Un rayon de soleil traverse ma chambre, en ce matin de juillet. Je suis réveillée, éblouie par la lumière. J'entends le parquet de ma chambre craquer. Je jette un coup d'œil mais ce n'est que mon chien Milk-Shake qui vient me lécher le visage. Je le repousse de ma main pour me lever. Dans l'escalier, je sens une odeur embaumer la maison. Arrivée dans la cuisine, je vois que maman a préparé des pancakes. J'en mange quatre ou cinq au sirop d'érable puis je vais me préparer. J'enfile mes bottes et part voir mon cheval Pixi. Je le prends en longe puis je l'emmène à la carrière. En commençant à le faire marcher, je remarque une boiterie au postérieur droit. J'appelle ma mère qui est vétérinaire. Elle me dit qu'il a une petite entorse et que son tendon est abimé. Sur cette nouvelle, je le rentre au box.
La journée est finie et avant d'aller dîner, j'ouvre la fenêtre de ma chambre et sens une odeur de fumée. J'observe d'où ça vient. Je suis surprise de voir que mon grand frère Jérôme a jeté un mégot de cigarette dans le foin. Les écuries prennent feu. J'accoure prévenir mes parents qui appellent tout de suite les pompiers. Ils libèrent les chevaux mais oublient d'ouvrir à Pixi. Terrorisé, le cheval se sentant trahi, réussit à s‘enfuir. De longues minutes plus tard, le feu enfin éteint, je vais voir comment s'en est sorti Pixi. En voyant qu'il n'est plus là, je fonds en larmes :
« Jérôme, je te déteste ! Mon...mon cheval n'est plus là ! » criais-je à mon frère
J'étais inconsolable ! Mes parents me répètent qu'on le retrouvera mais non, il n'est jamais revenu...
Deux ans plus tard, beaucoup d'évènements se sont produits. Nous sommes dans la voiture pour partir dans un camping sur l'île de Ré. Arrivés là-bas, nous plantons la tente, rangeons nos affaires et nous mettons en maillots de bain pour aller à la plage. Les pieds dans l'eau, je me balade sur la plage en regardant les chevaux sauvages galoper au loin. Je sens quelque chose de creux sous mes pieds. C'est une empreinte de cheval. Elle me parait très familière, j'ai cette impression de l'avoir déjà vu quelque part...mais où ? Je la prends en photo pour pouvoir l'avoir et y réfléchir plus tard.
Le lendemain matin, vers 6h, je ne dors plus. Discrètement, j'allume mon téléphone et mets en zoom la photo. Je remarque que le sabot a laissé une empreinte particulière de papillon. Ça ne peut être que Pixi, il avait cette marque depuis qu'il avait marché dans les braises alors qu'il n'avait que six mois. Je n'ai maintenant qu'une idée en tête, c'est le retrouver. Je retourne sur la plage, retrouve les empreintes avec le papillon et les suis. Je marche longtemps, traverse la plage, des marais. Il y a du monde sur la plage, dont une fille qui passe à cheval avec une selle très spéciale. Au début, je ne m'en préoccupe pas. Puis j'entends le hennissement du cheval qui la porte. Je m'arrête net. C'est une évidence, c'est... Pixi ! Je me retourne et cours vers lui, qui est déjà à quelques mètres plus loin. En me mettant devant pour le stopper, je sens que Pixi a un sentiment de recul envers moi. Je demande à la jeune fille :
« Bonjour, excuse-moi, c'est ton cheval ?
- Oui, c'est mon cheval d'aide. On fait de l'équithérapie ensemble, pourquoi ?
- Non heu...pour rien. Tu l'as rencontré où ?
- Il y a deux ans quand j'étais en grandes vacances à La Rochelle. Il était sur une bordure de route seul, apeuré et fatigué. Nous l'avons ramené avec nous pour le nourrir et qu'il se repose. Un ami de mon père l'a dressé pour qu'il m'aide dans mon handicap. Car plus jeune, je suis montée à une échelle, je suis tombée et j'ai perdu l'usage de mes jambes.
- Désolée pour toi... Mais il n'avait pas de puce électronique ?
- Oui et non... On en a trouvé une qui était très brouillée. Je ne sais pas si tu connais cette règle mais au bout d'un mois, si le propriétaire ne se manifeste pas, on peut se l'approprier... Je dois y aller mais tu as l'air d'avoir beaucoup de questions, si tu veux venir me voir, viens au centre équestre des Mouettes, j'habite juste à côté. Ah au fait, je m'appelle Léila.
- Merci pour tout, moi c'est Jasmine. Au revoir. »
Le cœur lourd, je rentre au camping. Mes parents voient bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Ma mère vient me voir pour savoir ce qu'il se passe alors je lui explique. Suite à cet échange je me couche, épuisée.
Au petit matin, nous avalons notre petit déjeuné. Nous nous mettons en route pour le centre. A l'approche du paddock, j'aperçois Pixi et mon cœur s'emballe. Il lève la tête, me regarde et s'approche doucement de la barrière. Je lui caresse la tête puis l'encolure. Il émet des petits bruits et il piétine le sol. Houra ! Il m'a reconnu !
Leila arrive :
« - Bonjour, venez mes parents vous attendent. »
Mes parents expliquent que j'ai reconnu mon cheval, perdu depuis deux ans à cause de l'incendie de nos écuries. Le papa de Léila nous raconte comment Pixi a réussi à redonner le goût de la vie à sa fille. Depuis son accident, elle ne marchait plus et ne souriait plus. Maintenant, elle sourit, rit, a plein de projets. Et c'est Pixi qui remplace ses jambes. Je suis émue et je comprends que je ne peux pas enlever Pixi à Léila.
Leila s'approche de moi et me dit :
« Si ça te fait plaisir, tu peux venir quand tu veux, tu pourras le monter, le panser et nous aider. »
Je suis tellement heureuse, j'embrasse Leila et court au paddock embrasser et annoncer la bonne nouvelle à Pixi !