«Je reviendrai te hanter, pour me venger de ce que tu m'as fait subir. Tu seras heureuse de mourir. Ton châtiment ne s'arrêtera pas là. Tu vas souffrir. Edward»
Je contemple la lettre, indécise. Comment a-t-elle pu atterrir dans ma poche ? J'étais allée aux toilettes, au café, et à mon retour à la table, elle était dans la poche de mon pantalon. Quand j'y repense, un homme, blanc comme si on l'avait passé à la javel, s'était trompé de toilettes et était entré en collision avec moi pile au moment où je sortais. C'était peut-être lui ? Mais surtout, qui était cet Edward ?
Bref, après avoir payé ma consommation, je suis sortie dans le rue, brumeuse comme toujours, et eus un mauvais pressentiment.
Du coin de l'œil, je vis quelque chose qui ne me plut pas.
J'étais suivie.
Par l'homme qui m'était rentré dedans aux toilettes. La petite voix dans ma tête me soufflait que c'était peut-être un violeur, un kidnappeur, ou un de ses hommes qui séquestrent et mangent ses victimes. Peut-être est-ce un de mes semblables ou un journaliste qui veut des faits croustillants sur l'affaire de Claire Prévent ?
Ils pensent tous que je l'ai tuée, et beaucoup de faits sont contre moi, mais tant que le verdict n'est pas tombé (et qu'ils n'ont pas de preuves concrètes) je suis innocente.
Arrivée chez moi, l'homme ne me suivait plus. J'entre, referme la porte et verrouille la serrure. Je me dirige vers la cuisine et commence à préparer le dîner. Je coupe un poivron, une aubergine, et soudain, l'énorme couteau de cuisine m'échappe des mains et se plante dans ma main. J'hurle de douleur et retire le couteau en jurant.
Alors que je me dirige vers la salle de bain, où est rangée ma trousse de pharmacie, une des vitres du salon explose. Je me tais et regarde la brique qui a percuté la vitre et déclenché les alarmes.
Un papier est accroché dessus : «Vengeance pour Claire!» et, d'une écriture beaucoup plus soignée : « Alors, ça fait mal ?». C'est l'écriture du papier, au café !
Je lève la tête, affronte le groupe de partisans de Claire, et aperçois l'homme qui m'a suivie. Avec ses vêtements troués et tachés, sa tête blanche et ses yeux noirs, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Une autre brique est lancée, elle détruit complètement la fenêtre. Les bris de verre me lacèrent le visage. Des gouttes de sang coulent sur mon œil gauche. Je réalise avec effroi qu'un éclat de verre s'est fichu dans mon arcade sourcilière. De l'œil droit, je vois des enfants me lancer des cailloux. Ils rebondissent sur ma peau. Puis je vois arriver une camionnette de journalistes qui filment la scène.
" Voici la maison de Gabrielle Mark, accusée de meurtre. Beaucoup de personnes la croient responsable des meurtres de Nina Derant, 12 ans, de Marc Mulin, 48 ans, Edward Poincarré, 20 ans et de la jeune Claire Prévent, 9 ans, qui a disparu sans laisser de trace" s'exclame la journaliste.
Edward... Je connais ce prénom..., pensais-je.
Les policiers sont arrivés et menacent de leur pistolets la foule qui essaye d'entrer dans mon salon par les fenêtres cassées (alors que je suis là, plantée avec ma main entourée de Sopalin, à les regarder).
Une détonation retentit. La foule se tait. Une balle vient d'être tirée. Ils regardèrent la trajectoire de la balle, qui m'atteint à l'épaule.
Je bascule en arrière.
Je sens le sang couler abondamment de la plaie, laissant une trace sur mon chemisier. Le vent chuchote : «Oh mon Dieu ! Elle est morte !» Non, pas encore. «Regardez ! Elle se relève !»
Personne ne bouge, tandis que je me dirige, en sang, vers ma cave.
Je sais que j'y trouverai des réponses.
En bas, j'aperçois une table où est posé un étrange ouvrage. J'ouvre le registre à la page des E.
Elizabeth, Émile, Evan, Edward, là ! «Edward Poincarré, 20 ans, touriste de Lille, tué à coups de couteau»
Une ombre s'éleva alors derrière moi. Edward...
«Nous revoilà dans ta cave. Tu te souviens ? 6 coups de couteau. Je me suis vengé. Maintenant, c'est au tour d'Émile, de Claire, de Fabienne, de Zoé et des autres de se venger. Tu vas souffrir Gabrielle». Sur ce, il leva son couteau et me transperça la poitrine. 37 fois, pour tous ceux que j'ai tués.
Edward laissa gîser le cadavre de Gabrielle à côté de son registre : la police aura ainsi la preuve de tous les meurtres non élucidés commis au cours des 5 dernières années.
La vengeance a laissé sa trace, sur Gabrielle et dans l'âme de ses victimes.