Le costume du Père Noël

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Ça y est. On y est. Demain, c'est Noël !
Le Père Noël passe en revue les derniers préparatifs en vue du grand jour, ou plutôt de la grande nuit. Avec son lutin assistant, Vertbonnet, il vérifie tout et coche sur sa liste ce qui est terminé :
— Alors, voyons voir... Les cadeaux ? demande-t-il.
— Finis, répond le lutin à ses côtés. Ils sont presque tous emballés et il n'y aura plus qu'à les ranger dans la hotte.
— Et bien, allez, les lutins, dépêchez-vous, c'est pour demain je vous rappelle ! crie le Père Noël aux petits travailleurs affairés. Toi, là-bas, n'oublie pas le petit nœud pour faire joli !
Il enchaîne ensuite :
— La hotte, où est-elle ? Ah ! La voilà ! Voyons...
Tandis qu'il l'examine, Vertbonnet déclare :
— Vérifiée sous toutes les coutures ! J'ai raccommodé le petit trou que les lutins ont trouvé en la nettoyant.
— Le traineau, a-t-il été lavé ?. Oui, s'exclame-t-il alors en s'approchant de son traineau, il brille de mille feux, c'est parfait !
Vertbonnet, en charge de toutes ces vérifications, gonfle son torse de fierté.
— Les rennes se sont bien entraînés, comme tu le sais, Père Noël, ajoute-t-il. Ils ont passé les derniers mois à décoller, atterrir, décoller, atterrir et voler en boucle pour être prêts pour demain soir.
— Ont-ils vérifié que leurs colliers brillent bien ? J'ai vu qu'il y aurait beaucoup de nuages dans l'hémisphère nord, il nous faudra de la lumière.
— Oui, ne t'inquiète pas Père Noël. Chaque lumière des colliers étincelle comme une étoile ! Nuages ou pas, tu ne te perdras pas.
— Très bien, comme d'habitude, je peux compter sur toi, Vertbonnet. Tu es fiable et efficace ! Merci !
Le lutin rougit de plaisir sous les compliments de son chef.
Ce dernier barre les rennes de sa liste, puis il continue.
— Voyons... Que reste-t-il ?
— Ta carte magique du ciel est dans le vide-poche du traineau, à côté des sucres d'orges, répond le petit lutin. J'y rajouterai un thermos de chocolat chaud demain soir, comme d'habitude.
— Bien !
— J'ai mis sur la banquette une boîte à outils en cas de pépins : rouleau de scotch, paire de ciseaux et bolduc au cas où un paquet cadeau ait besoin de se refaire une beauté. Graisse pour les patins du traineau, on ne sait jamais, cordes neuves et ampoules de rechange pour les colliers des rennes.
— Très bien, apprécie le Père Noël en vérifiant sa liste. Eh bien, je crois que nous n'avons rien oublié ! Ah si, mon costume ! Est-il prêt ?
Vertbonnet répond aussitôt :
— Tout va bien de ce côté-là aussi, Père Noël ! La machine est lancée, ton costume est en train d'être lavé ! Il sera sec et repassé demain soir, comme prévu.
Rassuré, le Père Noël raye le costume de sa liste et retourne vérifier l'avancée de l'emballage des cadeaux.
 
***
En pleine nuit, alors que tout est endormi dans l'atelier, Verbonnet est encore debout. Inquiet, il revérifie tout une dernière fois pour être sûr de ne rien avoir oublié.
Avant d'aller se coucher, il ouvre la machine à laver et en sort le costume du Père Noël bien propre et essoré. Mais en l'étendant, Verbonnet a le sentiment que quelque chose ne va pas... Mais quoi ? Le costume est pourtant bien rouge, les fourrures sur les bords bien blanches. L'ensemble a l'air bien chaud comme il faut... et soudain, il comprend... Le costume qu'il est en train d'étendre est minuscule, version taille de lutin ! Il a rétréci au lavage !
— Mais que s'est-il passé ? s'écrie Vertbonnet.
Le costume est tellement petit qu'il pourrait l'enfiler à coup sûr... Mais le Père Noël, par contre, pas question ! Misère ! Sans son costume, le Père Noël ne ressemblerait pas au Père Noël... Sans lui, pas question de distribuer des cadeaux aux enfants sages... Sans lui, pas de Noël !
— Non, non, non ! s'exclame le lutin.
Il file jusqu'au vestiaire du Père Noël et fonce tout droit au placard voir s'il n'y en a pas un de rechange, quitte à le repriser un peu !
Il en trouve un, l'étale devant lui afin de l'examiner.
Le costume semble très vieux et élimé... Trop vieux pour être reprisé. Au moindre mouvement, il risque de se désintégrer alors pas question de passer par les cheminées avec ! Le Père Noël risquerait de se retrouver en slip et en chaussettes dès la première maison !
— Je n'ai pas dit mon dernier mot, il me reste assez de temps pour lui en coudre un neuf ! s'écrie Vertbonnet.
Toute la nuit, le petit lutin travaille. Il mesure les pièces de tissu, les découpe, surfile, surpique, coud les ourlets. Il assemble les bras avec le plastron, les jambes avec la ceinture. Il garnit chaque bord de belle fourrure blanche...
Au petit matin, Vertbonnet est épuisé. Il a si bien travaillé que le costume est presque terminé. Il ne lui reste plus que les boutons à coudre sur la veste et le pompon à ajouter sur le bonnet. Mais il est si épuisé qu'il s'endort.
 
Un peu plus tard, Lorsque le Père Noël entre dans l'atelier, il trouve Vertbonnet endormi, la tête posée sur le costume pas tout à fait terminé. Ayant vu les vêtements minuscules en train de sécher, il comprend ce qu'il s'est passé. Il recouvre le lutin d'une couverture chaude et, sans un bruit, termine les préparatifs pour le soir avec les autres lutins.
À la fin de la journée, il retourne voir le lutin endormi :
— Vertbonnet, réveille-toi !
Celui-ci se réveille en sursaut, voit le costume rouge sur la table et s'écrie :
— Oh non ! Je me suis endormi !
Il prend sa tête entre ses mains et gémit :
— Noël est fichu maintenant ! Je suis désolé, Père Noël, ton costume a rétréci, je n'ai pas terminé de coudre celui-ci... Tu ne vas pas pouvoir faire ta grande distribution cette année... Je comprendrais que tu sois en colère après moi, je vais démissionner... Je...
Le vieil homme éclate de rire. Vertbonnet n'en croit pas ses oreilles ! Lui qui est désespéré à l'idée que Noël ne soit pas fêté, voilà que le Père Noël se moque de lui au lieu de se fâcher ?
Il lève les yeux vers celui-ci, s'apprêtant à lui demander pourquoi il rigole quand il s'arrête net... Le Père Noël est là, devant lui, dans un costume tout neuf, tout rouge, bordé de fourrure blanche bien comme il faut, avec des boutons noirs sur la veste et un pompon sur son bonnet.
— Mais... Où as-tu trouvé ce costume ? demande-t-il, étonné.
— Dans la machine à laver, bien sûr ! Je l'ai étendu hier et repassé ce matin.
Vertbonnet est bouche bée. Il ne comprend plus rien.
— Mais... il avait rétréci au lavage !
— Ah, tu parles de ce costume, peut-être ? lui répond le Père Noël en lui tendant un costume rouge minuscule, tout propre, tout sec et repassé.
— Mais...
— Oh oh oh ! Tu ne vois pas où je veux en venir ?
Le lutin acquiesce sans un mot.
— Laisse-moi t'expliquer ! Ce petit costume, que tu vois là, je l'ai fabriqué exprès pour un ami et l'ai mis dans la machine à laver après le mien. Sais-tu pourquoi j'ai cousu ce petit costume ?
— Non, je ne comprends pas du tout...
— Je l'ai cousu pour un ami qui m'a beaucoup aidé ces dernières années. Pour le récompenser, j'aimerais que, cette année, il m'accompagne dans ma tournée. Il lui fallait donc un costume rouge. Sais-tu qui est cet ami ?
Verbonnet fait non de la tête, interloqué.
— Mais enfin, c'est toi ! Toi, mon plus fidèle assistant, prêt à tout pour que Noël se déroule sans encombre ! Veux-tu bien m'accompagner dans ma tournée ?
Le lutin comprend enfin et rougit de plaisir.
— Ce serait un tel honneur Père Noël !
 
Cette année, deux amis ont partagé le traineau. Deux amis vêtus chacun d'un costume rouge et qui ont fait de Noël une véritable réussite !

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