Le soleil est caché derrière des nuages, le plateau est d'un blanc éblouissant. On peut entendre ainsi que voir un homme vêtu d'un épais manteau de fourrure et d'un bonnet, marcher sur un épaisse couche de neige. Sa barbe grise-brune cache presque l'entièreté de sa bouche, ses yeux bleus regardent en direction d'une vieille bâtisse. Un petit nuage de fumée sort de sa bouche, c'est sa respiration. Il arrive enfin au seuil de la cabane, s'essuie les pieds sur une vielle planche qui lui sert de paillasson et ouvre la porte. L'intérieur est impeccable, un tapis rouge recouvre l'entièreté de cette unique pièce, du côté gauche de la pièce se trouve un lit avec à ses pieds un coffre couvert d'ornements d'origine inconnue, du côté droit une table et une chaise se trouvent à côté d'un poêle avec, accrochés quelques centimètres au-dessus, des ustensiles de cuisine. Il se dirige vers le poêle, dépose les bûches dedans puis va chercher dans le coffre un œuf ainsi que du saucisson. Il retourne ensuite devant le poêle et se fait cuire un œuf-au-plat en mangeant son saucisson, une fois prêt, il s'installe à table, fait un semblant de prière rapide et savoure ensuite le plat qu'il a préparé, un sourire se dessine sur son visage. Il reste assis sur sa chaise un long moment puis se dirige vers son lit avant de s'endormir un sourire aux lèvres. Cette nuit-là, il fait un cauchemar :ses brebis hurlent et se font abattre une par une par une masse noire au bois de cerf, il ne peut rien faire, il regarde impuissant la masse noire faire son carnage, avant de se faire lui même attaquer et tuer. C'est à ce moment là qu'il se réveille en sursaut dégoulinant de sueur, il lance un regard à travers la fenêtre, il fait encore nuit noire, il se recouche et finit sa nuit sans aucun rêve. Au levé du soleil, il se lève et se dirige vers un calendrier et constate que c'est le jour de réapprovisionnement. Il s'habille donc de son manteau ainsi que de ses bottes et sort. Une couche de neige dix fois plus grosse que d'habitude rend le chemin jusqu'au village impraticable. Un sentiment de peur le remplit, il se précipite dans la bâtisse et ouvre le coffre, plus de provision... Son visage se fige de terreur, il se met à transpirer malgré le froid mordant qui rentre par la porte laissée ouverte. Il sait que si le chemin est impraticable aujourd'hui, il le restera sûrement une semaine, le temps que la neige fonde. Il se rappelle soudain qu'il lui reste ses brebis... Il ressort et ferme la porte derrière lui, court jusqu'à l'enclôt et l'ouvre pour découvrir quelques mètres plus loin des tâches de sang. Il est soudain pris d'une peur intense et se précipite dans son terrier tel un lapin sentant le danger. Il sort son fusil et s'accroupit dans un coin de la pièce loin de toutes fenêtres et reste dans cette position des heures durant les oreilles aux aguets . Trois heures plus tard la nuit tombe, il est toujours accroupi le doigt sur la détente quand des pas lourds se font entendre hors de la demeure, des pas lourds qui se dirigent vers la porte. Les pas s'arrêtent, on peut entendre une respiration presque animale mais la chose inconnue toque comme pour percevoir une présence humaine... Après un long moment de silence la chose s'éloigne et l'homme s'effondre de peur et s'endort. Le lendemain l'homme se réveille dans une grotte couvert de son manteau, le front brûlant et la mâchoire couverte de sang. À côté de lui se trouve une carcasse d'origine inconnue, il essaye quand même plusieurs fois d'en déterminer l'origine mais rien. Paniqué, il sort de la grotte pour retrouver le chemin de son logis. Finalement il se met à suivre une longue trace de sang qui le mène directement chez lui. Il se pose sur son lit, sa tête tourne, il se sent de moins en moins bien... Il sort précipitamment une petite bouteille violette de son coffre et en bois rapidement le contenu, mais au lieu d'un remède il attrape une migraine à s'en taper la tête contre les murs. Il s'allonge donc sur son lit et s'endort au bout d'un long moment... Cette nuit-là, toujours pas de rêve, mais des cris sortent de son humble maison, des cris que l'on peut entendre depuis le village le plus proche qui se trouve à plus de deux kilomètres... Au matin ce qui se trouve sur son lit n'est plus que la moitié de l'homme qu'il était hier. Il s'était délecté de la carcasse qu'il n'arrivait pas à identifier, et qui se trouvait être la carcasse d'un wendigo un homme qui s'était transformé en une créature hybride après avoir succombé à la fin et manger lui même de la viande humaine. Il allait mourir, ou du moins changé
er de forme... Ses yeux sont de plus en plus gris, ses dents pourrissent à une vitesse ahurissante, il n'a plus que la peau sur les os. Son souffle est faible, la porte restée ouverte emplit la pièce d'un froid intense, il ne lui reste plus beaucoup de temps. Il se remet à crier, de douleur mais aussi de rage, il ne voulait pas mourir. Il pense que la viande qu'il a mangée était avariée. Même s'il est sûrement trop tard, il essaye de se faire vomir, mais il n'en a pas la force. Il finit par s'endormir, et cette fois il fait un rêve, il se trouve dans une immense pièce froide dont les murs, le sol et le plafond sont constitué de rouages qui tournent ; s'il ne bouge pas il se fera écraser par le mécanisme. Il se met donc à bouger, cela dure des heures,et cela durera d'ailleurs sûrement des jours voire des années jusqu'à sa mort car effectivement son corps ne lui appartient plus. L'homme qui se réveille sur son lit, qui se met debout comme si rien ne lui était arrivé, qui se dirige vers la forêt pour tuer et récupérer le crâne d'un cerf n'est plus un homme. Son corps est une coquille vide habité comme par un nouveau lui qui a perdu toute trace d'humanité. Plusieurs jours après, trois hommes arrivent et toquent à la porte du petit chalet, ils rentrent et trouvent la maison sens dessus dessous, sur le lit se trouve un homme avec dans sa main un crâne de cerf ensanglanté.