Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Le mal que nous avons vécu, il pouvait s'inviter comme une sanglante boule de feu que l'on ne pouvait jeter sur l'autre sans blesser sa propre vie. Controverse, il affectait à la fois la femelle et son mâle, le pondérable et l'impondérable. Bref, que des souvenirs qui hantent la mémoire collective du peuple Zabalais.
Subrepticement, j'entendis une vague déferlante des manifestants, le peuple en avait marre de la mauvaise foi du président Eloko Mabé, le choix du peuple dans les rues du Zabal était contraire aux résultats des urnes depuis plus de 40 longues années. Je crus avoir vu les manifestants s'approcher du palais présidentiel. Soudain, le corps le plus dangereux de la police Zabalaise, surnommé les chiens de chasse sortit avec des camions remplis d'eau chaude qu'ils aspergèrent à ceux qui s'opposaient. J'ai vu les peaux des gens subir une mue partielle, j'entendis également des pleurs et des cris de malheur.
Je m'étais éloigné de toute hâte, en me camouflant dans les toilettes, quand j'entendis les armes à tir automatique, tiens donc ! Je fis caca aussitôt par angoisse. Comme leur nom l'indique, les chiens de chasse, ils étaient descendus dans les quartiers chassèrent les manifestants, je crus entendre qu'ils étaient allés chasser jusqu'au cimetière, curieusement, il y'avait des manifestants qui se cachaient dans ces lieux, qu'ils tuèrent et les enterrèrent surplace. Autant que je me souvienne, des voyous armés jusqu'aux dents furent perceptibles jusqu'à l'aube, chants et slogans se mêlèrent au rythme des grenouilles nocturnes tout au long de cette soirée trépidante qui m'introduisit à la notion de la mort.
Après plus de 40 ans à la présidence du Zabal, Eloko Mabé décède d'une mort incomprise. La population l'accueille telle une condamnation en guise du mal bâti. Le peuple célébra le décès dans les rues sous forme de carnaval. On trouvait devant chaque parcelle une palme symbolisant le deuil. Chose étonnante, les funérailles ressemblaient à une soirée-concert, les brasseries s'étaient déchainées avec des réductions terribles du prix de la bière momentanément.
Je laissai courir ma plume sur le papier, décrivant la tragédie des décès occasionnés par le président Eloko Mabé. Dès que j'ai publié ce post relatif aux meurtres commis par le feu président Eloko Mabé, il avait littéralement pris son envol sur le net. Plusieurs messages m'ont été parvenus de la part du peuple. Très souvent, on disait « il croyait vivre éternellement, le bon Dieu a entendu nos prières » ou «l'immortel est mort », que sais-je encore ?
Ce à quoi je ne m'attendais pas, en revanche, c'était à recevoir tant des messages comiques : si par malheur, le prochain président le ressemble, le bon Dieu sera obligé de tous nous acceptés au paradis parce qu'on aurait vécu notre part de l'enfer sur terre, façon on souffre, euh pardon, Eloko Mabé ke Ndoki « Eloko Mabé fut un sorcier ! » A ma grande surprise, un coup de fil d'un journaliste international me contacta pour une interview que je répondis favorablement.
-A l'entrée de jeux, le journaliste interrogea ma conscience sur l'impact que pouvait causer ce post ? Pour le post, oh non j'ai lu et relu ce dernier, c'était un coup direct au défunt président ! disait-il.
Je répondis oui ma conscience est tranquille, on n'a parfois besoin de réveiller le passé pour donner une nouvelle couleur au présent.
-Puisque tu prétends l'être, est-ce qu'il y a au moins des preuves de tout ce qui a été dit ?
Ah non ! Vous connaissez ces faits mieux que moi, puisque vous le soutenez, vous les colons, le peuple Zabalais souffre copieusement comme les autres pays Africains, dans les turbulences les plus cacophoniques jaillit parfois un diamant, ce diamant c'est cette liberté. La jeunesse est sacrifiée, il nous faut une solution miracle adapté à notre contexte, malheureusement toute la panoplie des églises qu'on a ne trouve guère cette panacée. Pas de boulot pour les jeunes, plutôt pas de lieu de travail excepté la fonction publique et l'armée où il faut avoir un 06 qui pèse pour bénéficier du job national, répondis-je.
-Donc vous étiez sous silence parce qu'il y avait une dictature terrible, dites-moi, quelles sont les réalités actuelles du Zabal ?
Vous savez, le Zabal est le seul pays au monde où vous trouverez des rappeurs sourds muets, les pasteurs qui vendent des bénédictions, les jeunes garçons qui passent leurs temps sous ombrage tout en observant en cachette pour surprendre les nanas en costume d'Eve, oh non ! Même les animaux se comportent bizarrement à l'heure actuelle, récemment un gorille a frappé un homme en l'atteignant mortellement. Les vieux de 50 ans se baladent avec les dossiers cherchant l'intégration à la fonction publique et la jeunesse se questionne sur leur avenir ! Un pays pleins de voyous, que les autorités militaires tirent à balle réelle en cas d'infraction pour réduire en effectifs ces inciviques, quand ils sont tués, les familles éprouvées ne peuvent organisées les funérailles que si elles sont à mesure de rembourser en terme d'argent ces balles qui selon les autorités « perdues ». Je suis même inquiet pour le Christ qui reviendra comme un voleur, dans ce pays, euh pardon, les autorités risquent de le mitrailler. Je pense que le verre est dans le fruit, ces faits corroborent avec la gouvernance du pays, répondis-je.
-Vous êtes indépendants depuis une soixantaine d'années, et tu me dis qu'il n'y a pas de lieu de travail ? Où sont passées les usines laissées par les colons ? Merde, qu'est-ce que vous faisiez depuis tout ce temps ? Il faut cesser de toujours culpabiliser les colons, ils étaient partis, il y a de cela un demi-siècle en vous laissant la Bible, les vêtements, l'électricité, de l'eau potable, le chemin de fer, les maisons coloniales, que sais-je encore ! Dois-je vous rappeler que vous vivriez comme des animaux ?
Je pense que cette indépendance était précoce. Nous ne pouvons plus nous taire. Il nous faut élever la voix. Nous avons le devoir de résister et de toujours croire au soleil dans l'obscurité de la veille, répondis-je.
Subséquemment, je me rendis compte que je passai des bons moments d'ivresse, d'inconscience sous l'emprise du sommeil : roi des rêves ! Un joli voyage pour les illuminés aux quatre vents et ceux de l'odyssée.
Sous l'effet des trajectoires lumineuses du matin, ma conscience revint. Permettez-moi pour quelques instants de vous emmener sur les ailes du vent au-dessus des barrières de corail et de l'azur mystérieux des vagues pour guider vos pensées jusqu'à une contrée Zabalaise après l'éveil suscité par le décès du président dans mon subconscient où il fallait tirer le diable par la queue pour survivre.
Après moult études concernant ce rêve, je décidai de porter plainte contre la justice, même si elle est peu ridicule, mais au nom de l'article 20 du code pénal. Je veux, j'exige d'esquisse, j'accuse justice. Le rêve véhicule un message, c'est une partie de la vérité ! Mais pourquoi cette justice est aveugle et muette aux rêves ? On a tendance à croire que ce qu'il y a de logique est forcément ce qu'il y a de mieux pour tous. Logique, ne veut pas forcément dire moral et la justice n'a pas toujours raison. Elle n'a pas eu raison de priver la femme du vote, d'établir la ségrégation raciale, de permettre la colonisation... Tous ceci étaient considérés par la majorité comme ce qui était de mieux.
Mais au vu des conflits qui se glissent dans les liens des hommes, on peut se demander si la justice et la logique sont des vertus indispensables pour le Zabal ? Ne doit-on pas penser au-delà d'elles ? Car dans mon rêve, le mal blesse les victimes et labellisent les agresseurs qui se déshumanisent en se faisant maillon de la chaîne du mal, en poussant cette justice à son paroxysme, on arrive à un non-sens.