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- Le Temps
En ce soir de juillet, le ciel s'assombrit progressivement et couvre de son voile noir les soixante-dix hectares du cimetière américain.
La journée a été splendide ; l'air est chargé des odeurs suaves de chênes verts, d'ormes et de rosiers polyantha qui se mêlent aux senteurs de pins noirs, de lauriers et de cyprès.
Je suis là, dans l'un des carrés de tombes si bien alignées. Je regarde nos croix, blanches, superbes, fièrement dressées sur ces pelouses impeccables et verdoyantes.
Je suis heureux et fier.
Mes neuf mille trois cent quatre-vingt-six compagnons se sont tus, ils pensent peut-être à tous ces visiteurs qui sont venus les voir et qui sont repartis l'âme imprégnée et émue par ce lieu si solennel et silencieux.
Ce soir, moi je veille...
Si j'ai pu être nostalgique un temps d'avoir été enterré loin de ma patrie, de ma famille, de mes amis, à présent la paix m'a envahi à jamais. Je suis mort jeune, vingt-deux ans c'est peu pour une vie !
Je n'ai pas eu le temps de fonder une famille, mais j'ai connu l'amour, merveilleuse chose.
Je n'ai pas réalisé tous mes rêves, tous ces bateaux que j'aurais voulu commander, toutes ces mers et ces pays lointains que je devais découvrir.
J'ai laissé tant de lectures inachevées, de musiques interrompues, d'amis trop vite aimés.
J'ai connu la fraternité avec mes camarades soldats, inoubliable...
J'ai vécu des moments rares et durs, indescriptibles...
J'ai eu le temps de dire et d'écrire à mes parents que je les aimais et que je les remerciais des richesses qu'ils m'avaient transmises, essentiel...
Cette lettre, je sais qu'ils l'ont reçue, et qu'elle est importante pour eux. Elle leur a donné la force de supporter mon absence, le courage de rester dignes et l'ébauche d'un sens à ce qui paraît tellement absurde.
Vingt-deux ans, courtes années, mais si denses.
J'ai côtoyé l'enfer de la guerre, la barbarie des combats, l'aberration des conflits durant des jours, jusqu'à l'explosion finale où la nuit a succédé aux flammes. J'ai été tué, fauché par un terrible obus que rien ne pouvait arrêter.
A présent, le calme est revenu, je vois à nouveau, je pense, je souris et fredonne, mais nul vivant ne me discerne.
Surtout visiteurs d'Omaha Beach, ne soyez pas tristes pour nous. Nous sommes sereins et fiers de reposer ici. Nous ne sommes pas seuls et nous partageons dans la mort ce qui nous a unis dans la vie : l'amour de la liberté, le goût de la fraternité et la fierté de notre patrie.
Toutefois ce soir, alors que la nuit est tombée sur Omaha Beach, je fais la promesse, face à toutes ces étoiles qui scintillent dans le ciel, de prier chaque jour pour la paix.
La journée a été splendide ; l'air est chargé des odeurs suaves de chênes verts, d'ormes et de rosiers polyantha qui se mêlent aux senteurs de pins noirs, de lauriers et de cyprès.
Je suis là, dans l'un des carrés de tombes si bien alignées. Je regarde nos croix, blanches, superbes, fièrement dressées sur ces pelouses impeccables et verdoyantes.
Je suis heureux et fier.
Mes neuf mille trois cent quatre-vingt-six compagnons se sont tus, ils pensent peut-être à tous ces visiteurs qui sont venus les voir et qui sont repartis l'âme imprégnée et émue par ce lieu si solennel et silencieux.
Ce soir, moi je veille...
Si j'ai pu être nostalgique un temps d'avoir été enterré loin de ma patrie, de ma famille, de mes amis, à présent la paix m'a envahi à jamais. Je suis mort jeune, vingt-deux ans c'est peu pour une vie !
Je n'ai pas eu le temps de fonder une famille, mais j'ai connu l'amour, merveilleuse chose.
Je n'ai pas réalisé tous mes rêves, tous ces bateaux que j'aurais voulu commander, toutes ces mers et ces pays lointains que je devais découvrir.
J'ai laissé tant de lectures inachevées, de musiques interrompues, d'amis trop vite aimés.
J'ai connu la fraternité avec mes camarades soldats, inoubliable...
J'ai vécu des moments rares et durs, indescriptibles...
J'ai eu le temps de dire et d'écrire à mes parents que je les aimais et que je les remerciais des richesses qu'ils m'avaient transmises, essentiel...
Cette lettre, je sais qu'ils l'ont reçue, et qu'elle est importante pour eux. Elle leur a donné la force de supporter mon absence, le courage de rester dignes et l'ébauche d'un sens à ce qui paraît tellement absurde.
Vingt-deux ans, courtes années, mais si denses.
J'ai côtoyé l'enfer de la guerre, la barbarie des combats, l'aberration des conflits durant des jours, jusqu'à l'explosion finale où la nuit a succédé aux flammes. J'ai été tué, fauché par un terrible obus que rien ne pouvait arrêter.
A présent, le calme est revenu, je vois à nouveau, je pense, je souris et fredonne, mais nul vivant ne me discerne.
Surtout visiteurs d'Omaha Beach, ne soyez pas tristes pour nous. Nous sommes sereins et fiers de reposer ici. Nous ne sommes pas seuls et nous partageons dans la mort ce qui nous a unis dans la vie : l'amour de la liberté, le goût de la fraternité et la fierté de notre patrie.
Toutefois ce soir, alors que la nuit est tombée sur Omaha Beach, je fais la promesse, face à toutes ces étoiles qui scintillent dans le ciel, de prier chaque jour pour la paix.
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