« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux »
La phrase béguetée plaintivement par Henri. Ce jour-là, sa belle-mère l’avait encore battu. Cependant, Henri avait l’intention de faire la vaisselle.
Seulement il avait préféré étudier en premier. Jeannette avait bondi sur lui comme s’il eut commis un crime. Elle avait saisi le jeune-homme par le bras, l’avait durement battu. Henri avait hurlé sous la douleur et s’était mis à se débattre de toutes ses forces pour se détacher de ce nœud douloureux qu’il ressentait au niveau du bras. Malgré ces efforts évanescents, il ne pouvait se défaire de ce lien. Le petit enfant s’était mis à trembler de tout son corps, tellement la douleur était intense et enivrante. Au bout de plusieurs tentatives de fuite, sans succès, il n’avait plus assez de force pour se débattre, et d’une voix sèche et chuchotant, il avait pu dire phrase à sa maitresse : « J’y vais tout de suite, s’il vous plait ne me frappez plus. »
La colère de sa maitresse monta d’un niveau.
- Donc...Ainsi, tu pouvais le faire depuis ? Pourquoi attends-tu donc que je le remarque ? Pourquoi veux-tu me faire parler autant ? Pourquoi ?
La belle-mère avait maintenant l’oreille du jeune-homme entre les ongles. L’enfant bien qu’accoutumé à ce genre de peine, ne put résister à ce châtiment agonisant, il ne put s’empêcher de pousser un léger gémissement.
- Tu le feras tout de suite ? Vas le faire maintenant ingrat.
L’oreille de l’enfant saignait, et il frémissait sous la douleur.
- Vas-y rapidement ...Et ne t’avise plus de manquer à tes obligations.
L’enfant chevrota :
- J’ai compris...S’il vous plait...Pardon...Je vais le faire.
Sur ces mots sa belle-mère le libéra. Comme un dromadaire à la course légère, il se dirigea sans dire un mot vers la cuisine. Son cœur battait fortement, ses paupières se dilataient, son corps tout trempé de sueur était à moitié fièvre. Cette souffrance était atroce, elle était toujours présente, elle était multiforme. Cette souffrance était verbale, elle était physique. Et Henri était en colère parce qu’il était impuissant face à elle, il était faible.
Pour ce jeune-homme le pire n’était pas la méchanceté de cette dame, mais la passiveté du monde autour de lui. Comment le monde ne voyait-il pas cette souffrance ? Pourquoi le monde l’avait-il abandonné à son sort ?
L’enfant réussi à dompter sa colère. Il fit sans murmure et calmement la vaisselle, comme s’il n’eut été battu au préalable.
La belle-mère était une femme charmante. Elle sortait rarement, elle passait ses journées à visionner. Elle consacrait le reste de son temps au jeu. Elle recevait périodiquement des visites, c’est à ces moments qu’on pouvait lui attribuer une marque de tendresse exceptionnelle, une tendresse inconditionnelle. Toujours aimable, toujours souriante, elle s’occupait de moindres détails pour mettre ses hôtes à leur aise. Le petit Henri observait avec stupéfaction l’hypocrisie de cette dame, elle était comme le caméléon se transformant aux couleurs des circonstances. Elle était gentille un instant et méchante l’instant d’après.
Le garçonnet avait fini la vaisselle, il s’installa dans un coin du salon, pensif, dévisageant cette mégère.
- Pourquoi me dévisages-tu ? As-tu fini les travaux que je venais de te donner ?
- Oui, je viens juste de finir.
- Pourquoi veux-tu me pousser à bout ? Toi-même tu sais l’amour dont j’ai pour toi.
De quel amour parlait cette femme ? Henri ne revenait pas de ce qu’il venait d’entendre. Jeannette continua :
- On dit que : qui aime bien châtie bien.
L’enfant souffla :
- Je m’excuse.
Il aurait voulu répondre violemment, mais, il ne pouvait pas se le permettre. Il savait que, s’il élevait d’un ton, il subirait un châtiment bien plus douloureux que ce qu’il venait de recevoir.
Henri n’avait pas encore diné, il ne pouvait plus supporter le ventre affamé.
- S’il vous plait, est-ce que c’est possible que j’aille jeter un coup d’œil à la cuisine ?
Aucune réponse ne fut donnée au jeune-homme. Jeannette était concentré sur une série qui passait au téléviseur, le garçonnet eut peur de la réaction de cette dame, il eut peur de la perturber dans sa concentration. Mais, la faim le talonnait, elle le percutait. D’une voix douce et mesurée, il murmura comme s’il épiloguait :
-La faim me taraude, elle est tenace et je suis impuissant face à elle, je pourrais au moins après avoir souffert le martyr, mangé quelque chose.
La belle-mère n’avait pas entendu ce qu’il disait, mais elle avait constaté un murmure.
- Vas te servir.
A ces mots, l’enfant alla se servir. Après avoir achevé sa besogne, il fit de suite la vaisselle. Puis retourna dans sa chambre se reposer.
Pas une semaine ne passait sans qu’il ne fut brutalisé par cette méchante femme, il était au bord de l’explosion. Il ne savait à quel saint se vouer. Il n’avait jusque-là opposé aucune résistance, allait-il continuer ainsi ? Il espérait que Jeannette constate sa souffrance et ne lui impute plus de violence physique. Mais de jour en jour cette marmotte devenait de plus en plus violente, de plus en plus tenace. Il fut un jour, où elle le lia pour le battre, et laissa sur le corps de l’enfant des marques de son animosité.
Entre les murs sordides de sa chambre, la lumière éteinte, il était étendu sur le lit, le visage couvert. Henri pleurait, il chevrotait : « suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermé? ». Le jeune homme était impuissant face aux difficultés auxquelles il était confronté. Il vivait dans une souffrance permanente. En revoyant le film de ses souffrances, la noirceur de sa vie, et face à son impuissance, l’enfant de 11 ans chuchota : « peut-être les deux ». L’enfant était en permanence noyé dans les soucis. Il pensait à son avenir incertain et ne savait que faire.
Henri aurait aimé avoir des pouvoirs étranges qui lui permettraient de transformer cette ânesse sauvage en une canne domestique et protectrice. Il aurait voulu à la manière d’un sorcier doté de pouvoir mystique, transformer cette lionne affamée en une gentille truie à l’aide d’incantations mystérieuses. Le garçonnet se sentait incapable de mener toute action, il pensait en lui-même : « et si je résiste ». Il écarta rapidement cette option. Il savait que s’il essayait, il en souffrirait davantage. Puis subitement, il se souvint d’une de ses conversations avec son camarade Paul la semaine d’avant :
-Pourquoi es-tu toujours aussi triste ? Henri.
-Simplement parce que la sale garce ne me laisse pas tranquille...La salope m’impose un rythme de vie vraiment pathétique.
- Hum...Henri, tu traites ta tutrice de salope ?
- C’est une salope, et tous ces parents qui pensent qu’on éduque avec la violence sont tous autant qu’ils sont des cons...Des vrais cons.
-Et toi Henri ? Qu’est ce qui te donne le droit de traiter les parents de cons ? C’est une injure, tu le sais-ça ?
- Non, tu te trompes, ce n’ai aucunement une injure. C’est un qualificatif qui exprime une qualité, et dans ce cas, c’est une mauvaise qualité. Des parents qui battent leur enfant à longueur de journée en prétendant les aimer sont des hypocrites.
- Nous sommes humains Henri, chacun a ses défauts.
- Je t’arrête-là mon ami. Donc, tu es en train de m’expliquer que les défauts de cette dames c’est de me battre comme un tambourin à longueur de journée.
- Non ce n’est pas ce que je dis.
- Ma tutrice est une mauvaise personne, c’est pourtant pas difficile à comprendre.
- T’es pas croyable toi. Dans tous les cas j’ai parlé de cette situation avec mon oncle qui travail aux affaires sociales, il ne voit aucun inconvénient à te rencontrer.
- Non pas pour l’instant. Je vais y réfléchir, et peut-être que le bon Dieu fera que cette hypocondriaque change de statut.
Après avoir revu le film de cette conversation le jeune Henri, couché sur son lit décida d’aller rencontrer monsieur George, l’oncle de Paul le surlendemain, parce qu’on était samedi.
La phrase béguetée plaintivement par Henri. Ce jour-là, sa belle-mère l’avait encore battu. Cependant, Henri avait l’intention de faire la vaisselle.
Seulement il avait préféré étudier en premier. Jeannette avait bondi sur lui comme s’il eut commis un crime. Elle avait saisi le jeune-homme par le bras, l’avait durement battu. Henri avait hurlé sous la douleur et s’était mis à se débattre de toutes ses forces pour se détacher de ce nœud douloureux qu’il ressentait au niveau du bras. Malgré ces efforts évanescents, il ne pouvait se défaire de ce lien. Le petit enfant s’était mis à trembler de tout son corps, tellement la douleur était intense et enivrante. Au bout de plusieurs tentatives de fuite, sans succès, il n’avait plus assez de force pour se débattre, et d’une voix sèche et chuchotant, il avait pu dire phrase à sa maitresse : « J’y vais tout de suite, s’il vous plait ne me frappez plus. »
La colère de sa maitresse monta d’un niveau.
- Donc...Ainsi, tu pouvais le faire depuis ? Pourquoi attends-tu donc que je le remarque ? Pourquoi veux-tu me faire parler autant ? Pourquoi ?
La belle-mère avait maintenant l’oreille du jeune-homme entre les ongles. L’enfant bien qu’accoutumé à ce genre de peine, ne put résister à ce châtiment agonisant, il ne put s’empêcher de pousser un léger gémissement.
- Tu le feras tout de suite ? Vas le faire maintenant ingrat.
L’oreille de l’enfant saignait, et il frémissait sous la douleur.
- Vas-y rapidement ...Et ne t’avise plus de manquer à tes obligations.
L’enfant chevrota :
- J’ai compris...S’il vous plait...Pardon...Je vais le faire.
Sur ces mots sa belle-mère le libéra. Comme un dromadaire à la course légère, il se dirigea sans dire un mot vers la cuisine. Son cœur battait fortement, ses paupières se dilataient, son corps tout trempé de sueur était à moitié fièvre. Cette souffrance était atroce, elle était toujours présente, elle était multiforme. Cette souffrance était verbale, elle était physique. Et Henri était en colère parce qu’il était impuissant face à elle, il était faible.
Pour ce jeune-homme le pire n’était pas la méchanceté de cette dame, mais la passiveté du monde autour de lui. Comment le monde ne voyait-il pas cette souffrance ? Pourquoi le monde l’avait-il abandonné à son sort ?
L’enfant réussi à dompter sa colère. Il fit sans murmure et calmement la vaisselle, comme s’il n’eut été battu au préalable.
La belle-mère était une femme charmante. Elle sortait rarement, elle passait ses journées à visionner. Elle consacrait le reste de son temps au jeu. Elle recevait périodiquement des visites, c’est à ces moments qu’on pouvait lui attribuer une marque de tendresse exceptionnelle, une tendresse inconditionnelle. Toujours aimable, toujours souriante, elle s’occupait de moindres détails pour mettre ses hôtes à leur aise. Le petit Henri observait avec stupéfaction l’hypocrisie de cette dame, elle était comme le caméléon se transformant aux couleurs des circonstances. Elle était gentille un instant et méchante l’instant d’après.
Le garçonnet avait fini la vaisselle, il s’installa dans un coin du salon, pensif, dévisageant cette mégère.
- Pourquoi me dévisages-tu ? As-tu fini les travaux que je venais de te donner ?
- Oui, je viens juste de finir.
- Pourquoi veux-tu me pousser à bout ? Toi-même tu sais l’amour dont j’ai pour toi.
De quel amour parlait cette femme ? Henri ne revenait pas de ce qu’il venait d’entendre. Jeannette continua :
- On dit que : qui aime bien châtie bien.
L’enfant souffla :
- Je m’excuse.
Il aurait voulu répondre violemment, mais, il ne pouvait pas se le permettre. Il savait que, s’il élevait d’un ton, il subirait un châtiment bien plus douloureux que ce qu’il venait de recevoir.
Henri n’avait pas encore diné, il ne pouvait plus supporter le ventre affamé.
- S’il vous plait, est-ce que c’est possible que j’aille jeter un coup d’œil à la cuisine ?
Aucune réponse ne fut donnée au jeune-homme. Jeannette était concentré sur une série qui passait au téléviseur, le garçonnet eut peur de la réaction de cette dame, il eut peur de la perturber dans sa concentration. Mais, la faim le talonnait, elle le percutait. D’une voix douce et mesurée, il murmura comme s’il épiloguait :
-La faim me taraude, elle est tenace et je suis impuissant face à elle, je pourrais au moins après avoir souffert le martyr, mangé quelque chose.
La belle-mère n’avait pas entendu ce qu’il disait, mais elle avait constaté un murmure.
- Vas te servir.
A ces mots, l’enfant alla se servir. Après avoir achevé sa besogne, il fit de suite la vaisselle. Puis retourna dans sa chambre se reposer.
Pas une semaine ne passait sans qu’il ne fut brutalisé par cette méchante femme, il était au bord de l’explosion. Il ne savait à quel saint se vouer. Il n’avait jusque-là opposé aucune résistance, allait-il continuer ainsi ? Il espérait que Jeannette constate sa souffrance et ne lui impute plus de violence physique. Mais de jour en jour cette marmotte devenait de plus en plus violente, de plus en plus tenace. Il fut un jour, où elle le lia pour le battre, et laissa sur le corps de l’enfant des marques de son animosité.
Entre les murs sordides de sa chambre, la lumière éteinte, il était étendu sur le lit, le visage couvert. Henri pleurait, il chevrotait : « suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermé? ». Le jeune homme était impuissant face aux difficultés auxquelles il était confronté. Il vivait dans une souffrance permanente. En revoyant le film de ses souffrances, la noirceur de sa vie, et face à son impuissance, l’enfant de 11 ans chuchota : « peut-être les deux ». L’enfant était en permanence noyé dans les soucis. Il pensait à son avenir incertain et ne savait que faire.
Henri aurait aimé avoir des pouvoirs étranges qui lui permettraient de transformer cette ânesse sauvage en une canne domestique et protectrice. Il aurait voulu à la manière d’un sorcier doté de pouvoir mystique, transformer cette lionne affamée en une gentille truie à l’aide d’incantations mystérieuses. Le garçonnet se sentait incapable de mener toute action, il pensait en lui-même : « et si je résiste ». Il écarta rapidement cette option. Il savait que s’il essayait, il en souffrirait davantage. Puis subitement, il se souvint d’une de ses conversations avec son camarade Paul la semaine d’avant :
-Pourquoi es-tu toujours aussi triste ? Henri.
-Simplement parce que la sale garce ne me laisse pas tranquille...La salope m’impose un rythme de vie vraiment pathétique.
- Hum...Henri, tu traites ta tutrice de salope ?
- C’est une salope, et tous ces parents qui pensent qu’on éduque avec la violence sont tous autant qu’ils sont des cons...Des vrais cons.
-Et toi Henri ? Qu’est ce qui te donne le droit de traiter les parents de cons ? C’est une injure, tu le sais-ça ?
- Non, tu te trompes, ce n’ai aucunement une injure. C’est un qualificatif qui exprime une qualité, et dans ce cas, c’est une mauvaise qualité. Des parents qui battent leur enfant à longueur de journée en prétendant les aimer sont des hypocrites.
- Nous sommes humains Henri, chacun a ses défauts.
- Je t’arrête-là mon ami. Donc, tu es en train de m’expliquer que les défauts de cette dames c’est de me battre comme un tambourin à longueur de journée.
- Non ce n’est pas ce que je dis.
- Ma tutrice est une mauvaise personne, c’est pourtant pas difficile à comprendre.
- T’es pas croyable toi. Dans tous les cas j’ai parlé de cette situation avec mon oncle qui travail aux affaires sociales, il ne voit aucun inconvénient à te rencontrer.
- Non pas pour l’instant. Je vais y réfléchir, et peut-être que le bon Dieu fera que cette hypocondriaque change de statut.
Après avoir revu le film de cette conversation le jeune Henri, couché sur son lit décida d’aller rencontrer monsieur George, l’oncle de Paul le surlendemain, parce qu’on était samedi.