Une nouvelle bataille, encore une fois. Les troupes se font face, comme toujours. Les forces restent équitables, évidemment. Ce cycle de violence n’en finira donc malheureusement jamais. À l’instar de l’Adversaire, nous ne voulons pas de cette guerre, mais les dieux, toujours eux, en ont décidé autrement. Ils prennent un malin plaisir à nous voir souffrir, tandis qu’eux jouent de nous. Ce n’est guère nouveau. Un éternel recommencement en somme si ce n’est que, cette fois, une Déesse participe à cette comédie macabre. Cela est assez rare pour le souligner.
Moi, j’ai beau être la reine de ces terres, je ne suis réellement qu’un pion dans leur plan funèbre. Je suis là, à côté de mon roi, à attendre un signe du Destin. Comme tous mes semblables d’ailleurs. On pourrait penser que c’est nous, l’autorité ici-bas, mais la Déesse en a choisi autrement. C’est elle qui nous guide de sa main, vers notre devoir, notre fatalité. Qui va-t-elle sacrifier pour ses besoins, pour montrer au Dieu d’en face qui est le véritable Maître de ces lieux ?
Très probablement moi. Ce ne sera pas la première fois. J’ai beau être entourée d’hommes surentraînés au combat, de beffrois montés par des archers, de cavaliers aguerris, voire d’évêques qui souhaitent procéder aux derniers sacrements, c’est moi, la plus dangereuse sur ce champ de bataille. On pourrait croire que mon importante valeur me protège. Oui, on pourrait. Mais cela serait oublier que les forces en jeu persistent à toujours être équitables. Si je demeure un atout dans cette escarmouche, l’Adversaire aussi en possède un. Cela se finira, comme toujours, de la même façon.
Mais trêve de bavardages. Les hostilités commencent enfin. D’abord, un bataillon va chercher le contact avec notre rival, qui envoie une de ces infanteries en réponse. Nos troupes à cheval s’efforcent de procéder à une percée, mais l’opposant, comme par mimétisme, décide également de contourner le champ de bataille. Nos prêtres, guerriers dans l’âme, s’en vont prêcher la bonne parole, tandis que le reste de la cavalerie ennemie effectue une manœuvre de débordement.
Le véritable assaut ne saura tarder. Les dieux ont faim. Mon roi le sent, et profite de cet instant pour se rendre au pied du beffroi afin d’encourager les hommes. Les mauvaises langues diront qu’il est allé se fortifier derrière ses troupes. Le vainqueur, ou la vainqueur décideront de l’Histoire.
C’est à ce moment que la cavalerie adverse effectue son premier raid et décime notre première unité, avant de se retrancher aux côtés de leurs camarades montés. Camarades qui furent à leur tour anéantis par nos fameux clercs. Clercs qui furent lâchement massacrés jusqu’au dernier par un nouveau bataillon ennemi. Une longue série d’évènements pour un simple bain de sang.
Une autre de notre infanterie met en difficulté la cavalerie, qui fuit à nouveau pour éviter un carnage. C’est exactement à cet instant que je la sens. Sa main. La Déesse a enfin décidé de mon Destin. J’entre alors en scène, comme tel est son désir. Animé par une aura divine, je traverse toutes les lignes ennemies, sans coup férir, jusqu’à atteindre le cœur même de l’Adversaire. Le couple royal.
Avant d’arriver à destination, je savais déjà tout. Ce qui allait se passer, ce qui allait en découler. Je le savais, car mon Destin reste souvent le même. D’abord, je sors ma dague et j’assassine froidement mon doppelgänger. Je n’y prends aucun plaisir, et elle le ressent. Elle aurait fait la même chose pour moi, ou contre moi aussi. Je ne saurais par contre deviner si la Déesse, elle, en prend, du plaisir. Je ne sais plus quelle réponse m’effraie le plus.
Son roi, qui se tenait à ses côtés, profita de l’occasion pour m’asséner un poignard dans le dos, avant que je ne puisse me retourner. Son Destin avait décidé de sa voie en clôturant le mien. À force de revivre les mêmes scènes, on en appréhende aisément les conséquences. Les dieux n’avaient pas le choix, il faut croire. Nous allions toutes les deux rejoindre la Boîte, sans haine envers l’autre. Nous avons compris depuis fort longtemps que cette lutte insensée ne présentait aucune fin, aucun but. Nous connaîtrons de maintes fois cet Échange, dans de futures vies. Des vies sans aucune perspective de paix.
La bataille continua après notre mort, sous les yeux des dieux, à peine émus de notre noble sacrifice. Tout cela n’est qu’un divertissement, un sport cérébral pour eux. Depuis toujours. Et comme toujours, l’un des deux conclura ce massacre par une poignée de main polie, à l’orgueil brisé. Cette fois, et ce fut la première, le Dieu Kasparov céda devant la Déesse Polgar, sans manquer d’affirmer qu’elle avait gagné parce qu’elle joue aux échecs comme un homme. Comme si l’intelligence, la volonté ou encore la violence ne possédaient qu’un sexe.
Moi, j’ai beau être la reine de ces terres, je ne suis réellement qu’un pion dans leur plan funèbre. Je suis là, à côté de mon roi, à attendre un signe du Destin. Comme tous mes semblables d’ailleurs. On pourrait penser que c’est nous, l’autorité ici-bas, mais la Déesse en a choisi autrement. C’est elle qui nous guide de sa main, vers notre devoir, notre fatalité. Qui va-t-elle sacrifier pour ses besoins, pour montrer au Dieu d’en face qui est le véritable Maître de ces lieux ?
Très probablement moi. Ce ne sera pas la première fois. J’ai beau être entourée d’hommes surentraînés au combat, de beffrois montés par des archers, de cavaliers aguerris, voire d’évêques qui souhaitent procéder aux derniers sacrements, c’est moi, la plus dangereuse sur ce champ de bataille. On pourrait croire que mon importante valeur me protège. Oui, on pourrait. Mais cela serait oublier que les forces en jeu persistent à toujours être équitables. Si je demeure un atout dans cette escarmouche, l’Adversaire aussi en possède un. Cela se finira, comme toujours, de la même façon.
Mais trêve de bavardages. Les hostilités commencent enfin. D’abord, un bataillon va chercher le contact avec notre rival, qui envoie une de ces infanteries en réponse. Nos troupes à cheval s’efforcent de procéder à une percée, mais l’opposant, comme par mimétisme, décide également de contourner le champ de bataille. Nos prêtres, guerriers dans l’âme, s’en vont prêcher la bonne parole, tandis que le reste de la cavalerie ennemie effectue une manœuvre de débordement.
Le véritable assaut ne saura tarder. Les dieux ont faim. Mon roi le sent, et profite de cet instant pour se rendre au pied du beffroi afin d’encourager les hommes. Les mauvaises langues diront qu’il est allé se fortifier derrière ses troupes. Le vainqueur, ou la vainqueur décideront de l’Histoire.
C’est à ce moment que la cavalerie adverse effectue son premier raid et décime notre première unité, avant de se retrancher aux côtés de leurs camarades montés. Camarades qui furent à leur tour anéantis par nos fameux clercs. Clercs qui furent lâchement massacrés jusqu’au dernier par un nouveau bataillon ennemi. Une longue série d’évènements pour un simple bain de sang.
Une autre de notre infanterie met en difficulté la cavalerie, qui fuit à nouveau pour éviter un carnage. C’est exactement à cet instant que je la sens. Sa main. La Déesse a enfin décidé de mon Destin. J’entre alors en scène, comme tel est son désir. Animé par une aura divine, je traverse toutes les lignes ennemies, sans coup férir, jusqu’à atteindre le cœur même de l’Adversaire. Le couple royal.
Avant d’arriver à destination, je savais déjà tout. Ce qui allait se passer, ce qui allait en découler. Je le savais, car mon Destin reste souvent le même. D’abord, je sors ma dague et j’assassine froidement mon doppelgänger. Je n’y prends aucun plaisir, et elle le ressent. Elle aurait fait la même chose pour moi, ou contre moi aussi. Je ne saurais par contre deviner si la Déesse, elle, en prend, du plaisir. Je ne sais plus quelle réponse m’effraie le plus.
Son roi, qui se tenait à ses côtés, profita de l’occasion pour m’asséner un poignard dans le dos, avant que je ne puisse me retourner. Son Destin avait décidé de sa voie en clôturant le mien. À force de revivre les mêmes scènes, on en appréhende aisément les conséquences. Les dieux n’avaient pas le choix, il faut croire. Nous allions toutes les deux rejoindre la Boîte, sans haine envers l’autre. Nous avons compris depuis fort longtemps que cette lutte insensée ne présentait aucune fin, aucun but. Nous connaîtrons de maintes fois cet Échange, dans de futures vies. Des vies sans aucune perspective de paix.
La bataille continua après notre mort, sous les yeux des dieux, à peine émus de notre noble sacrifice. Tout cela n’est qu’un divertissement, un sport cérébral pour eux. Depuis toujours. Et comme toujours, l’un des deux conclura ce massacre par une poignée de main polie, à l’orgueil brisé. Cette fois, et ce fut la première, le Dieu Kasparov céda devant la Déesse Polgar, sans manquer d’affirmer qu’elle avait gagné parce qu’elle joue aux échecs comme un homme. Comme si l’intelligence, la volonté ou encore la violence ne possédaient qu’un sexe.