Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ?
Peut-être les deux ?
Depuis quand la nuit est si sombre ?
Depuis quand le noir est si affreux ?
Oh ! bien-sûr, cela est arrivé le jour où mes yeux me servaient de torche. Ça l’est le jour où je commence à hurler pour être écouté et je restais sourd en retour. Cela est arrivé le jour où ma vision se bornait à l’horizon.
Heureusement que tout ce qui brille finira par s’éteindre un jour. Jour, qui sera aussi lumineux qu’un nuage de photons au-dessus d’une terre blanche. Cette coupure installe une sombre obscurité qui met de la lumière sur mes yeux ténébreux.
La nuit, oh j’adore la nuit.
Avec son silence trahit par le lyrisme des eaux et des vents qui bercent mon sommeil incertain.
Avec sa fraîcheur qui renchérit la délicatesse de ma peau.
La nuit où les étoiles embellissent le plafond et me protège du brouillard de l’aube.
Il n’y a pas meilleur moment pour corriger le présent.
Mais comment est-il possible ?
Serai-je capable ?
Ah oui ! bien-sûr ! le souvenir.
Le souvenir, je me rappelle ces jours où le soleil était au zénith sur les plages de Cambéréne.
Ces jours où l’instinct me conduisait au coin de la rue à la recherche de ma mère. Mère qui revenait du marché le cœur nostalgique de mes pleurs innocents. Ces jours où toute une nation était unie, liée par les liens solides du patriotisme. Ces jours de vision lointaine qui transcendait les cieux. Ces jours où le pouvoir de la vue perçait le corps et atteignait l’âme pure.
Oh ! que de belles choses, que de bons souvenirs.
On était manchot mais, on recevait quand-même.
On était muet mais, on parlait quand-même.
On était sourd mais, on entendait quand-même.
On était aveugle mais, on voyait quand-même.
Les hommes donnaient avec le cœur, parlaient avec le cœur, écoutaient avec le cœur et les hommes voyaient d’une vision claire avec les yeux du cœur.
En réalité, l’Amour était donc cette boule de Diamant qui versait ses laves de rayons lumineux sur nos quotidiens. Elle faisait pousser les roses, bousculait les océans et fertilisait les sols. Elle faisait tomber la pluie, abreuvait les écosystèmes et remplissait les poches. L’amour chassait nos peurs et angoisses de la nuit. Elle transformait le noir en couche apaisante et d’intimité.
En réalité nous avons tous peur du noir, c’est l’amour qui faisait de nous des héros la nuit.
En réalité nous redoutons tous de fermer les yeux pour toujours, c’est l’amour qui nous rendormait chaque jour.
Hélas ! la lumière s’est éteinte.
Elle s’est éteinte en plein jour. Nous voilà déboussoler et replonger dans de redoutables ténèbres.
En réalité j’ai les yeux bien ouverts et je suis à midi mais, ce jour est plus noir que la nuit des septièmes terres.