La presque vieille

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Elle a dans les cheveux
Du grain blanc
Du blé tendre de printemps
Qu'une jeune main
De paysan
Lui sème
Du haut des cieux

Elle a fermé
La fenêtre de ses yeux
Elle somnole
En bout de table
La tête lourde cerclée
Par ses bras oreillers

Elle a perdu la boussole
Un peu
Elle sommeille
Au bord de son assiette
La bouche ouverte
Les joues en creux
Son petit souffle tiède
Pousse les miettes

La presque vieille
Elle s'est cassé les reins
Elle s'est noué les mains
À lier les javelles
À battre le grain
Il ne faut pas qu'on la réveille
Elle se croit encore en été
Mais le poids de l'automne
L'a tout esquintée
Son petit somme du tantôt
Vient venger ses nuits blanches
C'est l'heure
Où le sommeil l'emporte
Et dans les bras de son aimé
Elle vogue
Sur la vague blonde des blés

La presque vieille
Elle a dans les veines
Un sang de jument
C'est une femme des champs
Forte comme un cheval de trait
Elle sait la somme du travail
Le labeur des couvrailles
Elle porte sur ses épaules
Les devoirs d'une mère
Et l'histoire d'une terre
Que son homme lui a confiés
Avant que l'emporte la guerre

La presque vieille
Il ne faut pas qu'on la réveille
Elle a le goût d'une terre
Belle et bien nourrie
Elle a la beauté fripée
De cette terre assoupie
Qui se repose, se retape
Encore une fois
Avant l'ultime étape
Celle du grand saut
Que bientôt
Elle fera en solitaire
Dans le grand froid
Des affres de l'hiver

La presque vieille
Il ne faut pas qu'on la réveille
Elle dort
Avec dans les cheveux
Du grain blanc
Du blé tendre
De printemps

© Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation

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