En un doux soir d'été, trois garnements s'en furent explorer les entrailles d'une obscure forêt . Sous un sage chêne à l'allure délabrée, père des loups et des esseulés, ils se jurèrent amitié, fidélité, éternité. Le soleil s'étant couché, la Lune le remplaçait à la barre des jurés. Pour noter et menotter ces trois culottés, qui s'étaient promis leurs destinés, sans indemnité.
‘'Ne devrions-nous pas tout chambouler, suggéra le premier. Brutaliser nos différences ? Caraméliser la bienséance ? Prôner l'exubérance et l'indépendance ? Goûter à l'intempérance ? Mélangeons nos sangs, pour qu'en conséquent, même le Dieu des mendiants ne puisse nous dissocier, nous démêler, nous classifier dans quelques dossiers bien limités. Faisons-le, ici et maintenant.''
Grisés par ces paroles insensées, le second prit une feuille de papier et une épingle de couturier. D'un geste adroit et franc, il l'expédia sans procès dans la chair de son annulaire, et apposa sa signature d'un rouge sans pitié aux côtés du néant d'un blanc nacré.
A son tour, le dernier, bien que répudié par cette idée, décida de l'imiter. Et bientôt, deux petites tâches aux contours peu raffinés, se faisaient face et se narguaient :
‘'Gage d'éternité'', semblaient-elles susurrer. ‘'Les paroles s'envolent mais les contrats d'amour, d'audace et de franchise jamais ne se ravisent !''.
Et vint le tour du premier. Celui à l'origine, à la voix divine, celui qui légitime et imagine. Quand vint son temps, quand vint son heure, le beau parleur quitta sa parure pour des guenilles. A l'image d'une chenille qui se résigne, il se cousit un cocon en résine. Les papillons, affolés, ballotés par les marées et depuis lors noyés, s'enquirent de sa posture d'imposteur :
‘‘Malheur à toi ! Malheur à nous ! Que fais-tu donc de tes dires, qui nous prirent à la gorge, et qui maintenant nous égorgent ? Qui se mirent à nous construire un avenir, à briser l'horloge, mais qui maintenant saccagent nos rêves et nous les enlèvent, pour que jamais plus la lumière ne se lève !''
Et dans un râle mauvais que l'accusé crut bon de prononcer, il osa de rétorquer : ‘'Qui de nous est le plus coupable ? Le pinceau qui chanta le temps charmant ? Ou bien le sot qui crut possible qu'un stylo dise mot ? Pauvres idiots, la berceuse est faite pour les enfants, et la raison vient en mangeant. De vous je me fis un fier festin, la Lune m'en est témoin.''
N'en succombèrent-ils pas de rage ? Le sage chêne seul se vante de le savoir. Le père les engloutit, les recracha dans leur Paris, Maître illusoire à la cruelle manie de transformer les espoirs en de la putride bouillie.
Triste histoire, triste réalité. Les oiseaux s'envolent, mais ne sont pas les seuls. Les paroles se perdent au détour d'un chemin, et ne se retrouvent jamais. Voici un mot qui ment : l'engagement.
‘'Ne devrions-nous pas tout chambouler, suggéra le premier. Brutaliser nos différences ? Caraméliser la bienséance ? Prôner l'exubérance et l'indépendance ? Goûter à l'intempérance ? Mélangeons nos sangs, pour qu'en conséquent, même le Dieu des mendiants ne puisse nous dissocier, nous démêler, nous classifier dans quelques dossiers bien limités. Faisons-le, ici et maintenant.''
Grisés par ces paroles insensées, le second prit une feuille de papier et une épingle de couturier. D'un geste adroit et franc, il l'expédia sans procès dans la chair de son annulaire, et apposa sa signature d'un rouge sans pitié aux côtés du néant d'un blanc nacré.
A son tour, le dernier, bien que répudié par cette idée, décida de l'imiter. Et bientôt, deux petites tâches aux contours peu raffinés, se faisaient face et se narguaient :
‘'Gage d'éternité'', semblaient-elles susurrer. ‘'Les paroles s'envolent mais les contrats d'amour, d'audace et de franchise jamais ne se ravisent !''.
Et vint le tour du premier. Celui à l'origine, à la voix divine, celui qui légitime et imagine. Quand vint son temps, quand vint son heure, le beau parleur quitta sa parure pour des guenilles. A l'image d'une chenille qui se résigne, il se cousit un cocon en résine. Les papillons, affolés, ballotés par les marées et depuis lors noyés, s'enquirent de sa posture d'imposteur :
‘‘Malheur à toi ! Malheur à nous ! Que fais-tu donc de tes dires, qui nous prirent à la gorge, et qui maintenant nous égorgent ? Qui se mirent à nous construire un avenir, à briser l'horloge, mais qui maintenant saccagent nos rêves et nous les enlèvent, pour que jamais plus la lumière ne se lève !''
Et dans un râle mauvais que l'accusé crut bon de prononcer, il osa de rétorquer : ‘'Qui de nous est le plus coupable ? Le pinceau qui chanta le temps charmant ? Ou bien le sot qui crut possible qu'un stylo dise mot ? Pauvres idiots, la berceuse est faite pour les enfants, et la raison vient en mangeant. De vous je me fis un fier festin, la Lune m'en est témoin.''
N'en succombèrent-ils pas de rage ? Le sage chêne seul se vante de le savoir. Le père les engloutit, les recracha dans leur Paris, Maître illusoire à la cruelle manie de transformer les espoirs en de la putride bouillie.
Triste histoire, triste réalité. Les oiseaux s'envolent, mais ne sont pas les seuls. Les paroles se perdent au détour d'un chemin, et ne se retrouvent jamais. Voici un mot qui ment : l'engagement.