Le Royaume anéanti

 
"Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité". Dans une tribu au fond de l'ile « Tabazou », habitait un Roi très fortuné qui a mis au monde des fils dans des familles differenttes. Soucieux de l'avenir de ses fils, le roi se préoccupa de chacun d'eux indistinctement. Néanmoins, les fils grandissaient avec une sorte de polémique et ont témoigné de la rancune en dehors d'un climat de fraternité. Le Roi, ayant été au courant de tout cela, avant de rendre l'âme, a partagé de manière équitable ses biens à ses fils. En ce sens, l'aîné connu sous le nom de « Abrahim », a reçu une plus grande portion des richesses. Cependant, vu sa couleur de peau et son éducation, cela a suscité une folle jalousie de la part de ses frères qui voulurent à tout prix l'exterminer. 
 
À ces quelques jours qui lui restèrent, le roi n'a pas eu le temps pour défaire cette rivalite indéniable. En revanche, il ordonna à Abrahim de laisser le village et lui donna un collier. Sans tarder, Abrahim fit ses bagages et prit avec lui ses enfants et sa femme. Le Roi, fondu en larmes, lui serra dans ses bras.Dans un profond chagrin, le Roi tomba sous une crise cardiaque et ne s'est revenu plus jamais. Abrahim a donc enterré son père et inscrivit sur une palette en bois « le royaume anéanti » au regret de la façon dont le roi s'est misérablement enterré au regard de la trahison de ses frères. Abrahim et sa famille y restèrent trois jours pour pleurer la mort du Roi et ont enfin pris un chemin qui les mena droit dans un foret. Quelques mois plus tard, les frères ont découvert les traces d'Abrahim et l'ont enfin retrouvé au fond d'une grotte. Alors, dit l'un « tirez sur l'imbécile !». Crac ! Crac ! fit le craquement d'une main sur la détente d'un revolver. Attention ! dit un autre qui venait de loin sur son cheval intentant de grand manœuvre pour lui sauver la vie. Par conséquent, ses propres frères l'ont enchainé et ont emporté avec eux tous les biens que le roi a donné à Abrahim . Le seul bien qui lui restait à peine, fut le petit collier qu'il serra contre son ventre.
 
À bord d'un petit bateau dénommé « Les misérables », Abrahim se fit transporter jusqu'à l'ile « Tabazou » et fut enfin conduit vers une petite colline. De l'autre côté du village, ses enfants et sa femme se sont réduits en esclavage. Dans un petit cachot, privé de ses enfants et de sa femme, Abrahim mourut quelques mois plus tard de faim et de privation. Pour garder la femme et les enfants d'Abrahim en esclavage, ils les ont présenté un soi-disant contrat connu sous le nom d'« ÉDIT DU ROY ». Ce contrat fallacieux ne fut rédigé contenait des codes de conduite qui visaient de conserver les descendants d'Abrahim dans l'ignorance et la misere. Outre les travaux forcés et la rigueur de la faim, la femme et les filles d'Abrahim se sont violées en plein jour par les ravisseurs sous le regard impuissant de leurs frères. Tombées enceintes, ces mères prématurées mirent au monde des petits enfants dans de pénibles conditions. Pour les ravisseurs, c'était une manière de les indigner et de transcender l'esclavage. Quant aux victimes, ce fut une condition déplorable et vexatoire. 
 
Indigné, un arrière-petit-fils d'Abrahim prénommé « Abraltar » se risqua de se diriger vers le château de son arrière grand- père. À son grand étonnement, il voyait les ravisseurs se discuter. Il s'approcha tout doucement vers l'autel de peur de tomber sous le supplice de rudes châtiments.  Sans tarder, il vida les lieux espérant développer un nouveau plan. Le lendemain, au milieu de la nuit, à une heure sombre que tout le monde semblait endormi, il alluma une chandelle et se dirigea vers l'autel. Arrivé là, il se précipita vers la fosse secrète où les ravisseurs conservèrent le grand livre. Il prit le livre, l'ouvra et y trouva un chapelet et une baguette magique.N'étant pas habitué avec ces choses-là, il les a mis dans sa poche. Tout à coup, il ressentit une petite chaleur remontant dans ses jambes. Soudainement, un fort alizé éteignit la chandelle et, en un instant, il s'est vu emporté par devant un sorcier dans un monde étrange. Cra ! Cra ! Cra ! souriait le sorcier. Fallacieux sorcier ! que voulez-vous de moi ?  Jusqu'à quand tvous continuerez a egorger mes freres?,s'ecria Albratar.  Calme-toi un peu mon fils, répondit le sorcier qui continua pour lui dire qu'il ya quelque chose de plus malin que le diable et c'est afirma-t-il : « l'absence de la conscience dans le cœur des humains ». Et c'est ça, a-t-il dit, le vrai diable !
 
Le petit bonhomme se vit rempli de faiblesse face à cette leçon de sagesse qu'il n'a jamais apprise de pareille. Il s'empressa de s'excuser et profita de demander de l'aide. Cependant, le sorcier refusa tristement et lui a dit que seul l'homme est appelé à changer les défis de son existence. Aucune autre créature, d'en haut ou d'en bas ne s'en mêle. Alors, s'interrogea le petit bonhomme, « donc sommes-nous destinés à rester dans cette situation juste a cause de notre couleur de peau et de notre culture ? »  Pas du tout, répondit le sorcier, « vous avez été tous nés d'un même roi, vous êtes tous des petits princes héritiers de ce grand royaume. La couleur de peau et la culture ne sont que des prétextes pour semer l'horreur et la cruauté ». Détourné de son ignorance il hésita de demander au sorcier par quel moyen il pourrait s'en sortir. Le sorcier sourit et répondit que s'il réussit d'abord par convaincre ses frères victimes de prendre conscience sans se venger, et ensuite, s'il parvient à rappeler aux ravisseurs qu'ils sont tous nés d'un seul roi avec des droits communs de vivre dans un climat au douceur fraternel, ils vivront donc paisiblement. Brusquement, le sorcier s'est disparu sous ses yeux. D'un coup l'alizé souleva et le petit villageois s'est vu transporter dans le village. Tombé face au sol, il perdit conscience. Au petit matin, ses frères le virent au sol mais croyant qu'il était mort, ils cherchèrent à se disperser. Au son des piétinements, il reprit conscience et a dû se relever tout seul. Il est donc enfin allé chez lui en culbute et se fait remarquer par les chefs qui l'ont traité de bourreau.
 
Neanmois, il a conservé en son coeur le desir de vivre paisiblment. D'un temps à l'autre, il a essayé de retrouver les gens en les invitant a prendre conscience. Tentative qui n'a apporté de résultats concrets.  Certains ont dit qu'il était peut-être allé dans un cimetière et des démons ont hanté son esprit. D'autres rirent de lui disant qu'il devenait fou. Se rappelant des paroles du sorcier qui ont laissé entrevoir une grande difficulté à conscientiser ses propres frères voire ses ravisseurs, il envisagea de se suicider. Décidément, il a pris une corde et s'est pendu lui-même. Pour certains, ce fut un sacrifice. Pour d'autres ce fut une forme de lâcheté. Mais, sans doute, il gardera lui-même en mémoire le triste sort des hommes ; d'une part l'ignorance de ses frères qui se contentèrent de vivre dans l'inconfort et, d'autre part la cruauté qui habitait le cœur des ravisseurs jusque-là plongé dans l'abime de l'inconscient et de la perdition.
 
Cette situation indesirable a suscité de l'inquietude et n'a cessé de se reproduire. Chaque jour, au fond du village, certains se demandèrent à qui la faute. D'autres condamnent Abrahim pour sa couleur et sa culture. Plus d'un affirme que ces gens malheureux victimes de ces dérives furent des descendants du diable. Une très faible portion voit derrière cette situation accablante, la face cachée de la malice, de la haine et du racisme qui transcendent de génération en génération. Quelques-uns se résignèrent attendant à ce que cela soit changée mais, ça a duré, déjà, une éternité !
 
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