Grisé par l'extatique vent d'ouest,
Et bercé par la houle d'antan,
Quelque chose attend sous les flots,
À l'endroit même où la boussole s'affole.
Une force monstrueuse se libère,
Le navire fantôme reprend sa course.
Sur le pont, les secrets hissent les voiles de brume déchirées,
À fond de cale des malles pleines de terres oubliées se recueillent.
Un visage apparaît tout contre l'ancre puis plonge,
Ses traits se disloquent tandis que des cris remontent à la surface
Comme autant de souvenirs oubliés.
Il convoque le brouillard
Qui s'avance aussi dense que de la poix
Qui fige et l'eau et le temps.
Le bois craque au loin,
Dans sa danse, un serpent de mer éventre la coque.
Les viscères fument et grouillent,
Une voracité engloutit le bouillon
Et régurgite des souvenirs.
Ici, une pomme rouge sur une nappe blanche
Là, un rayon de soleil au jour naissant.
À qui appartiennent-ils ?
Il en faut plus, plus encore pour se tenir loin du présent !
La coque se referme,
Les ombres besogneuses commandent aux rats et maintiennent le cap.
Elles guident les secrets dans leur voyage,
Parlent une langue que nul ne connaît
Et que tu comprends.