« Suis-je dans le noir où ai-je les yeux fermés ? Peut être les deux » - Ceux furent les premiers mots qui passèrent dans l'esprit de Tom, quand enfin il émergea du profond sommeil dans lequel il était plongé. Il étai jeune, très jeune, de onze ans tout au plus. Et était seul, profondément seul dans cet univers de ténèbres et dobscurité. Le silence...Il n'y avait que cela atour de lui. Pas le moindre petit bruit indiquant une présence. Rien, enfin appart celui haché de sa respiration. Alors, assis à même le sol contre un mur poisseux et rigide, il essayait de reprendre ses esprits, comprendre ce qui lui est arrivé et réfléchi à toute vitesse. Il cligna plusieurs fois des yeux. Dans lespoir de percevoir quelque chose qui l'aiderait à répondre à cette question : Mais où donc était-il ? C'est endroit n'était pas sa chambre. Or, il lui semblait qu'hier encore, il dormait profondément dans son lit. En plus il était à peu près sure qu'il ne se trouvait dans aucune des pièces de chez lui. Ainsi comment cela se faisait-il qu'il se retrouve dans cet endroit inquiétant à son réveil. A ce qu'il savait, il n'était pas somnambule. Alors comment ?...A moins que quelqu'un l'aurait-il déplacer ? Non, hier soir il était seul. Son père ne devait revenir que dans une semaine. Et leur maison était trop bien cachée, loin du reste de lhumanité. Ou alors serait-il mort et se trouvait dans ce fameux tunnel avec une lumière dune blancheur incomparable au bout et qui allait le conduire vers une nouvelle vie ? Ou bien au contraire était-il toujours vivant mais enfermé au beau milieu d'un rêve ? Mais non voyons, il n'était pas dans un tunnel, mais dans une cave lui semblait-il. Il n'y avait pas non plus de lumière. Et un petit pincement à son bras lui fit comprendre qu'il était tous ce quil y avait de lucide. Bientôt toutes ces questions lui donnèrent un début de migraine.
Curieusement, Tom n'avait pas peur. Au contraire, il était très calme, en dépit de son jeune âge et de sa situation actuelle. Evidemment- pensa t-il. Après une année entière à cohabiter avec le diable en personne, plus rien ne pourrait l'impressionner, même cette pièce sombre, très inquiétante et sans aucun adulte à proximité. Et intelligent quil était, savait que nimporte quel autre jeune garçon normal de son âge serait totalement pétrifié à sa place. Mais lui n'était pas normal. Au plus profond de lui, il était fracassé, détruit. Trop abîmée que bien qu'il n'était croyant doutait que même le bon Dieu saurait le réparer entièrement. Ce jeune garçon a été marqué, il a été choisi.
L'inactivité na jamais été son fort. Il fallait quil bouge, qu'il sorte de cette cave. Autrement comment aurait-il les réponses à ces questions ? Alors sentant un regain d'adrénaline lui passer sur tout le corps, il bondit alors sur ses pieds mais chancela soudain en proie à une douleur vive et lancinante dans les côtes. La douleur,comment avait-il pu l'oublié. Il en avait dégusté hier avant le départ de son père. C'est vrai qu'il ne l'ait pas raté. Avait-il mérité cela? Apparemment oui d'après son père. Il était le seul fautif. Si seulement il pouvait arrêter de faire ses choses étranges autour de lui. Alors peut-être son père arrêterait lui aussi de lui faire mal. Malheureusement il ne savait comment contrôler ses étranges facultés. Pas plus que son père, lui, savait contrôler ses excès de colère. Alors durant ces moments là, le petit Tom restait silencieux recroquevillé sur lui-même. Attendant que le courroux paternel passe. Tandis que celui-ci, criait, tempêtait et sacharnait sur son corps. Coup de cravache, coup de point, insultes, « Voilà tous ce que tu mérite » disait-il avant de séclipser. Alors enfin, le petit Tom pouvait sécrouler et pleurer en boule dans son lit. Mais en silence, si non quoi son père revenait et cette fois c'était encore pire que la première.
Mais malgré tous cela il aimait toujours son père. Il l'aimait même profondément. Il ne pouvait se résoudre à l'en vouloir. C'était sa seule famille, en dehors de son Maître. Son Maître ? Ce pourrait-il qu'il soit derrière tous cela ? Evidemment que cétait lui ! Qui d'autre aurait bien pu faire cela appart lui. « Que je suis bête ! » se disait-il. « Qui d'autre que celui que j'implorais chaque matin, chaque soir pour me délivrer, ferait-cela. Il m'a entendu. Oui cest surement lui. Quelque chose va arriver. Il doit mattendre quelque part. Je vais enfin le rejoindre. Il faut que je bouge, que jaille le voir !»
Ainsi, de nouveau, il entreprit, mais tout doucement, de se lever. Et cette fois, déjà préparé à la douleur, il réussit. Il marcha alors instinctivement, d'un pas long vers la droite. Les mains sur le mur pour sorienter dans le noir, ignorant son corps qui souffrait, protestait. L'appel de son maître était beaucoup plus fort. Au bout de quelque minutes, toujours en tâtons, il trébucha sur ce qui semblait être un escalier. Montant fébrilement sur les marches, il eut un doute quelques secondes. Et si ce n'était pas son Maître qui l'avait emmené là ? Si ce n'était pas lui qui l'attendait au bout de cet escalier mais un être beaucoup plus malveillant ? Mais il n'eut plus le temps de tergiverser longtemps puisque il arriva enfin au bout des marches et buta contre la surface lisse de ce qui devait être une porte. A tâtons il chercha son poigné et l'ouvrît dun coup. Une lumière forte lassailli alors, laveuglant une seconde. Puis ce qu'il vit balaya pour de bon tous doutes dans son esprit.
Une vielle femme était là, dos à lui, au centre dune pièce qui devait être le salon toute crasseuse et en haillon. Elle était assise à même le sol, une expression de fascination malsaine pour les flammes du feu de la cheminée plus loin. Elle n'avait presque plus de cheveux. Dans ses yeux, une lueur de folie régnait et elle poussait des rires sans joies qui ressemblaient à des hurlements à faire froid dans le dos. Il était évident que la malheureuse n'avait plus toute sa tête. Mais encore une fois, Tom n'avait pas peur. Il était au contraire très heureux et un grand sourire étirait ses lèvres. Son Maître l'avait entendu, c'est lui qui avait mis cette femme ici. Il devait sûrement être quelque part entrain de l'observer. C'était sa dernière épreuve. Et désormais il savait ce que son Maître attendait de lui. Evidemment quil le savait. Il était l'élu non ? Il a été choisi.
Lentement, sans aucun mouvement brusque, il approcha de la femme. La brusquer serait la dernière des choses qu'il fallait faire. Elle ne doit rien sentir. Si non son Maître ne l'appréciera pas. Quand il fut assez près de la malheureuse qui ne l'avait pas senti venir, il mit soudain ses mains de part et dautre de sa tête, dans un geste surnaturellement fort pour un petit être comme lui. Il murmura alors en fermant les yeux d'une voix étrangement sifflante des mots intelligible. Aussitôt une bulle de taille moyen toute noir se mit à sortir de la bouche de la femme avant que celle-ci se raidisse et tombe raide morte sur le côté. Ainsi Tom l'avait tué. Il savait que tuer était mal. Sa mère et le prêtre en avaient parlé bien sûr. Mais il n'en éprouvait aucun remord. Il avait réussi. Son maître allait être très content de lui. Et puis, cette femme était déjà quasiment morte avant qu'il n'arrive. Elle n'avait plus de famille, plus personne qui tienne à elle. Sans quoi son Maître ne l'aurait jamais choisi pour victime.
Un instant plus tard, alors qu'il regardait encore d'un air absent le corps de la vieille folle, la bulle noire -étonnamment solide- entre ses mains, un applaudissement particulièrement sonore retentit derrière lui, suivit dune voix glaciale mais étrangement gutturale qui proclama :
« Bravo Tom ! Je suis très fier de toi. Cela valait le coup dattendre. Je savais que tu serais le seul à y arriver. C'est pour cela que je tai choisi. Tu es le début, le milieu, la fin. Tu es vraiment l'élu »