"Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux."
La nuit venait de tomber sur la ville. Les noctambules s’activaient pour commencer leurs activités. La ville était sous les projections des écrans géants des maquis. Nous sommes environs deux heures après le coucher du soleil et Talouablé , revenait de son service, toute fatiguée, elle devrait traverser des ruelles qui étaient mal éclairées avant de regagner son domicile. Habituellement, elles constituaient un petit groupe pour rentrer chez elles car, le quartier Bordeaux où elle habitait, était réputée pour être un nid de malfaiteurs ambulants errant à n’importe quel moment de la journée. Malheureusement, aujourd’hui, par manque de véhicule, elle devrait faire la traversée seule. Elle confiait son sort entre les mains de Dieu puis se mit en route. Dieu le voulant, elle eut une âme généreuse lui proposant de l’accompagner chez elle. Que pouvait-elle dire si ce n’est merci à Dieu d’avoir mis en sa disposition cette personne. Elle faisait confiance à cet inconnu car il était élégamment habillé. Chemin faisant, les deux papotaient sur des sujet et riaient aux éclats puis soudainement, elle vit son bienfaiteur l’attraper par la hanche, elle tentait vainement de se débattre mais le bourreau fini par avoir le dessus et fit ce que lui dictait ses pulsions ; la violer. Après son sale besogne, le malfrat prit la poudre d’escampette. Elle put après regagner son domicile et jura de retrouver ce dernier et se venger en le jetant en prison. Mais une chose la retenait car elle était chrétienne. Laquelle religion prône le pardon des offenses et la vie de chasteté avant le mariage.
Elle était donc perdue entre le fait de pardonner à son bourreau ou de satisfaire sa soif de vengeance, deux actions qui se justifient clairement, aux vues de ce qui venait de se passer. Que peut-elle y faire face à cette sorte d'injustice à laquelle elle était confrontée ? Elle voulue se confier aux autorités ecclésiastiques pour être libre de tous jugements négatifs, mais elle a peur de comment réagiraient ces autorités, car selon elles (autorités ecclésiastiques) c'est l'une des voies fondamentales pour être au paradis, royaume célèbre prônée dans la bible.
Avait-elle vécue vainement ?
Tous ces sacrifices afin de préserver sa dignité n’avaient-ils pas suffit pour être heureuse dans ce bas monde et dans les cieux ?
Comment devrait-elle s'y prendre afin de ne pas être livrée à la vindicte de la communauté chrétienne ?
Elle devait vivre avec cette culpabilité sur sa conscience, car la seule option qui pourrait arranger les choses c'est non seulement retrouver son violeur, le convertir au christianisme s'il ne l'est pas afin de l'épouser. Voilà l'équation que devrait résoudre Talouablé afin d'espérer non seulement être bien accueillie dans sa communauté, mais aussi mourir en paix tout en espérant une place auprès de son créateur.
C’est donc cette bataille qu'elle s'est faite sienne. Qui aurait cru que la bataille du début, celui de retrouver son violeur dans l'unique but de se venger, allait se muer dans l'autre sens, c'est à dire le retrouver, le convertir et faire de lui son époux. Quel paradoxe ! Si Dit-t-on les voies de Dieu sont insondables, mènent-elles l'homme à perdre sa dignité ? Et comment en est-elle convaincue qu'elle est sur la bonne voie ? Talouablé était quant à elle convaincue que c'était la seule issue pour redevenir une femme vertueuse, peu importe si elle devait traverser le péché afin de retrouver la lumière. Alors, elle se confia à sa mère pour que cette dernière l'aide à retrouver son "mal nécessaire". Sa mère avisa M. Roger, commissaire de police pour qu’il laide dans cette affaire. Il demanda un rendez-vous à Talouablé dans le but de prendre sa déposition et commencer sa mission. Aussitôt dit, aussitôt fait, Talouablé se rendit au bureau de M. Roger et, après avoir fini les interrogations, posa ses conditions. Au nombre de ces conditions, figure une qui allait bouleverser la jeune dame dirais-je chambouler sa vie qu'elle tente de reconstituer. En effet, le commissaire demande à coucher avec la jeune dame avant le début de l’enquête. Devrait-elle accepter pour retrouver son violeur ?
L'accepter serait-il pas aggraver le problème au lieu de le résoudre ?
Après plusieurs oppositions, elle finit par succomber aux caprices de M. Roger. Elle devait désormais vivre avec deux problèmes sur sa conscience. Car même si elle retrouve son violeur (son futur mari), elle se souviendrait éternellement de son acte avec M. Roger qui, cette fois-ci, était intentionnellement organisé.
Des mois passèrent et toujours pas de réponse, pas de nouveau dans son affaire. Elle n'avait donc plus le choix que de se laisser aller dans le découragement, elle manquait maintenant aux cellules de prières organisées par sa communauté, pis, manquait aux cultes des dimanches. Sa vie qui, autrefois, faisait l'unanimité vire au cauchemar sans qu'aucune personne ne sache réellement ce qui se passait. A la maison, elle a des comportements étranges. Elle est prise par une dépression qui faisait d’elle une fille paranoïaque. Tout ce qui se passait à la maison, s’interprétait toujours de façon péjorative. Elle avait une idée déplacée aux sujets des Hommes. Elle avait, a un moment donné, songé au suicide ; elle avait essayée plusieurs solutions toxiques mais elle se remémorait toujours des passages bibliques qui interdisaient cette pratique. Elle envisageait comment vivre sa vie loin des radars et le regard des hommes de la communauté chrétienne en s’interrogeant sur sa relation avec Dieu.
Puis un jour, pendant qu'elle dormait, elle fit un rêve dans lequel elle subissait encore les désirs d'un homme. Et à la suite, une personne lui donnait des directives dans le but de retrouver son bourreau. Elle se réveilla en sursaut et commença par prier. Elle reprit donc sa vie ecclésiastique dans le but d'être en adéquation avec son créateur. Elle en parla à Michelle, une amie de longue date avec qui elle a fait l’école. Elles entreprirent ensemble de suivre les directives reçues en rêve par Talouablé dans l’optique de mettre le grappin sur le bourreau de celle-ci. Elles menèrent conjointement des actions chacune de son côté. Après avoir avisé plusieurs contacts, les actions semblent fructueuses. Craignant ainsi d’être livré au grand jour, notre violeur usa d’une malice afin d’avouer son crime ; en procédant par une lettre anonyme dans laquelle il s’adressait à sa victime dans la plus grande indiscrétion qui puisse exister dans le but d’expliquer ce qui s’est passé.
Après avoir lu le contenu de la lettre, son cœur battait à un rythme saccadé. En revanche, elle avait une petite lueur en elle de retrouver son mari sans même que le commissariat n'intervienne, mais en même temps elle aurait très mal de s'être donnée au commissaire faisant ainsi un double manquement à la parole divine. Sa vie religieuse redevenait de plus en plus normale. Elle reçut plusieurs lettres de son malfaiteur lui présentant toujours des excuses avant de lui demander un rendez-vous dans la prochaine lettre. Devrait-elle s’y rendre ? Avait-elle le moral et le cran d'y aller ? Après plusieurs heures de réflexion, elle décida de s'y rendre. Arrivée au lieu du rendez-vous, grande fut sa surprise de voir M. Roger sur les lieux. Elle n'en revenait pas. Qui l’avait donc informé de sa quête solitaire ? Elle ne s'est plus à quel sein se vouer. Elle s’interrogeait toujours quand elle vit M. Roger s’agenouiller pour lui avouer être l’auteur du viol. Il décida de se racheter en l’épousant si cette dernière daignait lui pardonner. Elle rentra toute confuse chez elle. Elle entreprit de lui pardonner. Quelque années plus tard, ils se marièrent et eurent des enfants et elle était heureuse.