L'Égaré

«Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.»
S'écria Tony, une fois éveillé au beau milieu de la nuit.
Il s'agit en effet, d'un garçon de onze ans ; qui aimait aller en forêt, communiquer avec la nature et tout ce qui s'y trouve.
Ce jour-là, il était allé si loin qu'il s'égara. C'est ainsi que face à un fauve, il prit peur et voulant lui échapper, il heurta un immense caillou, tomba et Paf ! Plus rien! Il venait de s'évanouir.
Réveillé, il trouva auprès de lui un chien errant. Tony admira le petit chien qu'il semblait apprécier et qui sans doute se voulait un compagnon fidèle pour lui.
Le petit Tony se leva et remarqua que le chien le suivait partout en faisant attention à ses moindres faits et gestes. Puis Tony accepta; mieux, il réalisa que le chien voulait lui tenir compagnie : ce fut le début d'une histoire d'amour entre eux.
Désormais, Tony avait un compagnon qu'il nomma Milou.
Entre vents et marées, Tony cherchait en vain, le chemin menant chez lui et l'obscurité se faisait de plus bel.
Entre temps, ses parents étaient pris de panique ; ils le cherchaient partout dans le village ; faisaient du porte à porte sans toutefois le retrouver. Cela faisait deux jours que Tony n'était pas encore rentré.
De son côté, ce dernier s'est mis à pleurer puisque la fatigue et la peur se faisaient de plus en plus ressentir. Son petit chien lui tenait compagnie et le carressait avec ses poils pour sûrement le consoler et le rassurer.
Au petit matin, l'égaré entendit soudain, des bruits lointains; il s'agissait sûrement de quelqu'un. Mais de qui? Ce bruit était sans doute la voix d'un vieillard ; à peine on l'entendait chanter.
Tony et Milou se mirent à chercher un indice qui pourrait les conduire au village. Ils marchaient et marchaient lorsqu'ils virent un homme, très âgé, le visage ridé, la bouche presque vidée de ses dents, l'air fatigué et abattu; il était assoiffé et cherchait quelqu'un pour lui apporter à boire.
Or, Tony également avait sans doute soif puisqu'il n'avait consommé que de mangues la veille et l'avant veille.
Le vieillard lui fit signe de venir ; celui-ci s'y exécuta sans attendre.
Puis, il lui dit:
« Mon fils, apporte-moi à boire s'il te plaît ; j'ai très soif. Juste un peu d'eau pour que je puisse boire et mourir en paix. »
Pris de pitié pour le vieillard, Tony lui demanda tout tremblant: « Où pourrais-je en trouver ? Je suis égaré dans cette forêt ; je ne sais que faire ni où aller. Mon village se nomme Klounviklô; un village aux habitants hostiles. Si seulement tu pouvais m'indiquer la rivière d'ici, je t'apporterais sans plus tarder de l'eau fraîche. »
Le vieillard reprit:
« Prends cette piste, va tout droit ; arrivé au dernier arbre, tourne à gauche, tu verras une rivière. »
Puis, lui tenant un vieux cop, le vieillard l'admirait...
Tony courut avec son chien, ils partirent à la recherche de ladite rivière ; lorsqu'ils furent arrivés, il but, Milou également, puis remplit le cop du vieillard et revint vers lui en toute hâte.
Le vieil homme étancha sa soif, il souria et lui dit :«Tu as sûrement pensé que tu ne vivrais que dans l'obscurité de cette forêt chacune de tes nuits.
Cependant, laisse-moi te dire qu'aujourd'hui même, tu dîneras avec les siens. Ton village est à environ quatre kilomètres d'ici. Regarde !» Puis, il lui montrait des pas.
«Ce sont mes pas; Suis-les, je viens de quitter le village; je suis le vieil homme que tous ont rejeté à l'exception d'une seule famille.
Aujourd'hui, sentant ma mort prochaine, j'ai décidé de venir mourir tout seul ici, dans cette forêt, comme je l'ai toujours été.
Les oiseaux chanteront pour moi des chants funèbres et d'autres animaux mangeront ma chair décomposée et exposée au sol, puisque personne ne m'enterrerait de toute façon.
Mais toi petit enfant, tu as étanché ma soif; je t'en remercie. Sois béni !
Arrivé au village, ne dis à personne que tu m'as vu ici; ils viendraient se moquer de moi.»
Tony était profondément attristé; il ne l'avait jamais vu mais il venait de réaliser que le vieux dont lui avait parlé ses parents n'était personne d'autre que celui-là ; il se souvint qu'ils lui donnèrent de quoi manger en cachette au risque d'attirer la colère des autres habitants du village.
Le garçon se mit à pleurer à chaudes larmes et à serrer le vieillard contre lui.
Il lui dit avant de s'en aller :«Merci homme au grand cœur ; que l'Etre Suprême se souvienne de vous !» Puis, il se mit en route...
Ainsi, le bienfait n'étant jamais perdu, Tony pu regagner sa famille, sa maison, son village.
Certes triste, mais également tout joyeux de retrouver ses parents et ses amis. A sa vue, tous furent heureux surtout son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses amis... Car il était appelé l'enfant de tous, grâce à sa serviabilité et son amour les autres.
Son chien Milou balançait la queue en signe de joie.
Ce jour-là, sa mère fit un mets succulent en son honneur. Quant à lui, après le repas leur racontait tout ce qui s'était passé.
L'égaré retrouvé, l'histoire d'un enfant qui aimait la nature.