Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Le pénalty de la délivrance. 
La rédemption footballistique tant attendue à son heure; le moment de savourer son premier sacre continental. L'espoir de tout un peuple est sur le pied d'un seul homme, sa vedette, le recordman en buts. Il ne tient qu'à lui pour briser le cycle d'échecs et de déceptions, de se réinventer du fond au comble. 

Un pari à la fois difficile et facile. Facile car le chemin est connu, battre le portier adverse pour triompher. Difficile car s'il manque le cadre, les cartes seront rejouées. 
Après tant de débâcles avec des générations dorées mais poissées aux crampons, le roi lion est à deux pas de régner sur le trône de l'Afrique. Cette minute complexe restera à jamais un souvenir inoubliable pour des générations de gamins.

 

La concentration est au summum. Dans les rues, les salons, partout, le calme est plat. Tout le monde retient son souffle. 
Conscient de ce fardeau qui pèse bien lourd sur ses frêles épaules, le dossard dix, seul au gouvernail, porte également une ambition personnelle, qui est de tout dévorer et ne rien laisser. Quelle audace!

La confiance en soi, selon Napoléon Hill, est à la fois l'arme créée de ses mains (l'homme) pour vaincre le démon et l'instrument qui compose les symphonies d'une vie triomphante. Ce qui a été compris par cette star planétaire avec sa géniale assurance. 

Il avance lentement du rond point central mais sereinement sous les paroles encourageantes et célèbres du commentateur Lilian Gatounes: " Le jeu est simple. S'il marque, le Sénégal est champion d'Afrique. Il prie sans doute comme tous les sénégalais qui regardent ce ballon au pied de Sadio Mané, malheureux tout à l'heure dans l' exercice face à Gabasky".

Tête orientée vers le haut comme pour faire recours à la complicité du maître des Cieux, il positionne le ballon, choisit son côté avec toutes les précautions requises dans ce jeu de dupes.

Au coup de sifflet de l'arbitre , il accélère tel une fauve à la conquête de sa proie et frappe de toutes ses forces. Une frappe hyper puissante comparable à un boulet de canon. 
Ça y est. Le rêve devint réalité. Le peuple est délivré et la joie est à son comble. 
Les cris de Lilian Gatounes: " Le Sénégal est champion d'Afrique pour la première fois de son histoire. L'étoile sur le maillot; l'étoile sur le maillot du Sénégal qui fait dompter l'Egypte" retentît sur toute la planète. 
Cette minute de cette finale inégalable a été un vrai moment de grâce. Comme Thierry Roland, d'aucuns diront: " je crois qu'après ça, on peut mourir tranquille, le plus tard possible".