La pluie tombait sur le toit de la maison de Haéna qui dormait. C'était un soir d'été et la fenêtre de la jeune fille était ouverte. Un faible rayon de lune entrait dans la pièce et illuminait le bras de la jeune fille. Sa manche de pyjama était remontée.
Au loin, la foudre s'abattit sur un arbre. Quelques secondes plus tard, on entendit des cris affolés. L'arbre brûlait. Mais la pluie qui se déchaînait allait sûrement l'éteindre. L'orage grondait. Un éclair barra le ciel. Le tonnerre retentit et une milliseconde plus tard, un nouvel éclair prenait la trajectoire de la fenêtre ouverte de Haéna. La trajectoire inévitable qui présageait l'horreur. Où plutôt, LA MORT... L'éclair s'engouffra dans la chambre. Haéna grogna. Sûrement son dernier cri car en ce 17 Juin 2019, une jeune fille avait trouvé la mort par un éclair qui avait frappé son bras de plein fouet.
L'annonce était parue dans tout les journaux et des personnes curieuses avaient accourues dans la maison de la jeune fille morte. Mais ce qu'ignoraient ces gens attroupés devant la maison, c'était que Haéna n'était pas morte.
Les parents de la défunte pleuraient sur le seuil de la porte et on leur offrait des milliers de cadeaux. Haéna reposait toujours dans son lit. Elle n'avait aucun signe de l'éclair hormis une cicatrice en forme... d'éclair.
Elle avait mal à la tête. Très mal même. Elle ne comprenait pas pourquoi il y avait tant de bruit en bas. Ses parents faisaient ils une fête ? Elle se leva et s'habilla, combattant son mal de tête. Une fois habillée, elle descendit l'escalier. En bas, des centaines d'hommes et de femmes se tenaient devant l'entrée. Au dessus de chacune de leurs têtes flottait une petite lueur bleue qui ressemblait à du feu. Il y en avait aussi une au dessus de la tête de ses parents. Haéna vit qu'ils pleuraient.
- Votre fille est toujours dans vos cœur, dit une vieille dame à la mère.
Tous ces gens parlaient comme si elle était morte !
- Elle est morte heureuse ! Dit l'épicière du quartier.
La jeune fille se précipita vers ses parents tout en criant :
- Je suis là, je ne suis pas morte !
Mais ses parents ne l'entendirent pas. Elle secoua la main devant leurs yeux mais ils ne tiquèrent pas.
- C'est normal Haéna, dit une voix grave qui semblait venir de la terre elle même.
Haéna sursauta. C'était le feu aux dessus de la tête de son père qui avait parlé.
- Mais... qui êtes vous ? Pouvez vous m'expliquer ? Mes parents ne m'entendent pas, vous êtes des feus qui flottent aux dessus des têtes et on dit que je suis morte ! Pourquoi ?!
- Asseyez vous sur le canapé et écoutez moi.
Haéna fut tenté de protester mais elle n'en fit rien. Enfin bon, on lui proposait de s'asseoir dans sa maison et sur son canapé ! Elle s'assit et écouta le petit feu qui tremblotait au dessus du canapé.
- Nous sommes des spectres, l'esprit des gens.
- Je ne comprends pas, dit Haéna, vous êtes notre cerveau ?
- En quelque sorte, oui. On permet aux humains d'être un être à part entière.
- A part entière ?
- Nous sommes leur identité, leur personnalité. C'est nous qui renfermons leur couleurs préféré, leur plat favori, leur film adoré et plein d'autres choses encore...Nous ne pouvons pas nous éloigner d'eux sous peine de les rendre fou. Ils ne sont plus rien sans leur identité.
- Mais alors, quel rapport avec moi ?
- Tu es maintenant l'une des nôtres.
- L'une des vôtres ? Suis-je résignée à tourner autour de la tête de quelqu'un ?
- Heu... En temps normal, oui.
- Comment ça en « temps normal » ? Je suis pas normal ?
- Non. À cause de ça !
Le bras de Haéna se leva tout seule et la manche de son pull remontra pour montrer la cicatrice sanguinolente.
- Eh bien quoi, je crois que c'est normal d'avoir une cicatrice après s'être fait frappé par un éclair ! Non ?
- Oui et non, laissez moi vous expliquer.
- Ah, enfin ! Ce serait un plaisir ! Je n'attends que ça depuis tout à l'heure je vous signale, mon cher « môssieur » le spectre !
- Allons, allons jeune fille, ne vous énervez pas ! Je vais immédiatement vous expliquer. Mais je vous demanderais de ne pas m'interrompre.
- Oui et bien reposez d'abord mon bras et je vous écouterais !
- Ah oui oups, c'est notre magie !
Le bras de Haéna retomba et le spectre commença son récit.
- Il a été prédit de longues dates, qu'un jour, un éclair donnerait la mort à une jeune fille. Vous. Elle en garderait une cicatrice en forme d'éclair. Mais la mort ne serait pas encore la bienvenue pour cette jeune âme qui n'avait pas encore assez profité de la vie et de ses bonheurs. On déclara alors que cette élue aurait la possibilité de ressusciter une fois. Grâce au pouvoir du spectre de ses parents qui pourrait la ramener dans le monde des vivants.
Le récit du spectre laissa la « jeune âme » interrogative.
- Je pourrais donc, selon la prophétie, ressusciter ?
- Oui, mon enfant, vous pouvez.
- Alors dépêchez vous de me ramener à la vie !
- Oui, c'est ce que je ferais lorsque je vous aurais dit tout ce que vous devez savoir.
- Tout ce que je dois savoir ?
- Tu dois réellement savoir une seule chose. Mais elle est essentielle au maintient du secret de l'existence des spectres et de l'identité des personnes vivantes.
- J'imagine qu'il ne faut surtout pas que je révèle votre existence, soupira Haéna en levant les yeux aux ciel.
- C'est cela, et c'est très important !
- Oui, je ne dirais rien !
- Le promets-tu ?
- Je vous le promet.
Sur ces mots, le monde se mit à tournoyer autour de Haéna et elle retomba sur le parquet de sa chambre. Elle se releva d'un bond et se précipita en bas. Ses parents sanglotaient toujours.
- Papa, maman !!!
Ses parents se tournèrent vers elle. Leurs yeux bouffis s'illuminèrent d'une lueur joyeuse qui aurait put allumer un feu. Dans les bras chaleureux de ses parents, Haéna remonta sa manche et contempla la cicatrice qui resterait à jamais gravée sur sa peau. La trace du monde des spectres...