L'hiver... c'est une saison qui semble endormir la nature. Quand on regarde la neige tombée dans ce paysage figé, on imagine rarement que la forêt est beaucoup plus active pendant cette période de l'année.
La panthère des neiges, elle, ne le sait que trop bien. Elle vit ici et là, dans cette forêt depuis de nombreuse saisons. Elle a l'habitude des températures au dessous de zéro. Aujourd'hui elle cherche son repas, les derniers jours ont été durs, ses proies habituelles, les sangliers, restent cachés. La chasseuse doit changer d'objectif, des proies plus rapides certes, mais moins dangereuses. Comme une ombre, elle avance à pas lents, ses grosses pattes s'enfoncent dans la poudreuse fraîche et son pelage blanc constellé de taches noires, se fond parfaitement dans ce décor hivernal. Patiente elle observe chaque arbre, chaque buisson nu, et chaque rocher. Sa longue queue effleure la neige comme une plume portée par le vent. Une légère brise lui apporte des effluves de la ville à quelques kilomètres de là. Elle s'en désintéresse vite, la féline vient de repérer un arbre qui semble avoir abrité quelque chose, la neige est tassée à son pied. Elle se rapproche un peu et reconnaît l'odeur d'une biche. C'est la trace qu'elle attend. Les muscles tendus et le museau face au vent la panthère cherche une piste. Au bout de quelques minutes elle repère ce qu'elle veut. L'odeur commence à disparaître mais elle est encore assez présente pour permettre à la traqueuse de la suivre. Elle avance silencieusement entre les arbres. Ses sens en alerte, elle suit la trace de sa proie. Après plusieurs minutes, la femelle s'arrête devant une bande noire qui déchire la forêt en deux. Elle a une odeur fétide qui fait froncer le nez à notre chasseuse. La panthère attend un instant elle s'élance et en un bond elle parvient de l'autre coté. Laissant cet obstacle derrière elle, la chasseuse s'enfonce dans les bois et continue sa traque. Il lui faut une heure avant que la piste devienne plus fraîche. Elle avance plus vite et tombe sur un regroupement de maisons. Contrainte d'en faire le tour la panthère perd la trace de sa proie. Elle agite la queue avec agacement. Mais elle se reconcentre vite, ce n'est pas le moment de perdre patience, à chaque minute perdue son dîner risque de lui filer entre les pattes. Elle hume l'air plusieurs fois avant de retrouver la piste de la biche. A pas de loup elle la suit telle une ombre. Le soleil commence à décliner dans le ciel lorsque la panthère aperçoit enfin l'herbivore. Celle ci broute les quelques brins d'herbe qui ont réussi à résister au temps froid de l'hiver. La chasseuse se tapit au sol faisant basculer son poids vers l'arrière. Elle fait rouler ses muscles, vérifie qu'elle est contre le vent avant de commencer à avancer vers sa proie. Lorsqu'elle est à moins d'un mètre elle bande ses muscles, ouvre la gueule et saute...
Elle retombe sur la biche, s'agrippant avec ses griffes sur son flanc et lui mordant l'épaule. La biche se débat mais finit par tomber. La panthère se relève la première et l'achève d'un coup de croc dans la nuque. Le sang coule le long du cou de la victime et tache le sol, laissant une trace rouge sur le duvet de neige qui tapisse la forêt. La panthère émet un grondement victorieux. Soudain elle entend un bruissement derrière elle. Toutes griffes dehors elle se retourne en feulant. Le buisson s'agite avant de laisser apparaître trois petites panthères. La mère se détend et vient lécher le front de ses trois bébés. Ils émettent des couinements joyeux avant de courir vers la carcasse. Affamés, ils commencent à manger. La mère se joint à eux et ils dévorent la quasi totalité de la biche. Lorsqu'ils ont fini, la panthère pousse ses petits du museau et ils s'engouffrent dans la forêt, laissant derrière eux, une trace bien visible de leur passage.
L'hiver... c'est une saison qui semble endormir la nature...mais seulement en apparence...