Toute histoire commence un jour, quelque part, celle-ci était sur une petite route, à mi chemin de la maison, le regard se dirigeait vers les lueurs crépusculaires, annonçant la fin de la journée, qu’une douleur s’empare de Neila, à la fois légère et pénible, sensation inconnu envahissant sa poitrine gauche, qu’elle y penche comme pour contenir un cœur lourd. Les sourcils tombent légèrement sur les paupières ensevelissant la saillie, qui débordent presque quelques gouttes de larmes sans les verser. Mais la pupille ne peut tromper laissant échapper un éclat attestant de la tristesse face à la tournure qu’a pris sa vie récemment. Le temps d’un instant, il n y a plus qu’elle, le ciel embrassant le soleil couchant et le reflet des passants.
Neila est une jeune fille qui vient d’entamer l’université, les rêves plein la tête, elle est excitée à l’idée de franchir une nouvelle étape dans sa vie, l’étape tant idéalisée par ses proches et tout son entourage, car l’année qui précédait était encline aux décisions qui allaient définir son futur, raison pour la quelle elle a fourni tant d’efforts, pour arriver là ou elle se voyait le mieux être, étudiante en pharmacie.
Hélas, ce n'est pas le cas, le chemin emprunté est rudement rempli d’épines, là ou elle voyait aventure, il y a routine, là ou elle croyait faire de belles rencontres, il y a eu d’affreuses personnes, l’illusion est rompue, la fac est loin d’être un endroit magnifique, pour le quelle, elle a fait tant d’effort.
Le plus dur était de cacher son désenchantement à son entourage qui avait mis beaucoup d’espoir sur elle et à son amie Mani, pour qui l’amitié dépassait le cap du temps. Mani est cette amie pour qui les yeux ne trompent jamais, quand les mots faillent.
Neila et Mani sont inséparables, depuis qu’elles se sont assises ensemble aux rangs des primaires, jusqu’au jour ou il fallait quitter le lycée. Malheureusement, elles ont suivis des routes différentes, deux spécialités différentes, qui feront que ces deux la, s’éloignent et partent chaque une de son coté.
Les jours se succèdent, les saisons passent et Neila ne comprend toujours pas d’où vient cette sensation ardente, qui surgit surtout le soir. Seule, elle se sent mieux, car elle-même ne comprend pas ce qui se passe, comment l’expliquer aux autres ?
Surtout qu’elle voit tous ses anciens camarades de classes épanouis dans cette nouvelle vie, alors elle se met à lire, et comme une sensation de contentement, elle amoindri les allées à la fac, préférant rester étudier à la maison, elle avait plus le temps de lire ainsi, c’est la qu’elle découvre l’art et tout le ressenti qui va avec, mais quel est ce sentiment, qui permet à l’âme de soupirer ? Chopin valsait sa solitude, nuit étoilée de Van Gogh illuminait les siennes, et Camille Claudel apprivoisait ses cris avec des lectures qui exprimaient cet état abstrait qu’elle ne comprenait toujours pas.
Et c’est de l’amertume des jours, que la pensée tourne vers cet inconnu qui refait surface dans ses moments de solitude la faisant échapper de son quotidien fastidieux, elle revoie cet inconnu et les oscillations commencent, papillon au ventre, respiration coupée. Il était d’une simplicité ! L’allure ordinaire, la peau blanche, la barbe un peu délaissée qui lui valait bien, l’air un peu bad boy, le faciès toujours crispé, ne sourit pas souvent et pourtant son regard n'est de tel, manquant de hardiesse, s’alternaient les petits moments d’assurance et de crainte pour faire des va et vient de son visage lui jetant des regards timides.
Ce garçon dont elle ignore le nom, elle le croise de temps en temps, au rempart de la ruelle qui donne sur l’arrêt des bus et comme toute fille algérienne, la chasteté de l’amour s’installe avec tous ses interdits. Elle essayait de passer par le même endroit quand la possibilité le pouvait juste pour voler des regards de loin. Mais comment peut-on avoir de forts sentiments pour une personne dont on ignore même le nom ? Alors il resta l’inconnu et elle, l’amoureuse en secret.
Et si les chemins sont faits pour diverger, ils sont aussi faits pour se retrouver, Neila est une fille timide, d’allure simple, pas très grande, de taille moyenne aux cheveux ondulés, elle n’est pas le genre de fille qui prend beaucoup soin d’elle, mais elle est toujours bien habillée. Humble, les gens l’apprécient, comme toute fille de bonne maison, n’est pas commère contrairement à ses anciennes camarades de classes qu’elle revoit de temps en temps. Et c’est un jour comme celui là qu’elle rencontre Mani revenant de la fac avec ces filles, bien sur Mani rejoint sa copine et laisse les autres retrousser chemins après avoir fait les salutations. Ces moments, à la tombée du soir, au loin du regard des autres sont les préférés de Neila, elles peuvent parler de tout ce qu’elles veulent au gré des pas du retour à la maison car il fallait toujours ne pas tarder à rentrer. Alors durant ces petits moments, les deux filles résument tout ce qu’elles n’ont pas partagé ensemble, et c’était comme si elles ne s’étaient jamais séparées et c’était aussi insuffisant pour tout déballer.
Il y avait le souci que Mani en tournant avec ces filles, l’influence laissée, s’imprègne de quelques traits de caractère qu’elle n’aimait pas chez elles quand elle ne les côtoyait pas. Et plus les jours passent, plus elle devient comme elles, changeant de priorités, vivant de nouvelles histoires qu’elle partage maintenant avec elles. Neila senti que sa copine aussi s’est conformée à la nouvelle vie que cette étape offre alors elle garde scellé dans son cœur tout ce qui torture son âme.
Il y avait ce poème que Neila aimait beaucoup de Robert Frost, The road not taken, la route non empruntée en français, elle se reconnaissait dans ce personnage pour qui deux routes divergeaient devant lui et il choisit la route par laquelle on voyage le moins souvent, et qu’au final ça avait changé sa vie, c’était un peu le cas pour elle, cette vie que la nouvelle étape lui avait offert n’était pas comme celles des autres, et ça allait changer sa vie, elle le comprit plus tard quand elle finit ses études et qu’elle devienne une pharmacienne prospère, mariée à Zaki, le fameux garçon dont elle ignorait le nom. Car cette route lui a appris à être patiente et à tolérer avec sagesse affronts de la vie.
Vous vous demandez certainement, qu’est devenu Mani ! Et bien, Mani a pris conscience de l’impact de la mauvaise fréquentation de ses filles, après qu’une d’entre elles se marie avec le copain de Mani.