La sprinteuse 242

Son prénom c'est Natacha.
Elle s'entraînait régulièrement quand bien même les conditions n'étaient pas réunies. Dans sa tenue tricolore du vert, jaune, et rouge natales, elle nourrissait l'idée de remporter le sprint final des 100 mètres lors des huitièmes jeux de la Francophonie.
_Serait-il possible dans ces conditions ? S'interrogeait son manager parfois.
Pendant ce temps des préparatifs, certaines athlètes professionnelles sous d'autres cieux bénéficiaient: soutiens multiformes à l'instar de nouvelles acquisitions sportives de leurs fédérations respectives; des encouragements venant des partenaires divers etc.
Natacha en revanche, jusque-là demeurait l'inconnue du public.
Elle n'était à peine entourée que d'un petit groupe d'hommes. On pouvait constater son père, faisant office de manager ; d'un autre monsieur, assez chauvin qui en avait l'air de son coach. Aussi un peu à l'écart, sur le bord du boulevard où s'entraînait la sprinteuse, j'observais un jeune homme maigrichon. Lequel correspondait à quelqu'un de proche pour l'athlète. Car il était souvent présent à son lieu d'entraînement, comme nous autres qui de temps en temps venaient assister cette compatriote.
Natacha est d'une ambition majestueuse, ne cessait-elle de répéter à son manager "qu'elle ferait l'exploit de Hussein BOLT en version féminine". Waouh !
Nous étions éberlués à l'entendre parlé de la sorte. Tellement ambitieuse, Natacha faisait foi d'une certaine confiance incommensurable ; quelquefois démesurée.

À mesure qu'elle s'entraînait, sa performance biologique à savoir, force et vitesse de contraction des fibres musculaires se renforçait.

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Le Jour-j
Tout se passait loin des simples retrouvailles en famille ; dans un autre pays de la sous région, Natacha ne connaissait personne sur le public des supporters.
Elle pouvait dès lors, remarquer les quelque vert*jaune*rouge sur les gradins ; ces couleurs s'agitaient de façon dispatchée par des individus non identifiés. Dans ce stade gigantesque, emplit d'ardeur et de pressions.

Natacha se trouvait déjà là, en position de départ derrière les starting blocks; quand le son d'une vive voix retentissait sur ses oreilles :
__....tacha AAA... On compte sur toi !!
Soudain elle s'était ressaisie en réalisant qu'en dehors de sa petite équipe de coaching, il y avait également une certaine gens qui se seraient fait déplacés pour l'encourager.

À cet instant précis, la chaleur tropicale est à son comble. Et monta d'un seul cran son adrénaline. Natacha ne pouvait plus rien attendre que le commandement du starter :
__À vos marques !
Dans son for intérieur, jamais ne pouvait se tramer l'idée d'un faux départ ; même pas dans un rêve. Oui, elle savait d'où elle venait : des entraînements acharnés parfois contre son gré, associer aux railleries infantiles souvent stériles de ses fausses amies qui n'étaient qu'en réalité ses annamies. Lesquelles ne croyaient absolument pas en une victoire de Natacha
Elle en revanche, croyait tout naturellement à vibrer au rythme d'une victoire écrasante lors de ces huitièmes jeux de la Francophonie. En effet toute focalisée était-elle pendant la phase de la mise en action : le jaillissement des blocks.
Natacha devait allonger progressivement ses foulées depuis déjà un peu plus de cinq secondes que "le partez" aura été donné par le starter. Dans cette course plurielle, toutes les athlètes en lice avaient une petite longueur d'avance sur elle. Une autre voix retentissait à nouveau du côté des supporters :
__Vive la 242... on est ensemble !!
Et là encore, Natacha comprenait qu'elle n'avait pas d'excuses à donner en cas de défaite. D'un seul coup d'œil sur l'écran géant principal, s'apercevait que son emplacement actuel n'était pas favorable. Ainsi, en entamant la phase de poussée, elles étaient toutes resserrées en bonne ligne. C'est là, comme par hasard, qu'une poucette miraculeuse intervenait en faveur de la sprinteuse 242. Un vent surnaturel soufflait sur le dos de Natacha, la propulsant devant d'autres athlètes. Incroyable, mais vrai ! Juste à ses côtés, on pouvait constater l'emplacement de la 243 à gauche et la 234 à sa droite. Alors, Natacha s'était faufilée entre ces sprinteuses comme dans une sorte incursion.
Eh bien, c'était dans la phase de transition !
Elle n'en doutait pas d'être en bonne voie à cet instant :
__Natacha fonce, renchérissait son manager de père !
Qui pouvait imaginer la furie mêlée d'angoisse qu'elle éprouvait ?
Petit à petit, elle se dirigeait vers le couloir de la sortie en maintenant sa vitesse à l'arrivée.
Quelle belle prestation pour cette femme, la sprinteuse engagée ! Venant de loin, on pouvait donc comprendre le sourire accompagné des pas de danses, au rythme de l'ambiance locale qu'esquissait Natacha, en maintenant le griffé.
Première médaillée, primée lors des huitièmes jeux de la Francophonie organisé par l'organisation internationale de la Francophonie en sigle "O.I.F" au Cameroun.

Je salue-là, le parcours élogieux d'une femme qui autrefois l'inconnue du public ; puisqu'elle s'était révélée par son sens d'effort dans le travail, son engagement personnel à promouvoir les couleurs de sa chère mère patrie. Cette victoire lui aura value d'être reçue par les plus hautes autorités non seulement de l'organisation, également de son pays.
En rabâchant les propos de Natacha Ngoye:
__ «C'est avec émotion que de dire : il est possible d'être issue d'un milieu défavorisé, puis être propulsé à des niveaux élevés car j'en suis l'exemple même de mes propres déclarations (...) Seuls la détermination, l'effort surtout le sens de l'engagement, feraient la différence (...)".