mignons qui trouvent des cochonneries, des jouets made in China au pied du sapin...
— Voilà. Et moi je fais ça à contre cœur, je n'ai pas le choix. Où alors il faudrait que je fabrique tout moi-même. Je vous laisse imaginer. Et avec quel argent ? Vous payez des impôts au Père Noël, vous ? Essayez seulement de suggérer l'idée et vous verrez la réaction des contribuables !
— Mais les enfants, ils croient en vous. Pour eux, vous êtes comme un magicien.
— Un magicien ou Big Brother ? On leur dit qu'ils sont surveillés tout le temps, que j'observe leurs moindre faits et gestes. Attention, le Père Noël te voit ! Au moins, ça les habitue aux caméras de télésurveillance qui poussent un peu partout. La société de consommation, la société de contrôle... Ah, c'est ça le meilleur des mondes, ça, pas vrai ?
— Mais il y a quand même la magie de Noël...
— Oui, les illuminations partout, en vile, sur les maisons. Vous savez qu'aux États Unis la consommation d'électricité pour tout ce bazar équivaut à une année de consommation d'électricité en Éthiopie?
— C'est pas du développement durable, c'est clair.
— Ah non, je vous dis, fichu métier ! Ça me fout un de ces coup de blues en janvier ! Alors je bois pour oublier. Après, bien sûr, il y a les vacances. Ça, les profs, à côté c'est des petits joueurs. Je bosse, quoi, de novembre à fin décembre, et puis dix mois de vacances ! J'ai pas le droit de me plaindre. Par contre, la retraite, c'est pas à soixante-deux ans. Vous savez quel âge j'ai ? Deux cent trente-sept ans. Je peux vous dire que j'ai cotisé. Il risque pas de me manquer un trimestre ! Je vous dis pas la surcote quand je vais raccrocher !
— Mais, qui va vous succéder ? Qui va prendre votre suite ?
— J'ai un fiston qui vient de fêter ses cent ans. Moi, j'en ai tellement ras-le-bol que je me demande si je ne vais pas partir dans un ou deux ans. Faut savoir s'arrêter. C'est ce que me dit le toubib.
— C'est sûr que vous avez drôlement bossé. Vous avez bien mérité de vous reposer.
— Allez, vous en prenez un autre ? On va boire à la nouvelle année. »
Le Père Noël fait signe au barman de leur remettre ça.
« À la votre. À vos vacances bien méritées. Vous partez au soleil ?
— Oui, après-demain, sur l'île Christmas, dans l'Océan Indien. C'est là qu'on a nos habitudes avec la Mère Noël. D'ailleurs, il se fait tard. Allez, c'est le dernier verre. Je vais me faire enguirlander.
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