La marche engagée de Coraline

Elle venait de presque terminer ses gros traitements de chimiothérapie. Elle adorait la montagne et depuis plusieurs années, elle aimait emmener des groupes sur les chemins du Dauphiné.

La vie ne devait pas finir comme celle de sa mère cinq ans auparavant, une mère qui s'est éteinte dans le Lot, très loin d'elle.

Elle, c'est Coraline, avec des yeux à faire tomber un chamois en pamoison.

Elle décida de jeter son arrêt de travail pour reprendre du service en bénévolat et créa un groupe accueillant toute personne en difficulté de marche, afin de redonner aux autres l'envie de reprendre pied dans leur corps et dans la nature revivifiante.

Coraline se retrouva ainsi un an après son opération où on lui coupa son sein... dans une formation, puis une autre, puis une troisième, afin de pouvoir animer et encadrer des marches douces en santé. Seule en pleine campagne, dans la boue et sous la pluie, avec sa carte et sa boussole, elle prouva qu'elle pouvait tout donner pour aller jusqu'au bout de son projet.

Aujourd'hui, on sait qu'elle a organisé soixante-dix marches pour ses adhérents... qui connaissent son engagement de cœur et d'action. Ils retrouvent un sourire infini, assis après une bonne marche, tous ensemble sous le chêne ou le tilleul, écoutant un poème ou la flûte magique de Coraline.

Un jour, elle sait que la mort repassera par là, l'ayant frôlée de peu. Mais avec son groupe, elle se sent invincible car elle marche avec eux et ça lui fait du bien.

Elle a un secret : tous ceux qu'elle emmène sur les chemins lui apportent chacun et chacune le soleil invisible de sa guérison totale. En effet, marcher, c'est avancer pas à pas en laissant loin derrière le souvenir d'un sein arraché au corps, le souvenir des biopsies et des traitements lourds, le souvenir de l'annonce d'une terrible maladie emportant tout dans son sillage.

Coraline a conscience que les traitements l'ont sauvée même si son corps en a perdu toute force. La chimiothérapie et l'herceptine, en luttant contre le cancer, ont fait qu'elle n'arrivait plus à marcher plus de dix minutes, épuisée et dénuée de toute énergie.

Aujourd'hui, elle peut marcher durant des kilomètres car elle a su rééduquer son corps et son mental afin de gagner la guerre contre la mort, pour son fils, pour ses filles, pour son mari, pour les arbres et la joie.

Désormais, telle une guerrière, son regard se porte sur les cimes et accroche son cœur sur les plus hauts sommets de son engagement dans le sport adapté aux plus fragiles.