La lumière

La lumière
 

Devant ces grands arbres colorés, perdant leurs feuilles au vu de la saison, je les admire. Pas à pas, les souvenirs positifs viennent et les négatifs partent. J'avance toujours droit, ne suivant aucun sentier. Me ressourcer après ces journées difficiles m'est plus que nécessaire. Je pousse les branches tombantes, ne sachant guère où je me dirige et cela m'étant égal. Mes pieds frôlent le sol, j'accélère. Le soleil se lève à peine, laissant à la lune le temps de disparaître tranquillement. Au loin des animaux, lapins, biches ou renards, ils sont rapides, bien plus que je ne le suis. Qu'est-ce qui peut bien les effrayer ? Ma simple présence ? Je ne sais point.
 

C'est alors qu'une butte se dresse devant moi. En pleine forêt, avec des arbres à perte de vu sur un sol plat, cet étrange sur-élèvement me déstabilise. Mes pieds continuent leur course seuls sans que je ne les contrôle. Sans plus pouvoir penser davantage, je me retrouve devant une vieille grille rouillée, semblant interdire l'entrée d'un passage qui s'offre à moi. Je touche la grille quelques secondes avant de la pousser et de m'y aventure. L'intrigue et l'instinct me poussant à y aller sans peur.
 

Une odeur repoussante se dégage de cette cavité. Plus je m'en approche, plus elle devient forte. Au bout de quelques mètres, elle s'atténue un peu. Serait-ce pour dissuader les curieux d'y entrer ? Je ne réfléchis pas plus et entre a l'intérieur. Le jour ne m'éclaire que sur les premiers mètres, me forçant à avancer prudemment, mes yeux s'habituant à la pénombre. Mais alors que je traverse un étroit couloir, j'arrive à discerner une lueur. Petite et discrète, mais bien réelle. Soudain une voix se glisse dans mon esprit : Est-ce une bonne idée ?
 

Je continue vers cette lumière, la tête dans les nuages et ma curiosité me poussant à avancer. Mes yeux brillent, restant figés sur cette source de calme et d'apaisement. La réalité me frappe d'un coup lorsque je failli tomber. Je n'ai pas vu les marches qui se présentaient maintenant devant moi. La petite voix revint alors, se faisant plus forte et plus insistante. Elle tente de me mettre en garde. Je ne compte pas l'écouter mais je ressens des frissons dans tout mon corps, comme une mauvaise impression. Une boule se forme alors dans mon ventre, et cette fois c'est moi qui me demande si c'est vraiment une bonne idée.
 

Je dévale les marches sans plus réfléchir. Après tout, je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Mais ma curiosité diminue, au même rythme que mon inquiétude et mon anxiété grandissent. Qu'importe ! Une fois en bas, je me retrouve sur une grande plateforme, sous terre mais laissant entrer une source de lumière. Non loin de là, à seulement quelques pas, une porte s'offre à moi. Je m'en rapproche à chaque foulée jusqu'à ce que quelques décimètres nous séparent.
 

J'entre alors dans une pièce comblée de tableaux, d'objets divers et de plantes. Mes yeux émerveillés parcours la pièce en cherchant à remarquer chaque détail. Certaines des fleurs, comme les roses, semblent en fin de vie. L'odeur est toujours présente, plus forte encore qu'avant. Je cherche ce qui pourrait bien dégager cette puanteur mais je ne trouve pas. Je me demande comment des fleurs peuvent se développer ici avec si peu d'oxygène. Au moment de me dire qu'il faudrait que je sorte d'ici, la porte claque violemment derrière moi. Je me retourne pris de stupeur mais je ne vois rien. Une ambiance étrange s'installe immédiatement. Des murmures commencent à se faire entendre. Des visages sur les tableaux commencent à s'articuler. Une douteuse atmosphère me tombe dessus, puis une goutte. 
 

Une petite goutte tombe du plafond. Sûrement pas la pluie, en plus d'être sous terre, les gouttes d'eau ne sont pas de couleurs carmins. Une deuxième goutte vient se déposer à mes pieds. Je n'ose pas tout de suite lever la tête, peur de ce que je risque de voir. Après quelques secondes, je décide enfin de regarder ce qui provoque ces taches. Mais l'effroi parcours tout mon corps dès que je comprend ce qu'il se passe. Un homme pendu, les pieds attaché par une corde, éventré. Je ne sais pas quoi faire, mais la terreur ne fais qu'une bouchée de moi. Et il ne sort de ma bouche qu'un cri d'horreur. Les yeux de l'homme sont grand ouverts. Ils ne sont ni verts, ni bleus, ni marrons. Ils n'ont ni pupilles, ni iris. Non, ils sont seulement gorgés de sang. 
 

Un froid glacial me parcours lorsque je me retrouve devant la grille rouillée, la main posée dessus prête à la pousser. Je recule de quelques mètres, ne sachant pas si c'est un rêve. Dans le doute, je recule encore. Suis-je devenu fou? Après tout, en face de moi il n'y a qu'une vieille grille rouillée, accompagnée d'une odeur nauséabonde et d'une étrange lumière.
 
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