Mercredi 27 janvier, 6h24.
A la sortie du métro, boulevard Henri IV. Elise embrassait un homme. Encore un diraient bien certains.
Ce matin, elle s’en fichait. Rien n’avait d’autre importance que ces lèvres chaudes qui mangeaient goulûment les siennes. Que ces bras qui l’étreignaient.
Elle revoyait les images de cette nuit. Cet homme, cet inconnu. Ses yeux noirs qui en avaient déjà bien trop vus. Ses habits un peu fatigués. Ses cheveux longs et bruns autour de son visage. Sa peau matte brunie par un soleil qui n’était pas d’ici.
Quelques paroles à peine échangées. La barrière de la langue n’avait pas aidé. Ses yeux lui avaient demandé s’il pouvait. Et oui, il pouvait.
C’était la première fois depuis bien trop longtemps qu’elle disait oui.
Son passé n’avait pas été facile, son quotidien ne l’était pas davantage.
Elle était maman de trois enfants. Trois enfants de trois pères différents. Trois hommes qu’elle avait aimés plus que de raison. Qu’elle avait aimés plus qu’elle-même, jusqu’à s’oublier parfois.
Trois hommes qui lui avaient offert les trois plus merveilleux enfants.
Trois hommes qui l’avaient quittée.
Le premier était mort d’un accident de moto. Une nuit, la pluie, des phares, une collision qui lui avait coûté la vie.
Elle s’était retrouvée mère célibataire, d’un petit être sans défense qu’elle ne voulait que protéger et aimer.
Le deuxième l’avait remontée à la surface avant de la faire redescendre. Leur amour n’avait pas résisté à ses mensonges, ses tromperies.
Elle s’était retrouvée seule avec ses deux enfants, avec un papa par intermittence.
Le troisième lui avait redonné confiance, lui avait de nouveau fait croire en l’avenir. Ils avaient reconstruit une vie à quatre, puis à cinq avec l’arrivée d’un nouveau bébé, dont elle avait tant redouté l’arrivée.
Elle avait eu peur du destin qui lui arrachait ses hommes et son bonheur.
Et le destin avait de nouveau frappé.
Un matin, le troisième homme de sa vie avait disparu sans laisser de traces, sans une lettre, sans un au revoir.
Cela faisait un an qu’il était parti, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Un an qu’elle croisait le regard triste de leur fils de six ans, qui lui ressemblait tant. Un an qu’elle lisait sur le visage de ses deux filles leur incrédulité et leur désolation.
Les nuits blanches et les larmes incessantes étaient revenues la hanter. L’abandon était devenu une routine qu’elle ne connaissait que trop bien.
Elle se devait pourtant d’être forte pour ses enfants. Elle était anéantie la nuit et vivante le jour. Elle leur devait bien. Elle était leur maman, ils avaient besoin d’elle.
Elle avait refait surface, comme elle le faisait toujours.
Ils avaient trouvé un nouvel équilibre, cette fois-ci tous les quatre. Elle et ses enfants, envers et contre tout.
Les sourires étaient revenus, les rires aussi. Il fallait avancer. Leurs vies méritaient bien cela.
C’est aussi avec un sourire, cette fois-ci un peu amer, qu’elle avait accueilli le diagnostic du médecin : “c’est un cancer, Madame. Je suis désolé”.
L'hérédité nous joue parfois de mauvais tours.
Elle allait se battre, comme elle le faisait à chaque fois. Avait-elle vraiment le choix ?
Elle avait décidé de tout oublier pour une soirée. Ses amours perdus, ses désillusions, sa peur, celle de ses enfants qu’elle essayait de rassurer de son mieux.
Ce matin, Elise embrassait un homme. Elle ne connaissait même pas son prénom. Elle savait juste qu’elle avait aimé cette nuit. Elle avait aimé ses bras, sa bouche.
Son corps qui ne voulait qu’elle. Elle l’avait aimé, lui, au moins le temps d’une nuit.
Elle avait l’audace d’être de nouveau amoureuse. Au moins pour ce matin.
Elle voulait profiter de ce moment de vie, avant d’aller retrouver tous ses combats à mener.
A la sortie du métro, boulevard Henri IV. Elise embrassait un homme. Encore un diraient bien certains.
Ce matin, elle s’en fichait. Rien n’avait d’autre importance que ces lèvres chaudes qui mangeaient goulûment les siennes. Que ces bras qui l’étreignaient.
Elle revoyait les images de cette nuit. Cet homme, cet inconnu. Ses yeux noirs qui en avaient déjà bien trop vus. Ses habits un peu fatigués. Ses cheveux longs et bruns autour de son visage. Sa peau matte brunie par un soleil qui n’était pas d’ici.
Quelques paroles à peine échangées. La barrière de la langue n’avait pas aidé. Ses yeux lui avaient demandé s’il pouvait. Et oui, il pouvait.
C’était la première fois depuis bien trop longtemps qu’elle disait oui.
Son passé n’avait pas été facile, son quotidien ne l’était pas davantage.
Elle était maman de trois enfants. Trois enfants de trois pères différents. Trois hommes qu’elle avait aimés plus que de raison. Qu’elle avait aimés plus qu’elle-même, jusqu’à s’oublier parfois.
Trois hommes qui lui avaient offert les trois plus merveilleux enfants.
Trois hommes qui l’avaient quittée.
Le premier était mort d’un accident de moto. Une nuit, la pluie, des phares, une collision qui lui avait coûté la vie.
Elle s’était retrouvée mère célibataire, d’un petit être sans défense qu’elle ne voulait que protéger et aimer.
Le deuxième l’avait remontée à la surface avant de la faire redescendre. Leur amour n’avait pas résisté à ses mensonges, ses tromperies.
Elle s’était retrouvée seule avec ses deux enfants, avec un papa par intermittence.
Le troisième lui avait redonné confiance, lui avait de nouveau fait croire en l’avenir. Ils avaient reconstruit une vie à quatre, puis à cinq avec l’arrivée d’un nouveau bébé, dont elle avait tant redouté l’arrivée.
Elle avait eu peur du destin qui lui arrachait ses hommes et son bonheur.
Et le destin avait de nouveau frappé.
Un matin, le troisième homme de sa vie avait disparu sans laisser de traces, sans une lettre, sans un au revoir.
Cela faisait un an qu’il était parti, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Un an qu’elle croisait le regard triste de leur fils de six ans, qui lui ressemblait tant. Un an qu’elle lisait sur le visage de ses deux filles leur incrédulité et leur désolation.
Les nuits blanches et les larmes incessantes étaient revenues la hanter. L’abandon était devenu une routine qu’elle ne connaissait que trop bien.
Elle se devait pourtant d’être forte pour ses enfants. Elle était anéantie la nuit et vivante le jour. Elle leur devait bien. Elle était leur maman, ils avaient besoin d’elle.
Elle avait refait surface, comme elle le faisait toujours.
Ils avaient trouvé un nouvel équilibre, cette fois-ci tous les quatre. Elle et ses enfants, envers et contre tout.
Les sourires étaient revenus, les rires aussi. Il fallait avancer. Leurs vies méritaient bien cela.
C’est aussi avec un sourire, cette fois-ci un peu amer, qu’elle avait accueilli le diagnostic du médecin : “c’est un cancer, Madame. Je suis désolé”.
L'hérédité nous joue parfois de mauvais tours.
Elle allait se battre, comme elle le faisait à chaque fois. Avait-elle vraiment le choix ?
Elle avait décidé de tout oublier pour une soirée. Ses amours perdus, ses désillusions, sa peur, celle de ses enfants qu’elle essayait de rassurer de son mieux.
Ce matin, Elise embrassait un homme. Elle ne connaissait même pas son prénom. Elle savait juste qu’elle avait aimé cette nuit. Elle avait aimé ses bras, sa bouche.
Son corps qui ne voulait qu’elle. Elle l’avait aimé, lui, au moins le temps d’une nuit.
Elle avait l’audace d’être de nouveau amoureuse. Au moins pour ce matin.
Elle voulait profiter de ce moment de vie, avant d’aller retrouver tous ses combats à mener.