La fraîcheur printanière lui rappelait l’océan.
Marilyn se fraya un passage au travers du jardin négligé jusqu’à la corde à linge. En ce début de journée, l’herbe haute luisait encore de rosée et imbibait ses crocs, mouillant ses pieds.
Ses deux garçons l'avaient devancée et s'amusaient sur les balançoires. Elle sourit à la vue de leurs pantalons déjà trempés de boue ; une douche s’imposerait en rentrant. Elle posa sa panière sur un vieux tabouret avant d’essuyer les gouttelettes sur le fil. Marilyn sortit une paire d’épingles de son tablier et commença à accrocher sa lessive, gardant une oreille pour ses enfants.
« C'est moi qui vais le plus haut ! s’égailla le plus âgé.
— Tu triches !
— Même pas !
— Ouais, bah moi je nage plus vite !
— Tu mens !
— Tu verras quand on ira à la mer, reprit le plus jeune, je serai le premier à la bouée et toi tu seras loin derrière. »
Surprise par le manque de répartie de son aîné, Marilyn jeta un œil entre deux taies. Il avait arrêté son mouvement et regardait ses baskets abîmées. Il resta assis sur le morceau de bois poisseux sans dire un mot, submergé par l'émotion. Son cadet stabilisa sa balançoire et l'imita.
« Tu sais, je ne pense pas qu'on ira cette année... Maman, elle n'aime pas trop la mer. »
Marilyn tourna le dos à ses enfants et se mordit les lèvres pour empêcher ses larmes de ruisseler. Ses mains continuèrent machinalement de vider le panier alors que son esprit luttait contre la noyade dans les douloureux souvenirs.
Elle sécha le coin de ses yeux, attrapa sa corbeille vide et quitta avec hâte son jardin. Elle s'enferma dans la cuisine et se laissa absorber par son passé.
***
Marilyn émergea sur une plage de sable chaud, à l'abri d'un parasol, un livre dans les mains. Au loin, un jeune homme sortait de l’eau, une planche de surf sous le bras. Une fois à sa hauteur, il déposa un baiser sur son front et s’assit sur une serviette.
« T’es sûre que tu ne veux pas mettre tes pieds dans l’eau ?
— Certaine, la vue est bien meilleure d’où je suis ! »
Elle lui coula un regard flatteur. Il fit mine d’être gêné puis reprit :
« Un jour, tu m’accompagneras ?
— Pour me ridiculiser en brassards à côté de toi ? Sûrement pas !
— Quand on aura des enfants, tu viendras ? Je pourrais t’apprendre à nager.
— Je ne vois pas l’intérêt d’avoir épousé un mordu de glisse si ce n’est pour lui laisser surveiller les enfants sur la plage »
Il lui retira son livre des mains et plongea ses yeux remplis de joie dans les siens.
« Ça veut dire que tu es prête pour les enfants ? »
***
Marilyn sortit de ses rêveries.
Plus rien ne serait comme avant.
Chaque ravine de leurs vies était à réajuster, à repenser, à réapprendre.
Elle prit une grande inspiration et saisit son téléphone :
« Piscine municipale, bonjour. Que puis-je faire pour vous ? »
Marilyn se fraya un passage au travers du jardin négligé jusqu’à la corde à linge. En ce début de journée, l’herbe haute luisait encore de rosée et imbibait ses crocs, mouillant ses pieds.
Ses deux garçons l'avaient devancée et s'amusaient sur les balançoires. Elle sourit à la vue de leurs pantalons déjà trempés de boue ; une douche s’imposerait en rentrant. Elle posa sa panière sur un vieux tabouret avant d’essuyer les gouttelettes sur le fil. Marilyn sortit une paire d’épingles de son tablier et commença à accrocher sa lessive, gardant une oreille pour ses enfants.
« C'est moi qui vais le plus haut ! s’égailla le plus âgé.
— Tu triches !
— Même pas !
— Ouais, bah moi je nage plus vite !
— Tu mens !
— Tu verras quand on ira à la mer, reprit le plus jeune, je serai le premier à la bouée et toi tu seras loin derrière. »
Surprise par le manque de répartie de son aîné, Marilyn jeta un œil entre deux taies. Il avait arrêté son mouvement et regardait ses baskets abîmées. Il resta assis sur le morceau de bois poisseux sans dire un mot, submergé par l'émotion. Son cadet stabilisa sa balançoire et l'imita.
« Tu sais, je ne pense pas qu'on ira cette année... Maman, elle n'aime pas trop la mer. »
Marilyn tourna le dos à ses enfants et se mordit les lèvres pour empêcher ses larmes de ruisseler. Ses mains continuèrent machinalement de vider le panier alors que son esprit luttait contre la noyade dans les douloureux souvenirs.
Elle sécha le coin de ses yeux, attrapa sa corbeille vide et quitta avec hâte son jardin. Elle s'enferma dans la cuisine et se laissa absorber par son passé.
***
Marilyn émergea sur une plage de sable chaud, à l'abri d'un parasol, un livre dans les mains. Au loin, un jeune homme sortait de l’eau, une planche de surf sous le bras. Une fois à sa hauteur, il déposa un baiser sur son front et s’assit sur une serviette.
« T’es sûre que tu ne veux pas mettre tes pieds dans l’eau ?
— Certaine, la vue est bien meilleure d’où je suis ! »
Elle lui coula un regard flatteur. Il fit mine d’être gêné puis reprit :
« Un jour, tu m’accompagneras ?
— Pour me ridiculiser en brassards à côté de toi ? Sûrement pas !
— Quand on aura des enfants, tu viendras ? Je pourrais t’apprendre à nager.
— Je ne vois pas l’intérêt d’avoir épousé un mordu de glisse si ce n’est pour lui laisser surveiller les enfants sur la plage »
Il lui retira son livre des mains et plongea ses yeux remplis de joie dans les siens.
« Ça veut dire que tu es prête pour les enfants ? »
***
Marilyn sortit de ses rêveries.
Plus rien ne serait comme avant.
Chaque ravine de leurs vies était à réajuster, à repenser, à réapprendre.
Elle prit une grande inspiration et saisit son téléphone :
« Piscine municipale, bonjour. Que puis-je faire pour vous ? »