Léo, collégien de 12 ans, passait par le bois de Malvande pour rentrer chez lui. Il était perdu dans une réflexion précise pour déterminer combien de pas séparaient le collège du portail automatique de son immeuble, lorsqu'il remarqua au sol une empreinte anormalement grande formée dans la terre. La trace interpela le jeune garçon car les seuls animaux qui vivaient dans le bois de Malvande ne dépassaient pas la taille d'un sanglier. Léo interrompit sa réflexion pour examiner l'empreinte qui, de toute évidence, tenait plus du fantastique que du réel. En effet, le large cercle formé dans la terre se terminait en trois longues griffes lui rappelant les pattes du dragon de son livre préféré, Arcantia. Il rentra chez lui, déposa son sac dans un coin de sa chambre et s'installa à son bureau. Il effectua plusieurs recherches dans ses livres sur les créatures fantastiques, comparant les traces de pas présentes dans ces ouvrages avec la photographie de l'empreinte découverte dans le bois qu'il avait prise avec son téléphone, et enfin il trouva. Sa découverte le fit frissonner, il vérifia une seconde fois, examinant chaque détail jusqu'à être parfaitement sûr de sa découverte : l'empreinte du bois de Malvande correspondait dans les moindres détails à la description de celle de Griffin, le dragon sanguinaire présent dans son roman. Léo dîna en compagnie de sa mère, s'allongea dans son lit et s'endormit.
Le lendemain, tandis qu'il traversait le bois de Malvande pour rejoindre le collège, Léo tomba de nouveau sur l'empreinte de pas. Il regarda aux alentours et remarqua une série de traces similaires à la première, partants vers le nord. Il les suivit une dizaine de minutes jusqu'à arriver à proximité du collège et ce qu'il découvrit à l'arrivée le surpris tellement qu'il faillit tomber en arrière : les traces s'arrêtaient là, au beau milieu de la forêt. En s'approchant de la dernière empreinte, Léo y découvrit un livre. Il le saisit et l'ouvrit, mais la quasi-totalité des pages étaient vierges, mis à part une page qu'il connaissait bien : celle détaillant le dragon Griffin présent dans le roman Arcantia qu'il lisait chaque soir. La dernière sonnerie du collège le tira de sa rêverie et il se dépêcha de s'y rendre. A la pause déjeuner, Léo étudiait l'ouvrage qu'il avait trouvé avec attention lorsque Greg, une grosse brute, s'approcha en le regardant avec mépris. « Alors, l'intello, toujours le nez dans les livres ? » lui dit-il en donnant un coup dans l'objet pour l'expédier au sol. « C'est pas tes affaires, Greg. » lança Léo en s'avançant pour ramasser l'ouvrage. Greg le plaqua contre le mur au rire général de ses complices. Léo tenta de riposter en vain, lorsque le livre s'ouvrit de lui-même à la page du dragon, dont l'image sortit de l'ouvrage. La créature semblait irréelle, comme un dessin, et dépassait les trois mètres. Un rugissement sauvage retentit dans la cour, provoquant une panique générale au sein de l'établissement. Greg s'enfuit à toutes jambes tandis que la créature déploya ses ailes majestueuses et s'envola dans les cieux.
Le soir, Léo mangeait ses pâtes devant la télévision lorsque le journaliste annonça une nouvelle qui le fit frémir : la trace de pas du dragon apparaissait à l'écran, mais elle était trois fois plus grande que celle qu'il avait aperçu dans le bois. Il se demanda ce qui avait pu se passer, puis monta dans sa chambre. Il n'arriva pas à s'endormir directement, et se réveilla vers 3 heures du matin. Il décida de partir à la recherche de la réponse à la question qui le tracassait depuis le journal de 20 heures : pourquoi la trace de patte avait grandi ? Il fit son sac et pris le premier bus pour Grenoble, puisque le présentateur avait annoncé que l'empreinte était présente à proximité de la ville. Il se rendit sur les lieux et découvrit la fameuse empreinte de Griffin. Il l'observa avec attention, qui fût rapidement détournée par le craquement d'une brindille. Il se retourna pour découvrir une créature à corps de lion, à tête d'ours et au pelage doré qui lui parût, tout comme le dragon, irréelle, comme un dessin. « Le lormix doré du nord... » murmura Léo. Cette créature, Léo la connaissait bien puisqu'elle était au centre de l'intrigue de son roman. Il sortit de son sac le livre de Malvande – c'est ainsi qu'il l'avait baptiser -, l'ouvrit à une page et s'approcha lentement de la créature, qui sauta sur l'ouvrage et disparût dans une apaisante lueur orangée. Là, sur une page normalement vierge, apparût la description du lormix doré. Tandis qu'il était plongé dans sa lecture, une ombre gigantesque apparût dans le ciel. C'est sans aucune difficulté que Léo l'identifia comme Griffin le sanguinaire, qui plongeait désormais sur le garçon. Léo ferma les yeux en attendant la mort. C'est alors que le dragon s'écrasa à une trentaine de mètre de lui. Léo l'observa attentivement, lorsque soudain, la créature recracha une dizaine de petites créatures présentes dans le roman Arcantia qui se ruèrent dans le livre de Malvande, désormais ouvert sur le sol. Griffin continua de vomir des centaines de créatures pour finalement retrouver sa taille normale et plonger dans l'ouvrage pour rattraper son dîner. Une voix retentit alors dans sa tête : « Toi qui as brisé la malédiction, soit récompensé ; choisit une créature de cet ouvrage qui t'accompagnera. »
Léo dormait à pont fermé, blottit contre un pelage doré et soyeux, fière de ce qu'il avait accompli.