Le sceau du destin

Toute histoire commence un jour, quelque part au fin fond de ce grand pays qui jadis n’était qu’appelé Zaïre. La date et l’année précises de cette apparition ne fut que jeu de voisin au fur et à mesure que les années avançaient et le seul souvenir de la mère pour cet évènement n’est que la saison dans laquelle un être fus né: la saison de sarclage. Ne connaissant que deux saisons dont la saison sèche et celle de la pluie, le sarclage était considéré comme plutôt une saison, laquelle saison était très vitale dans cette région lointaine. Cette activité qui précède la pluie, permet la bonne croissance de plantes et était calculée, non plus avec une méthodologie scientifique mais par instinct humain : l’intelligence naturelle. Elle était connue de toutes les mères du village, et quand le temps était jugé opportun, toutes les femmes vidaient le village pour se confiner dans leurs champs respectifs le long de la journée. Celles au moyen leur permettant à se munir de quelques choses à manger, cela ne pourrait être que quelques patates douces bouillies avec les haricots et celles dont le moyen ne le leur permettait, passaient les plus longs jours se consolant en fredonnant de chants dont seuls accompagnateurs étaient les oiseux.
C’était probablement l’année dix-neuf quatre-vingt-huit quand je fus né, au milieu de ces vastes champs de haricots, artisanalement cultivés par ces paysans dont la majorité n’avait absolument pas foulé le chemin de l’école. Abandonnée seule à son sort, la mère fit tout ce qui était à sa portée pour assurer la survie du nouveau-né: elle fit seule ces activités initiales qui accompagnent la naissance sans sage-femme ni tout autre outil qui laisserait l’imagination de l’hôpital, au milieu de ces collines et montagnes qui arboraient ces champs verdoyants. J’étais enfin mis au monde. J’étais ainsi né et cette date et année inconnue marquèrent le début de mon destin rempli de misères mais lesquelles misères se dissipaient peu à peu aux ailes du temps.
Les années passèrent au pas du cœur, et quand mes six années tombèrent, il fut annoncé que j’allais commencer mes études primaires. La joie fut éphémère. Quelques années avant que cela ne fut mon tour, je ne comprenais pas pourquoi ces gamins qui allaient à l’école, tous, avaient toujours le cœur contrit. Chaque matin ils criaient et beaucoup s’exposaient aux bâtons qui les forçaient à avancer. Certains parents accompagnaient leurs pauvres enfants jusqu’au pied des montagnes espérant que ces derniers ne retournassent à la maison sans qu’ils n’aillent à l’école. Au pied de ces montagnes, certains parent s’y tardaient pour s’assuraient que leurs enfants avançaient, criant, jusqu’à ce que l’écho de leur cris étaient englobés par ces montagnes elles-mêmes. Je remarquais ce scenario se passait à mon frère et sœur et cela constitua une énigme profonde dans mes tendres pensées jusqu’au jour où j’en fus victime.
L’école se situait à quelques dix kilomètres de chez nous, ainsi pour y accéder aux heures recommandées par le directeur, il fallait se réveiller à cinq-heure du matin pour l’atteindre avant huit-heure. Cette estimation convenait les pas adultes et les enfants étaient réveillés avant même ces heures pour accommoder leur marche enfantine. La routine demandait que l’on se baigne de l’eau très froide comme la glace puis que l’électricité était inconnue et les bois de chauffage étaient destinés à la préparation des aliments et encore plus, allumer seul le feu dans ce matin était une chose fatigant et suffocant.
Sans manger ni gâteau ni pain ni ce fameux breakfast, moins encore ce lunch-box des occidentaux, nous parcourions dix kilomètres d’aller à l’école et dix kilomètres de retour.
Les premiers jours furent mes plus grands délices. Quand le jour d’inscription fut fixé, j’étais acheminé par mon grand frère jusqu’à l’école. Il entra dans l’office du directeur et fit de bonnes heures dans ce bureau construit d’arbres. Il n’y avait pas grande différence de chez nous au village, mais ce long, mince bâtiment à toit que je dirais de technologie –Il était méconnu de mon village; et de sa dimension carrée, donnait l’imagination à toute une autre atmosphère différante de celui dans lequel je suis né. Mais une chose certaine en faisait grande différence : une large messe d’enfants en maillon –comme nous appelions, cette uniforme noire-blanche ; qui courraient dans tout le sens, riant à gorge déployée et faisant l’air joyeux en jouant. Certains sautaient à la corde, d’autres s’en prenaient aux footballs cousis en caoutchouc ; bref, il y avait de la gaieté.
Dans ce bureau, mon frère et mon future directeur discutaient à propos de mon identité qui, jusqu’ici, je ne savais ni mon nom propre ni prénom : seul un surnom que tout le village inclus mes parents m’appelaient. Le nom n’était pas le seul problème. La date, le mois et l’année de naissance n’étaient pas connus et quand mon frère avait essayé à demander ma mère, elle lui referait au voisin disant que l'un de ses enfants et moi, étions nés la même année. Quid du mois? La période de sarcler se faisait entre Mai et Juillet. Voyant que cela posait un grand débat, il y eut un accord entre ces deux personnes dans le bureau qui fuitait leur voix. Enfin, la date de naissance fut décidée : le 21 Aout 1988. Etait-elle réaliste ?
Ayant fini toutes les modalités d’inscription, j’étais abandonné seul, dépaysé au milieu de multitude d’enfants qui jouaient. Je ne savais quoi faire et je n’avais pas d’autre choix que de me poster dans un coin pour regarder le charme que donnait cet air décontracté. J’entendis un son sonner. Tard dans la journée ; j’appris que ce son est le coup de sifflet. Je vis des enfants qui s’assoyaient se tenir debout et ceux qui courraient stopper sec comme si une foudre les frappait. Pendant que la confusion et l’admiration du drame se mêlait dans ma tête pour comprendre ce qui se passait, j’entendis un autre deuxième coup du sifflet qui mit tous dans la situation emouvente avec un cri d’un « prêt » aigu prononcé par ces enfants. La recréation était finie et tout le monde rejoignait sa classe respective après avoir s’aligner devant la classe elle-même.
J’étais totalement confus et n’eut était le directeur qui me connaissait, je n’allais pas parvenir savoir où entrer. Les jours qui suivirent furent plus misérables : me réveiller devint de plus en plus un grand challenge et la marche elle-même insupportable. L’énigme se dissipait peu à peu et je compris pourquoi ces enfants n’aimaient pas l’école. Ce qui rendait ma vie si dure était la pauvreté extrême dans laquelle ma famille vivait. Manger une fois par jour les patates douces bouillies et parfois qui manquaient devint inadmissible que je haïssais l’école la haine dont les nazis éprouvaient pour les juifs. J’étais tout le jour frappé, escorté jusqu’à l’école jusqu’à ce que je réalisai qu’il n’y avait d’alternatif que de continuer assidument. Il n’y avait ni foi ni espoir de bons jours et je pensais que, comme le reste de villageois cela s’estomperait quand je saurais lire et écrire.
Malgré les misères qu’apporte la pauvreté au-delà de tout entendement, je parvenais à obtenir de bonnes cotes jusqu’à ce que je finisse l’école primaire et deux années de l’école secondaire. Il y a bien des scènes indescriptibles qui, quand j’y pense, les larmes remplissent mes yeux et coulent sur mes joues. Les bonnes cotes me permirent de trouver une promotion d’aller étudier dans la ville proche du village mais le contrat n’incluait ni quoi me vêtir ni quoi manger. Il se limitait simplement aux frais scolaires.
L’espoir d’une bonne vie commençait à se profiler. J’étais convaincu que malgré les défis amers qui régnaient en maitre dans ma famille, ma vie personnelle était distincte de celle de ma famille. Le soutien était si restreint que je me résolus de travailler comme un moto-chauffeur pour soutenir mes fournitures scolaires comme cahiers, uniformes, souliers et autres besoins de base. Le baccalauréat, qui s’appelle diplôme des humanités jusqu’aujourd’hui dans ce pays devenu République Démocratique du Congo était mon seul espoir. Les études universitaires étaient de rêves irréalisables mais je continuai toujours à croire que c’était possible d’en faire.
Les années passèrent et l’espoir grandissait de plus en plus dans mon cœur et mon future, j’osais le croire, allait devenir brillant. Un jour, je connus une personne qui résidait en Afrique du Sud. Après mille et un entretiens, il me promit un soutien de logement et certain approvisionnement. J’embarquais pour ce pays. Là, j’y trouvai ce qui était nécessaire pour, pas seulement la continuité de mes études universitaires mais aussi je trouvai un emploie qui me permit d’ailleurs de me connecter au monde d’écrivains et j’eus cette chance de concourir le pris de jeunes écritures. Ainsi, le sceau du destin fut apposé.