Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
En repensant à ce jour, c’est cette maudite phrase que je ne pouvais me retirer de la tete. Cette vieille amie. Elle avait ce don bien à elle pour me faire perdre toute conscience de réalité.C’était un samedi après-midi, Londres était bercé par les couleurs de la fin de journée, un mélange orangé presque sanguin. J’ai toujours adoré m’y promener à ces heures pour contempler les rues. Les maisons Victoriennes aux couleurs flamboyantes se dressaient sur ma route, les gens se promenaient autour de moi. Vaquant à leurs occupations, nous avions tous un but, un endroit ou allions. J’étais en route pour me rendre au cinéma près de chez moi. J’ai toujours adoré aller au cinéma de jour, la perception entre les heures ambrées et dorées se glissant dans la nuit à ma sortie est une sensation presque étrange, un peu mystique. On est comme en dehors du temps. J’entrais dans le cinéma, j’avais déjà acheté mes billets au préalable, je connaissais cet endroit par coeur, il ne m’était pas étranger. Jusqu’à ce jour, j’adorais cette odeur de pop corn mélangé aux sucreries. Une étrange sensation toutefois m’accompagnait ce jour-là. Ce sentiment d’être suivi ou observé du coin de l’oeil. J’avançais lentement vers la salle de projection en tachant de ne pas y prêter trop attention. J’étais quelque peu dissipée et avais quelques difficultés à me concentrer. J’avais un mal de tete plutôt pénible mais me disais qu’il finirait par s’en aller lorsque je me plongerai dans le film. Il finissait toujours par s’estomper. Je montais le premier étage et arrivai dans ce long couloir étroit. Autrefois baigné de lumières tamisées, je me rendis compte que tout était éteint. C’est à ce moment-là que je la remarquai. Elle était là, sa posture me rappelant une personne fatiguée et en colère. Son sourire malicieux et son regard pénétrant ne faisant face.
J’epprouva soudain une sensation d’étouffement. Je sentis mes mains moites et tremblantes, mon coeur palpitant de plus en plus fort. Au rythme des tachycardies, j’avançais dans cette grande salle tapie dans l’ombre et trouvai un siège où je puisse retrouver mon souffle. Je ne voulais pas la regarder, je ne voulais pas partager son regard. Impuissante face à elle, j’avais la bouche seche et mes maux de tete ne faisaient que s’accroitre. Je sentis qu’elle faisait en sorte que je la voie, que je la regarde. Je sentais mon corps se crisper sous sa présence. Lourdes, pénible, j’essayais de fuir cette attention. Les publicités commencèrent à l’écran, j’essayais de me plonger dans l’univers de ces nouvelles sucreries, de ce nouveau film bientôt sur nos écrans. Tout semblait être plongés dans un monde sombre et sans issue. Je cherchais du regard la porte pour pouvoir m’échapper au cas où elle viendrait me trouver et finir son travail inachevé.
Je posais mes mains sur les accoudoirs de mon fauteuil pour les empêcher de trembler, mais la sensation du tissu sur mes mains trempées ne faisait qu’étendre ma peur. J’essayais de reprendre mon souffle en me focalisant sur les personnes qui m’entourais mais tous semblaient être ailleurs. J’étais là, perdue au milieu de tous ces gens et je n’entendais que mon coeur battant d’un bruit sourd.
Ayant encore un peu de temps avant le début du film, je pensai qu’il était peut-être préférable de sortir, ne serait-ce que quelques minutes afin de ne plus être en contact avec elle. Je ne voulais pas la voir et l’avais fui pendant de nombreuses années, il m’était inconcevable d’imaginer qu’elle ait pu me retrouver. Je sortis en courant de la salle tout en dissimulant ma peur et essayant de faire bonne figure. Il m’était impossible de garder mon calme. En arrivant sur le palier séparant le couloir et les escaliers menant à la sortie, je me retrouvai de nouveau face à elle et c’est alors qu’elle me dévisagea de ses yeux sombres en riant. Ce rire stridant me glaça le sang.
La peur que je ressentis me provoqua une intense douleur dans la poitrine. Pendant quelques secondes, j’essayai de calmer mon souffle mais réalisai vite qu’il était déjà trop tard. Ayant pris complète possession de moi, j’étais à elle et je ne m’appartenais plus. Je partis en courant pour la fuir, son rire faisant écho dans ma tete. Le rythme de mes pas s’accouplant avec ce rire monstueux. Je m’avançais d’un pas lourd en essayant de retrouver cet environnement chaleureux et dont les couleurs m’aideront à reprendre des forces pour mieux l’affronter. Je peinais à descendre les escaliers sans me retrouver au sol tant les vertiges que je ressentais étaient intenses. Mon souffle n’était plus qu’un vaste va et vient douloureux et difficile à supporter. Tout mon corps ne ressentait que douleur et je ne savais plus ou j’étais.
La dernière fois que nous nous étions croisées, elle m’avait empêché de dormir. J’avais passé des heures infinies à la regarder et lui demander de partir. Elle savait toujours comment se retrouver dans mes nuits les plus noires afin de s’y immiscer et y croquer tout ce qu’elle pouvait y trouver. Je la sentais sous ma poitrine crier sa rage. Elle avait décidé de ne plus se cacher et avait choisi de sortir aujourd’hui. Elle était là et comptait bel et bien y rester. Elle est celle que je ne voyais jamais et qui pourtant attendait d’un air de bete guettant sa proie. En sortant du cinéma, je décidai de lui faire face, d’ouvrir mes yeux et la confronter. L’accepter c’était finalement la seule façon d’y mettre fin. Ces rencontres fortuites ne vont plus loin que n’importe quelle reine des drames. Elles sont là pour me rappeler que mon corps vit encore mais que c’est dans la tete que le drame s’est créé. Calmement, je sentis que mon souffle revint à un rythme normal. J’avais les yeux fermés, je levai la tete et lentement les rouvris puis salua ma vieille amie, l’anxiété.
En repensant à ce jour, c’est cette maudite phrase que je ne pouvais me retirer de la tete. Cette vieille amie. Elle avait ce don bien à elle pour me faire perdre toute conscience de réalité.C’était un samedi après-midi, Londres était bercé par les couleurs de la fin de journée, un mélange orangé presque sanguin. J’ai toujours adoré m’y promener à ces heures pour contempler les rues. Les maisons Victoriennes aux couleurs flamboyantes se dressaient sur ma route, les gens se promenaient autour de moi. Vaquant à leurs occupations, nous avions tous un but, un endroit ou allions. J’étais en route pour me rendre au cinéma près de chez moi. J’ai toujours adoré aller au cinéma de jour, la perception entre les heures ambrées et dorées se glissant dans la nuit à ma sortie est une sensation presque étrange, un peu mystique. On est comme en dehors du temps. J’entrais dans le cinéma, j’avais déjà acheté mes billets au préalable, je connaissais cet endroit par coeur, il ne m’était pas étranger. Jusqu’à ce jour, j’adorais cette odeur de pop corn mélangé aux sucreries. Une étrange sensation toutefois m’accompagnait ce jour-là. Ce sentiment d’être suivi ou observé du coin de l’oeil. J’avançais lentement vers la salle de projection en tachant de ne pas y prêter trop attention. J’étais quelque peu dissipée et avais quelques difficultés à me concentrer. J’avais un mal de tete plutôt pénible mais me disais qu’il finirait par s’en aller lorsque je me plongerai dans le film. Il finissait toujours par s’estomper. Je montais le premier étage et arrivai dans ce long couloir étroit. Autrefois baigné de lumières tamisées, je me rendis compte que tout était éteint. C’est à ce moment-là que je la remarquai. Elle était là, sa posture me rappelant une personne fatiguée et en colère. Son sourire malicieux et son regard pénétrant ne faisant face.
J’epprouva soudain une sensation d’étouffement. Je sentis mes mains moites et tremblantes, mon coeur palpitant de plus en plus fort. Au rythme des tachycardies, j’avançais dans cette grande salle tapie dans l’ombre et trouvai un siège où je puisse retrouver mon souffle. Je ne voulais pas la regarder, je ne voulais pas partager son regard. Impuissante face à elle, j’avais la bouche seche et mes maux de tete ne faisaient que s’accroitre. Je sentis qu’elle faisait en sorte que je la voie, que je la regarde. Je sentais mon corps se crisper sous sa présence. Lourdes, pénible, j’essayais de fuir cette attention. Les publicités commencèrent à l’écran, j’essayais de me plonger dans l’univers de ces nouvelles sucreries, de ce nouveau film bientôt sur nos écrans. Tout semblait être plongés dans un monde sombre et sans issue. Je cherchais du regard la porte pour pouvoir m’échapper au cas où elle viendrait me trouver et finir son travail inachevé.
Je posais mes mains sur les accoudoirs de mon fauteuil pour les empêcher de trembler, mais la sensation du tissu sur mes mains trempées ne faisait qu’étendre ma peur. J’essayais de reprendre mon souffle en me focalisant sur les personnes qui m’entourais mais tous semblaient être ailleurs. J’étais là, perdue au milieu de tous ces gens et je n’entendais que mon coeur battant d’un bruit sourd.
Ayant encore un peu de temps avant le début du film, je pensai qu’il était peut-être préférable de sortir, ne serait-ce que quelques minutes afin de ne plus être en contact avec elle. Je ne voulais pas la voir et l’avais fui pendant de nombreuses années, il m’était inconcevable d’imaginer qu’elle ait pu me retrouver. Je sortis en courant de la salle tout en dissimulant ma peur et essayant de faire bonne figure. Il m’était impossible de garder mon calme. En arrivant sur le palier séparant le couloir et les escaliers menant à la sortie, je me retrouvai de nouveau face à elle et c’est alors qu’elle me dévisagea de ses yeux sombres en riant. Ce rire stridant me glaça le sang.
La peur que je ressentis me provoqua une intense douleur dans la poitrine. Pendant quelques secondes, j’essayai de calmer mon souffle mais réalisai vite qu’il était déjà trop tard. Ayant pris complète possession de moi, j’étais à elle et je ne m’appartenais plus. Je partis en courant pour la fuir, son rire faisant écho dans ma tete. Le rythme de mes pas s’accouplant avec ce rire monstueux. Je m’avançais d’un pas lourd en essayant de retrouver cet environnement chaleureux et dont les couleurs m’aideront à reprendre des forces pour mieux l’affronter. Je peinais à descendre les escaliers sans me retrouver au sol tant les vertiges que je ressentais étaient intenses. Mon souffle n’était plus qu’un vaste va et vient douloureux et difficile à supporter. Tout mon corps ne ressentait que douleur et je ne savais plus ou j’étais.
La dernière fois que nous nous étions croisées, elle m’avait empêché de dormir. J’avais passé des heures infinies à la regarder et lui demander de partir. Elle savait toujours comment se retrouver dans mes nuits les plus noires afin de s’y immiscer et y croquer tout ce qu’elle pouvait y trouver. Je la sentais sous ma poitrine crier sa rage. Elle avait décidé de ne plus se cacher et avait choisi de sortir aujourd’hui. Elle était là et comptait bel et bien y rester. Elle est celle que je ne voyais jamais et qui pourtant attendait d’un air de bete guettant sa proie. En sortant du cinéma, je décidai de lui faire face, d’ouvrir mes yeux et la confronter. L’accepter c’était finalement la seule façon d’y mettre fin. Ces rencontres fortuites ne vont plus loin que n’importe quelle reine des drames. Elles sont là pour me rappeler que mon corps vit encore mais que c’est dans la tete que le drame s’est créé. Calmement, je sentis que mon souffle revint à un rythme normal. J’avais les yeux fermés, je levai la tete et lentement les rouvris puis salua ma vieille amie, l’anxiété.