Cette œuvre est
à retrouver dans nos collections
Histoires Jeunesse :
- 6-8 Ans (Cycle 2)
- 8-11 Ans (Cycle 3)
- Contes & Fables - Cycle 2
- Contes & Fables - Cycle 3
- Héros / Héroïne - Jeunesse
- Héros / Héroïne - Cycle 2 & 3
En cette fin de belle journée d'été, le Chevalier Senfin rentrait d'un tournoi. Trois jours à défier les plus habiles chevaliers du royaume, cela méritait un bon repos. La belle armure scintillante du Chevalier Senfin n'était malheureusement pas le plus confortable des pyjamas. Il s'activa alors pour retirer son casque, ses épaulettes et ses gants. Quand il ne lui resta plus qu'à enlever ses bottes de fer, il constata qu'elles étaient bloquées au bout de ses pieds. Il appela son fidèle écuyer. Ce dernier tira de toutes ses forces sur les bottes, mais elles ne bougèrent pas. On appela alors d'autres écuyers à la rescousse. Ils tirèrent de toutes leurs forces sur les bottes, mais elles ne bougèrent pas d'un pouce. On décida alors d'appeler les habitants les plus forts du village. Ils attrapèrent notre héros par les mains et les pieds et ils tirèrent de toutes leurs forces. Finalement, les bottes de fer finirent par se détacher des pieds de notre ami. Le Chevalier Senfin fut fort ravi et remercia les généreux habitants du village. Toutefois, lorsqu'il s'allongea sur son lit, il remarqua que ses pieds dépassaient d'un bon mètre. Il appela son écuyer et demanda si le lit avait rétréci. L'écuyer visiblement étonné répondit que ce n'était pas le lit qui avait rétréci, mais les jambes du Chevalier Senfin qui s'étaient agrandies.
Bien évidemment, quand on s'appelle le Chevalier Senfin, on se doit d'avoir des jambes à la bonne longueur. On appela alors tous les plus grands savants du village. Ils cherchèrent dans les étoiles, dans les gouttes de pluie, dans les fientes de poulets et trouvèrent enfin une solution incroyable. C'était évident : le Chevalier Senfin devait rétrécir au lavage en plongeant dans un grand bain de larmes ! Ainsi on apporta des fermes voisines des kilos d'oignons. L'écuyer les éplucha toute une nuit et pleura sans relâche. Au beau matin, la baignoire était à peine remplie. On apporta alors plus d'oignons et invita de nombreux habitants du village. Ils pleurèrent des jours entiers et enfin, la baignoire fut remplie. Le Chevalier Senfin fut fort ravi et remercia les généreux habitants du village. Il se plongea une bonne heure dans son bain de larmes. En sortant de l'eau, il s'allongea sur son lit et testa la longueur de ses jambes. Il ne portait plus ses bottes en fer et il n'avait plus les pieds qui dépassaient du lit. Mais sa peau était devenue toute fripée à force d'être restée si longtemps dans l'eau.
Bien évidemment, quand on s'appelle le Chevalier Senfin, on se doit d'avoir une belle peau lisse. On appela à nouveau tous les plus grands savants du village. Ils cherchèrent dans les lignes de la main, dans les pétales de fleurs, dans la moustache d'un hamster et trouvèrent enfin une solution formidable. C'était évident : le meilleur fer à repasser pour lisser à nouveau la peau du Chevalier Senfin était le souffle chaud d'un dragon ! Alors notre ami, pendant plusieurs jours, traversa vallées et montagnes pour se rendre dans la caverne la plus proche. Il y a toujours un dragon dans les cavernes les plus proches, du moins dans la vie des preux chevaliers. Lorsque le Chevalier Senfin pénétra dans ce couloir sombre, un terrible animal aux grandes ailes dormait tranquillement. Le Chevalier Senfin cria, chanta et chatouilla même le dragon sous la queue, mais l'animal ne bougea pas d'une griffe. C'était probablement le dragon le plus paresseux du royaume ! Sans se décourager, notre héros pointa un peu de poivre noir sous le nez de la créature. Ce dernier éternua alors avec une telle force qu'il cracha un souffle de braises au visage du Chevalier Senfin. Puis il se rendormit comme si rien ne venait de se passer. Le Chevalier Senfin fut fort ravi et remercia, à voix basse, le généreux dragon. De retour chez lui, il s'allongea sur son lit et caressa sa peau. Miracle ! Il ne portait plus ses bottes en fer, il n'avait plus les pieds qui dépassaient du lit et il n'avait plus une peau toute fripée. Mais il sentait très fort la fumée et la viande rôtie.
Bien évidemment, quand on s'appelle le Chevalier Senfin, on se doit de sentir très bon. On appela à nouveau les plus grands savants du village. Ils cherchèrent dans les cartes de tarot, dans les os de souris, dans les poux d'un enfant et trouvèrent enfin une solution intéressante. C'était évident : il fallait recouvrir chaque centimètre de peau du Chevalier Senfin par des pétales de roses. Alors on rassembla tous les jardiniers du village et on fit cueillir toutes les roses des alentours. Les jardiniers collèrent une à une, patiemment, pendant des jours, des pétales sur la peau du Chevalier Senfin. Quand ils eurent terminé, le Chevalier Senfin ressemblait à un rosier avec des jambes. Après une longue journée au soleil, les jardiniers retirèrent un à un, patiemment, pendant des jours, les pétales de roses collés à la peau de notre héros. Le Chevalier Senfin fut fort ravi et remercia les généreux jardiniers. Il s'allongea à nouveau sur son lit et sentit sur sa peau un doux parfum de roses. Miracle ! Il ne portait plus ses bottes en fer, il n'avait plus les pieds qui dépassaient du lit, il n'avait plus une peau toute fripée, et il n'avait plus une odeur de fumée et de viande rôtie.
Le Chevalier Senfin pouvait enfin se reposer. Mais son écuyer rentra soudainement dans sa chambre. Trois mois avaient passé depuis le dernier tournoi du plus grand chevalier du royaume. Il était temps de repartir pour un nouveau tournoi ! Le Chevalier Senfin dut à nouveau enfiler son armure, affronter ses adversaires, rentrer en héros, retirer ses bottes en fer pour se coucher et... je crois que vous commencez à comprendre l'histoire du Chevalier Senfin !
© Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation
Illustration : Mathilde Ernst