« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux », répétait à l’envie le Professeur MAP. Il savait bien à quel point son impact émotionnel était très connu dans son pays et dans le monde grâce à ses nombreuses créations, mais dans ses idées, il voulait faire plus qu’auparavant. C’était un expert, un savant dans la peinture. Il enseignait l’art plastique dans une Université publique du Cameroun et en même temps il détenait un immense centre de formation en art plastique.
Cependant, dans l’angoisse de vouloir réaliser un lourd tableau, le Professeur MAP s’abusait dans ses idées. Rien d’aussi simple ne pouvait le perturber autant, il avait certainement un quelconque problème qu’il choisit d’exprimer dans sa peau d’artiste. Entretemps, il pensait à faire un grand étalage de ses tableaux et de ceux de ses disciples en fin d’année. Pour cela, il prévoyait montrer aux spectateurs ce tableau légendaire.
Tout commença ce matin ; dans l’amphithéâtre avec ses étudiants, quand il conclut son cours avec un soupir prétentieux :
- Nous demeurons dans un pays de quiétudes. Nous sommes abondamment dédaigneux mais nous ne sommes pas pleinement enchantés car il nous manque une chose ``l’amour du prochain``. Sachez qu’une nation est riche de sa diversité... Donc, j’ai une stupéfaction pour vous les amis. Je vous envoie tous en ballades dans les coins du pays pour enquêter sur les différentes ethnies qui le composent. Pour se faire, je vous décamperai en dix groupes respectifs aux dix Régions du pays soient l’Extrême-Nord, le Nord, l’Adamaoua, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, le Sud, l’Est, l’Ouest, le Littoral et le Centre. Surtout ne vous épouvantez pas, vous aurez tout le nécessaire dont il vous faudra. Voici une prérogative pour vous d’aller découvrir de vous-mêmes une partie de votre pays. Ceci est une donation de ma part. Donc, je vous tiendrai informés... Je vous remercie !
Le matin, de bonne heure, le Professeur MAP alla rencontrer le Recteur de l’Université pour partager avec lui ce projet de tourisme ; l’idée était remarquable. De cette entrevue, il arriva à obtenir la couverture de l’Université pour l’expédition des étudiants. Plus que quelques formalités à remplir pour que tout soit prêt pour enclencher le processus.
Après quelques jours de préparations, voici venu le moment. Cette détente devait respecter un délai de quatorze jours. Chaque groupe était gratifié de tous les fourniments convenables à sa Régions de mission. Ils prirent tous l’envol et par derrière, le Professeur MAP commença à établir les bases de sa peinture. Pour cette représentation, il se servit de son immense atelier très riche en équipements d’autant plus que c’était un peintre très connu et très fortuné.
Deux semaines se furent écroulées et voici le retour héroïque de ses étudiants qui revenaient avec plein d’histoires à raconter. Chaque groupe restitua alors tous les résultats de son tourisme et voici le Professeur MAP appelé à tout apprécier avec grand soin pour donner à son tableau une image semblable à son pays.
Le professeur MAP passa, le jour suivant, un communiqué radiotélévisé pour donner au grand public des informations relatives à l’exposition de ses tableaux. Tout le monde était impatient de ce grand jour car il avait promis à tous une belle surprise. Pour une personne qui avait eu une célèbre carrière, son départ à la retraite devait être aussi rayonnant. De toutes les façons, tout le monde n’attendait que ce jour.
Après avoir longtemps étudié les séquelles des recherches de ses étudiants, le professeur MAP se mit à l’ouvrage. Il doit représenter sur un tableau le Cameroun avec toutes ses ethnies colorées de ses traditions et coutumes. Tâche très compliquée, alors il se détourna de sa version initiale du Cameroun déshabillé et pensa plutôt à faire une simple esquisse du Cameroun et ses ethnies. Pendant qu’il réalisait son tableau, quelques-uns de ses élèves l’accompagnaient. Ils y passèrent toutes les nuits pendant un délai bien déterminé.
Enfin ce fut achevé ; voici son chef-d’œuvre prêt. Le vieil homme prit du recul pour admirer intimement la magnificence de l’œuvre de ses mains. C’était un très grand et beau tableau, son unique grand tableau. On pouvait lire le titre de son dessin sur la barre à titre de son tableau. Il l’avait surnommé « la Tartelette » ; la fameuse tartelette qui fera l’objet de la belle surprise promise à ses spectateurs et invités.
Le professeur MAP était alors prêt pour son exposition. Son tableau surprise était achevé. Il entama dès lors les dernières démarches pour tout mettre au propre avant le jour de l’évènement. Tout était paré, la salle d’exposition, la salle de réception, les différents tableaux à exposer, la boisson et tout le reste.
Voici venu le grand jour. Sur la cour on pouvait discerner diverses personnes venues de tous les coins du pays, entre autres des personnalités publiques, des hommes d’affaires, des artistes de tout genre, des média, des fans de la peinture et bon nombre d’autres personnes. La cour était touffue. Les grandes portent de la salle d’exposition furent ouvertes et tout le monde entrait de façon ordonnée. A l’intérieur on se croyait dans un musé de tableaux. De l’aire pure effleurait toutes les peaux et dans l’atmosphère on pouvait renifler la pureté de l’art. Tous les tableaux du professeur MAP, ensemble des meilleurs tableaux de ses élèves, étaient en exposition. Son tout dernier tableau était recouvert d’un rideau blanc et placé au centre de la pièce.
« Bienvenue à tous ! », une voix sortie de nulle part. C’était le professeur MAP, qui parlait à l’aide d’un micro, placé sur le podium de la salle. Tous s’approchèrent de lui. Il prononça un brillant discours d’accueil conclu par : « faire de l’art c’est saigner de sueur », suivi d’énormes acclamations du public.
Le rideau blanc fut enlevé et voici la plus grande partie des attentions portées sur le tableau du Cameroun. Des prises de photos par-ci, des commentaires par-là, des gens s’emportaient pendant que d’autres s’interrogeaient. Les caméras de média quant à elles sillonnèrent les contours de la salle. De cette même façon, plusieurs personnes s’approchèrent du service commercial pour passer déjà leurs commandes. Les demandes de son grand tableau étaient énormes ; le professeur MAP décida alors de le placer aux grandes enchères du pays, le temps pour lui de produire des exemplaires.
L’heure de la réception fut arrivée. Tout le monde était invité à prendre part au festin et chacun s’impatientait de découvrir la deuxième partie de la surprise. A l’entrée de la salle, tous les invités se cherchèrent une place pendant que leurs yeux s’exorbitaient dans tous les sens. Malheureusement, la salle ne montrait qu’une décoration céleste ; tous les invités étaient stupéfiés de savoir que la salle n’était qu’un auditoire acharné de petits plats. Mais, Quelques minutes après, un des grands rideaux qui décoraient la salle se divisa en deux pour laisser apparaitre un gigantesque gâteau : c’était le gâteau du Cameroun préparé à l’image du tableau. La splendeur et la grosseur du gâteau attiraient l’attention de tous les présents avec des impressions de tout genre et voici que le sourire se dessinait sur tous les visages. Le gâteau fut reparti en plusieurs morceaux dans une douce ambiance et tous les invités profitèrent du délicieux goût du Cameroun.
C’était formidable. L’exposition et la réception étaient une réussite. Mais, l’affaire ne s’arrêta pas là ; le professeur MAP allait devoir affronter l’auditoire mondial. De la joie aux grosses goûtes de sueur, il répliqua : « suis-je dans la lumière ou ai-je les yeux ouverts ? Peut-être les deux ».