Le succès

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux » C’est dans cette ambigüité qu’il se réveilla puis regarda par la fenêtre et constata qu’une belle journée ensoleillée s’annonçait aujourd’hui avec un calme plat dans la maison car les enfants sont tous allés à l’école. Il se tourne à sa droite et rencontre le visage rayonnant de Aicha, sa femme qui dormait toujours. Il s’approche d’elle comme si pour l’embrasser, mais non il se met à ausculter ce beau visage d’ange car il peinait toujours à croire que la fille que tout le monde voulait était devenue maintenant sienne. Rien que l’idée de la posséder à lui tout seul renforçait son charisme. Il faisait presque neuf quand leurs yeux se rencontrèrent suivi d’un large sourire de Boubacar toujours couchés auprès d’elle. La bonne s’approcha de la porte pour leur annoncer que le petit déjeuner est servi « ce sera au lit parce que madame n’a pas envie de se lever » cria Boubacar, elle lui sourit pour approuver. Après un bon bain Boubacar se dirigea vers le parking accompagné de son épouse : bon ce sera la Mercedes, le Peugeot ou encore la Range Rover damnda t il a sa femme. __prends le Peugeot, il va bien avec ton costume ; moi j’irai au marché tout à l’heure avec la Range Rover, dit-elle avec cet air capricieux qui asséchait son visage.
C’est comme ça qu’il monta dans la voiture désignée par son épouse et prit la route de son entreprise. A moins de cinq cent mètres de chez lui, il trouva un groupe de jeune chômeurs discutant de l’actualité. Voilà grand Beuz dit l’un d’’eux, il baissa la vitre, les salua et les remis un billet de dix mille franc tout droit sorti de Banc. Achetez-vous en du thé ! il remonta la vitre et continua sa route les laissant dans un état de gaieté car certains d’entre eux n’avait même pas pris le petit déjeuné. Mais FBI, surnom qu’ils avaient donné à un patriarche qu’ils qualifiaient de se mêler toujours de ce qui ne lui regardait pas, observait délicatement la scène depuis le balcon de sa maison. Le vieillard les interpella en ces termes « Il ferait mieux de vous apprendre à pécher que de vous remettre ce tilapia ». Ils maugréèrent longuement à la suite de ces propos avant de retourner à leur débat sans pour autant saisir le sens de la phrase du vieux.
En plein ville, la tête colée au vitre, il reconnut un ancien camarade de classe de l’école primaire traversant la chaussée, classeur a la main qui marchait en hâtant le pas. Il demanda aussitôt au chauffeur d’arrêter la voiture et fit signe a son vieil ami. Oui c’était bien Ousmane Faye, l’imbécile qui était toujours premier de la classe. Ousmane s’immobilisa s’auto indexant en balançant la tête à gauche puis à droite au-dessus des épaules avant de se diriger en hésitant vers cet individu qui lui paraissait inconnu. Mais il le reconnu vite quand il s’approcha de très près de cette étrange individu très bien habille, il en croyait pas à ses yeux eh bien oui c’est moi Boubacar Sow tu ne me reconnait toujours pas... bien sûr que oui mon pote car a vrai dire tout comme le plus doué marque la mémoire collective de la classe le plus nul aussi est inoubliable de par ses inepties. Mais c’est petit Beuz dit-il avec une parfaite stupéfaction. Eh oui c’’est petit grand Beuz maintenant mon cher ami en s’auto admirant. Les deux anciens camardes de classe papotèrent un peu sur place avec de vieux souvenirs et comme Ousmane Faye était un peu presse, Boubacar lui proposa de le conduire là où il allait. Ce dernier accepta volontiers car le temps lui manquait, il devait prendre service à partir de dix heure dans le poste de santé de la ville où il est infirmier. En court de route Boubabcar demanda à son vieux ami son parcours après l’école primaire : celui-ci lui raconta son long et riche curriculum de la 6eme a sa thèse de doctorat sans avoir doublé aucune classe ce qui ne surprend guère Boubacar. Mais ce qui lui paraissait un peu ironique c’est l’énorme décalage entre les diplômes et la profession de Ousmmane et il failli en rire. Et ce dernier de lui retourner la même question : qu’est ce qui t’a mené si loin dans la vie Boubouyel, un surnom que ce dernier n’aimait pas depuis l’enfance ?
__Bon moi comme tu le sais bien ma première tentative au CFEE n’était pas bonne de meme que la deuxième d’ailleurs. C’est ainsi que Monsieur Diedhiou, ah sacré homme, m’a demandé d’aller voir ailleurs car disait-il l’école n’était pas fait pour moi et je me rends compte maintenant qu’il avait absolument raison bien vrai que mon père et moi-même l’avions maudit de tous les noms d’oiseaux à cette époque.
Je me rappelle la première fois que je l’ai vu, mon premier jour d’école, papa me tenait la main et me l’a présenté il me dévisageait comme s’il voulait deviner mon futur et moi je fuyais son regard perçant. Le pire jour de ma vie c’est la mort de monsieur Diouf, notre professeur en classe de CM1 en pleine période de vacances, qui faisait de Diédhiou inéluctablement notre futur prof. Ce jour-là je n’ai presque pas dormi la nuit et ce qui restait de mes vacances n’avait plus de sens non pas par chagrin mais plutôt par peur d’être martyrisé en classe d’examen.
Bon bref j’ai beaucoup divaguer sans pour autant répondre à ta question. Honnêtement je n’allais à l’école que pour satisfaire mes parents et revoir mes amis mais au fond de moi-même j’avais trouvé ce que Diédhiou avait vu en moi dès mon premier jour d’école et que mes parents et moi refusions d’admettre. Eh bien c’est ça qui m’a amené si loin dans cette absurde vie.
Ousmane Faye le regardait ahurie buvant ses paroles religieusement, il avait du mal à reconnaitre ce Boubacar qui se tenait à côté de lui, si sage, si raffiné et peinard et se voyait a sa place du coup il se senti inferieur et jaloux en même temps. Mais dit-il tu n’as toujours pas répondu à ma question. Tout est relatif Dans cette vie dit Boubacar. Lui aussi se demandait où est le Ousmane, le génie qui trouvais les réponses avant même que le maitre ne les pose. Alors il décida de lui expliquer ce qui lui a rendu si riche en de termes clairs obscures.
Si hier était aujourd’hui demain serait parfait pour tout le monde ; excepté les imbéciles bien évidemment et je suis loin d’en être un. Je n’ai pas attendu que Dieu change les temps pour le comprendre. Quand vous êtes allés à la quête de vos diplômes je me suis laissé former par la vie (« l’école nous donne des diplômes mais c’est dans la vie qu’on se forme » disait Ampathé Ba) lui dit Ousmane en l’interrompant brusquement et brièvement avec un ton d’universitaire. C’est qui ce Ampathé Ba lui demanda-t-il, un grand écrivain africain il lui répondit. Tu vois je n’ai pas eu besoin de diplômes pour m’inscrire dans sa pensée. Je me suis aventurier presque dans toutes les régions de ce pays en travaillant par ci et par là ce qui m’a permis d’engranger une petite fortune pour me lancer dans le chemin périlleux de l’Europe sans succès. C’est à mon retour au bercail que j’ai regretté mon départ d’ici oui je me suis retrouvé sans aucun sou et ma part du legs paternel complètement dilapidé par mes frères et sœurs en complicité avec mes oncles. J’ai failli en être fou. J’ai tout entendu et vécu l’enfer au sein de ma famille d’ailleurs cela m’a permis de connaitre ma vraie famille tien toi bien car il ne s’agit ni plus ni moins que ma petite sœur et mon ami d’enfance Malik Diop. __ ah je connais Malik c’est l’actuel Dg de Grande Société Electrique (GSE) __ oui c’est bien lui j’en suis le fondateur et Président.