Il était une fois, un prince. Il rêvait voyage et liberté. Son père, roi de la ville des plaines, ne comprenait pas sa manière de voir les choses ; pour lui, seule la gloire et la richesse existaient.
Mais revenons à notre prince : le jour de son 14ème anniversaire, il s'offrit un billet d'avion pour un petit pays composé d'un seul village au beau milieu de la jungle. Le billet aller-retour lui coûta ; il n'avait plus un petit centime. En même temps, c'est son père qui possédait toutes les richesses du château...
Il arriva après 7 heures et demie de vol et se fit accueillir à bras ouverts par un vieillard ;
« Bien le bonjour, mon garçon ! Que viens-tu faire ici, si tôt dans la journée ? Viens donc prendre un de mes cookies, ils sont encore bien chauds, et dis-moi ce qui t'amène dans ce petit village ! »
Le prince, surprit de cette rencontre, ne fut pas mécontent de tomber sur une personne si généreuse et accepta l'invitation. Il lui raconta qu'il venait de France et le vieil homme fut surpris ;
« Eh bien ! Vous devez être sacrement riche pour vous payer ce voyage !! Vous économisez depuis longtemps ?
- Oh, ça... répondit le prince. Et bien figurez-vous que je suis de la royauté ! Je suis ici en voyage. Pourriez-vous d'ailleurs me parler de ce village ? »
Il acquiesça avec plaisir et lui raconta l'histoire du petit bourg ; religions, commerce, révoltes
et pour finir : les habitants. « Méfie-toi d'eux ! Ce sont de terribles brigands sans pitié ! Tous ! » lui dit-il avant que le jeune héritier ne parte à la découverte du village...
Il passa dans un chemin assez étroit au beau milieu de la forêt et déboucha sur une petite allée de maisonnettes aux nombreux jardins fleuris. Une fillette s'approcha et lui demanda une pièce
pour acheter des médicaments à son grand-père, qui était gravement malade. Ayant pitié d'elle, le prince lui donna un billet de 10 et elle fila en le remerciant rapidement.
Content de sa bonne action, il ne fit guère attention au fait que la petite fille courait vers un marchand de glaces...et dépensa l'argent.
Puis, peu après, une femme lui demanda ses chaussures, car son mari n'en avait soi-disant
pas. Ensuite, un groupe de jeunes garçons lui demandèrent de lui donner quelques pièces pour se racheter un ballon de foot car le leur était percé. Et cette fois-ci, pour vérifier qu'ils ne lui mentait pas, il leur demanda s'il pouvait les suivre. Les enfants acceptèrent et, furent bien obligés d'acheter un ballon plutôt que des friandises.
Sur le chemin, deux des garçons parlait d'une légende concernant la forêt. Car, à ce qu'il paraît, un voir plusieurs monstres y habitent...
Bref : une légende. Enfin, c'est ce que le prince pensait... Il continua la visite du village et on continua aussi de lui demander ses richesses et ses autres possessions. Trop naïf, il ne savait pas qu'on lui mentait.
En ayant pitié de tous ces soi-disant pauvres gens qui profitaient de sa générosité,
il se retrouva sans rien. Même plus une pauvre pièce, un petit gilet. Rien. Il n'osa rien demander aux villageois.
« Ils vivent déjà dans la misère, les pauvres. J'espère d'ailleurs qu'ils se souviendront de moi. Après tout, mon but est de laisser ma trace dans ce monde, ou au moins dans un village » pensait-il.
Se souvenant d'ailleurs de l'histoire des monstres, il décida de leur demander de l'aide. Après tout, qui a dit qu'ils étaient si méchants ? Il n'allait pas tarder à le savoir... Le prince enjamba les fougères et s'enfonça dans la brume de la forêt. Il n'avait pas peur. Pas lui. Jamais. Après tout, il était l'héritier du trône des plaines ! Mais soudain, que vit-il ? Eh non, raté, pas un écureuil, mais bien un monstre !!! Non, il n'avait PAS peur. Pas possible. Quoique...
La créature était mauve, jaune au niveau des pieds, du cou et du côté gauche du ventre. D'ailleurs, il était très mince, et semblait mal en point car il lui manquait un bras....Le monstre gémit en s'effondrant ;
« A l'aide, donne-moi un de tes bras, toi qui est en si bonne santé ! Par pitié !
- D'accord, répliqua le prince, mais tu ne me tueras pas après ! »
Le monstre acquiesça et le prince sacrifia un bras avant de fuir. Étrangement, il ne soufrait pas.
Plus loin, un autre monstre prit ses jambes. Et ainsi de suite. Le nez, l'autre bras, les pieds... Puis, il n'avait plus rien à part sa tête. Et le dernier monstre prit ses yeux. Mais, ayant pitié de ce pauvre prince, il lui dit : « Tu es trop généreux avec ton entourage. Donner une petite pièce passe encore, mais ta vie... Je vais te laisser un cadeau. »
Le monstre déposa de petites fleurs rouges et blanches et le prince, même sans savoir quel
était le cadeau, pleura, car c'était le tout premier cadeau qu'on lui offrait. Il s'endormit, pensant que sa fin était proche...
Et surprise, où se réveilla t-il ? Dans son lit, au palais des plaines, et il avait tous ses membres !
En se levant, il crut que ce n'était qu'un mauvais rêve mais, sur son lit, il trouva un bouquet de roses rouges et blanches, et se demanda d'où pouvaient-elles bien venir...