Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? peut-être les deux. Ou peut-être je suis dans un rêve. Non ce n’est pas l’impression que j’ai. J’ai la sensation d’être dans cet état appelé « paralysie du sommeil » car je n’arrive ni à bouger, ni à parler, et j’ai du mal à respirer. Mais d’habitude je vois flou, il ne fait pas si sombre au point où je ne peux déterminer si mes yeux son ouvert ou fermé. De plus j’ai l’impression d’être dans un endroit clos, très clos. Et il y a ce silence sinistre... J’ai un mauvais pressentiment. Où est-ce que je me trouve? Est-ce que je suis morte? Mon pouls s'affole. Je commence à avoir peur, terriblement peur. J'ai du mal à respirer. Je vais suffoquer. Pour tenter de me calmer j’inspire et expire mais l'air est comme insuffisant en plus il Ya cette odeur... Cette odeur de vieux bois et de terre fraîche, que je ne connais que trop bien.
Seigneur non! Oh non... ils l'ont fait, ils sont parvenus à m'avoir.

_Au secours! S’il vous plaît sortez-moi de là. Parviens-je à crier de toutes mes forces.

Pourtant je sais pertinemment que c’est vain. Personne ne viendra à mon secours. Parce que je suis celle qu’on n’a pas peur de perdre, celle que personne ne cherchera. Je suis tout simplement seule. Et personne ne m'entendra car je suis enterrer profondément dans un vaste champ loin de la civilisation. Sans doute.
Pourquoi je m'accroche? Qu'est-ce que ça changerai si je disparaissais?  À quoi ça sert de rester accroché à un espoir vain et ridicule qu'un être telle que moi, puisse vivre normalement ?
Je ne suis qu'abomination. 
Alors pourquoi je luttais ? Pourquoi je lutterai? 
Que dirait-il s'il était là ? Que dirait cet homme qui n’a pas pu se résoudre à vivre le deuil de ses cinq enfants froidement assassinés par sa seconde épouse? Que me conseillerait-il lui qui a usé de tous les sorts interdits pour les ressuscités? 
BaBa pourquoi ? Pourquoi tu nous as fait ça ? Pourquoi tu nous as ramené dans un monde aussi cruel envers ce que nous étions devenus. Pourquoi tu nous as condamnés à une mort plus douloureuse que celle d'être égorgé comme un animal. Pourquoi tu m'as fait vivre deux fois la douleur qu'on ressent quand on perd un être cher? Car vois-tu j'étais là dernière à périr des mains de cette démente qui était censée remplacer notre douce et aimable défunte mère. Et voilà qu'aujourd'hui encore je suis la dernière à y passer.
Pourquoi au lieu d'en finir avec ta vie, tu n'as pas pris la décision d'en finir avec nous lorsque nous étions passés des enfants de BaBa, aux monstres de BaBa? Savais-tu au moins qu’on ne t’en voulait pas pour ce qu’elle nous a fait? Savais-tu qu’on avait retrouvé le beau sourire de mère l’espace d’un instant ?
Je sens mes larmes chaudes couler jusque dans mes oreilles. Cela veut dire que ma paralysie s'est dissipée. Je pourrais m'échapper comme la dernière fois mais je suis si fatigué de courir. Je ne veux plus lutter contre ma cruelle destinée. Je suis dans le noir complet et pourtant mon esprit n'a jamais été autant éclairé. Ou alors c'est peut-être le désespoir qui a, cette fois, conquis tout mon être... Je ne faisais que fuir et me cacher. Je ne vivais pas.
J’aurai dû quitter ce monde dès lors que vous étiez tous parti. Stupide instant de survie, stupide espoir qui me faisaient survivre dans un monde qui n'était plus le mien. Mais c’est fini maintenant. J’ai compris qu’il n’y a rien pour moi ici. Donc, j'arrive. J'arrive Mère et BaBa, J'arrive mes bien aimés frères.  

Mais laissez-moi d'abord leur dire que ce monde est dangereux, que des monstres sont cachés sous forme humaine telle une bombe enveloppée dans un somptueux papier cadeau. Et que nous n’étions qu’une poigné parmi tant d’autres.

Je l’étais.