Toute histoire commence un jour, quelque part. Toute histoire a son point de départ, sa première page. Toute histoire est vraie s’il n’y a personne pour la contredire, car, chaque histoire a sa beauté et son essence. Chaque histoire est une histoire, et aucune histoire ne s’invente seule.
Voila longtemps déjà que celle-ci se heurte dans mes méninges, cherchant une porte de sortie. Et pendant longtemps je l’ai façonnée, sculptée, jusqu'à la donner vie...
Je n’ai jamais voulu prendre ces responsabilités qui sont pour moi, un poids insoutenable. Mais surtout je n’ai jamais voulu être adoré et craint. Pourtant j’étais à un tournant de ma vie ou la solitude me rongeait de l’intérieur, livré à moi-même dans un univers trop grand pour moi. J’étais jeune il est vrai, mais je me sentais pitoyablement vieux, accablé par cette solitude permanente.
Et c’est ainsi qu’un jour, en m’allant promener je trébuchai sur un caillou. Il avait beau être minuscule à mes yeux, il n’en était pas moins robuste et consistant. Je le pris et à mon grand étonnement, je découvris qu’il était constitué d’une multitude de couleurs qui se mélangeaient les unes aux autres. Sa surface n’était pas totalement dure et compacte comme je l’avais cru au départ, elle était même un peu trop douce à certains endroits. Je ne reconnaissais pas cette sensation liquide, solide qui effleurait ma peau. La pierre était froide et semblait se mouvoir d’elle-même. Ce cailloux était étrange mais tellement beau; comment était ce possible ? Je le pris avec moi et rebroussai chemin, voulant l’examiner de plus près.
En effet, c’était un spécimen absolument fabuleux. Un de ceux qu’on ne voyait pas souvent. De toutes ma collection de pierres celle la allait être bien évidemment la pièce maitresse, tant elle était fascinante. Toutefois, sa froideur me dérangeait quelque peu. Comment un tel trésor pouvait il être aussi hostile au toucher? Et c’est alors que l’idée me vint. L’idée d’écrire ma propre histoire ; celle que personne ne pourrait contredire ni nier.
Il fallait que je la polisse, que je lui donne un aspect beaucoup moins sauvage, et de ce fait je me suis permis de la modifier. Me servant d’un plus gros caillou qui n’était décidemment qu’une boule de feu, tant il était brulant, j’administrai à ma nouvelle acquisition un peu de chaleur. J’ai dû me résoudre à la fendre en deux afin d’y placer en son sein, un morceau de la pierre brulante pour qu’il y demeure éternellement. Tout commençait alors à se mettre en place ; les couleurs jadis sombres, étaient devenues beaucoup plus nuancées et vivantes. Je n’ai eu qu’à laisser courir mon imagination. A ces endroits qui demeuraient humide et liquide, j’y plaçai toutes les nuances de bleu, et recouvris les parties compacts tantôt en marron tantôt en vert. Il était beau, frais, neuf. Et le transformer ne m’a pas pris sept, mais trois cent soixante cinq jours. J’étais fier, car pour moi il ne s’agissait pas d’un vulgaire caillou. Cette pierre faisait partie de moi, il symbolisait la vie. A mon trois cent soixante cinquième jour, après avoir ajouté les dernières touches, je m’obstinai à faire sécher la peinture avec mon propre souffle tant j’étais presser de l’ajouter à la troisième place de ma collection. Pas très futé.
Je ne compris pas tout de suite le phénomène qui se produisit, jamais je n’avais encore vu cela. Je n’étais plus seul et j’allais devoir assumer jusqu’au bout. J’aurais voulu me défaire de ce que j’avais engendré mais le mal avait déjà été fait. Les quatre éléments réunis ; le monde avait prit vie.
Toute histoire est vraie et chaque histoire commence quelque part ; celle ci à débuter sur un vulgaire sentier de promeneur. Chaque histoire a sa beauté et son essence et celle ci est née d’un désir fou de fuir une solitude insoutenable.