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Histoires Jeunesse - 8-11 Ans (Cycle 3)
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Jules paraît calme, mais c'est tout l'inverse. À l'intérieur, c'est l'éruption, l'explosion ! Les nouvelles qui viennent d'arriver sont mauvaises, catastrophiques même. Sur le toboggan d'en face, les ennemis le narguent. Magill et ses deux copains secouent un paquet de Grinolas, des crêpes au chocolat et une grande bouteille d'Oasus fruits rouges au-dessus des murs colorés de la tourelle.
Jules détourne les yeux et contemple ce qui leur reste de leur super goûter : trois madeleines au chocolat et un Poirpot'. Il sait déjà ce que va dire sa petite sœur, Lou : « Laisse tomber. Maman n'avait qu'à pas prendre de Grinolas pour le goûter, ça les attire comme des vautours. »
Marti, qui était parti en espion, se tient sur l'escalier qui mène au toboggan, prêt à repartir au front si Jules le lui demandait.
— Ils sont combien ?
— Trois, mais il y a le roux le plus rapide du quartier.
— Et si on leur faisait croire qu'on a encore mieux que les Grinolas qu'ils nous ont volés ?
C'est Lou qui tente de dérider son frère.
— Avec quoi ? demande Marti qui est déjà dans les starting-blocks.
Jules réfléchit.
— Marti, tu crois que tu peux atteindre la poubelle sans te faire choper ?
Marti évalue mentalement la distance entre la structure où ils sont perchés et la corbeille du square. Elle est derrière le toboggan métallique de Magill et ses copains. Il lui faut un effet de surprise, sinon il est bon pour la baston.
Il acquiesce.
— Bon, ramène tous les emballages que tu trouves... Lou, tu te sens de faire ton numéro ?
Lou, qui est née pour ce moment, se redresse, contracte le visage et fait perler deux belles larmes au coin de ses yeux. Jules donne le go.
Lou souffle un grand coup, prend son élan, et se jette sur le petit toboggan en plastique, la tête la première, les deux mains en avant. Elle encaisse le choc comme une grande, puis pousse le hurlement de détresse le plus strident de son répertoire.
Les parents accourent dans les gravillons, on cherche du sang, des bleus, des dents cassées. Marti s'élance. La diversion marche à merveille : les trois voleurs ne perdent pas une miette de l'« accident ». Marti a déjà atteint la poubelle, et fourre frénétiquement les emballages dans ses poches.
Les parents emmènent Lou vers leur banc pendant que Jules descend l'escalier à l'arrière du toboggan pour ramasser des graviers. À cet instant, Marti déboule devant lui, les joues rougies par l'excitation.
Les deux garçons remontent dans la structure pour examiner ses trouvailles. Au milieu de détritus sans intérêt, un petit emballage rouge et blanc à peine déchiré : un paquet vide de Chocobiens. Parfait. Jules y verse les gravillons qu'il a ramassés et arrange un peu le paquet pour qu'il ait l'air neuf. Les deux garçons se regardent en souriant, ils vont la remporter cette bataille !
La tête de Lou apparaît en haut des marches de l'échelle :
— Alors, on va les récupérer ces Grinolas ?
Jules lui donne le faux paquet de Chocobiens, elle fait mine de le cacher sous son bras et va se poster sous la structure. En face, du côté des ennemis, ça discute sec. Le plan fonctionne : au bout de quelques instants, le roux et un autre gamin quittent leur tour de garde et commencent à avancer en direction de Lou. Marti fulmine :
— Magill ne descendra pas, il garde le fort.
Jules se tourne vers son ami, l'œil brillant d'une nouvelle lueur. Ils sont deux contre un, et ils vont se battre.
Ils attendent que les deux voleurs soient assez proches de Lou pour avoir le temps nécessaire de traverser l'aire de jeu, monter le toboggan, traverser le pont de singe et récupérer le paquet de Grinolas. Puis il faut le temps de fuir vers les parents. Ça va être serré.
Lou chouine :
— Nan, ce sont mes Chocobiens, Maman me les a donnés parce que j'étais tombée. Laissez-moi.
Quelle actrice ! Les ennemis s'approchent d'elle, comme s'ils étaient attirés par la faiblesse apparente de la petite. Encore quelques pas et ils seront sur la surface amortissante.
— Je vais le dire ! Si vous les prenez, Jules va vous casser les dents !
Rires des deux voleurs. Ça y est, l'un d'eux a posé le pied sur le plastique vert.
— Arrêtez, ils sont à moi !
La voix de Lou part dans les aigus, caractéristique du ton préhurlement. Ils avancent toujours, encore un peu, encore un peu, et la main du rouquin plonge vers le faux paquet que Lou serre sous son coude. C'est le moment.
Jules et Marti s'élancent dans le toboggan. L'atterrissage est chaotique, mais ils courent déjà, emportés par la vitesse, le vent leur siffle dans les oreilles. Les gravillons entre les deux structures leur font perdre l'équilibre, mais Jules retient Marti par le t-shirt, puis Marti redresse Jules qui tangue, et quand les deux se retrouvent devant le toboggan en métal qui luit au soleil, ils ne peuvent s'empêcher de hurler à l'unisson « À l'abordaaage ! » avant de s'élancer sur la pente. Pendant un instant, Jules ne trouve pas d'appui sur la surface qui glisse sous ses semelles, et il commence à regretter son choix d'aller au plus court. Mais Marti, avec l'adhérence d'une araignée, donne à Jules la poussée nécessaire pour arriver en haut. Le toboggan est franchi ! Et les voilà tous les deux haletants, au bout du pont de singe. De l'autre côté, Magill, sous le choc, serre dans ses bras son trésor.
— Personne ne viendra t'aider, Magill.
Magill fait non de la tête. Il fait presque pitié. Mais qu'importe, les deux garçons avancent sur le pont de singe. Encore quelques pas et c'est la victoire, la fin de l'oppression, le...
— Non, mais d'où ça vient ça ?
La tête de la mère de Magill apparaît en haut de l'échelle.
— C'est à qui ces gâteaux ?
Magill baisse la tête. Il va prendre un savon.
— Tu leur rends tout de suite, tu leur demandes pardon, tu viens mettre ton pull et on rentre à la maison. Non, mais n'importe quoi là !
Magill tend le paquet à Jules, et disparaît dans l'escalier sans un regard. Les deux garçons entendent la mère et le fils s'éloigner dans les graviers. Ils se regardent, déçus.
Les histoires de pirates et de trésors, c'est quand même moins drôle quand le Kraken vient mettre tout le monde d'accord.
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Pourquoi on a aimé ?
Il y a comme un air de Guerre des boutons par ici ! Une œuvre qui nous fait replonger en primaire, et qui rappellera à certains les batailles pou
Pourquoi on a aimé ?
Il y a comme un air de Guerre des boutons par ici ! Une œuvre qui nous fait replonger en primaire, et qui rappellera à certains les batailles pou