Percé sur les rizières de loin, je me remémorais de l'automne de notre enfance, la saison des récoltes qui s'approchaient et les beaux parfums de riz qu'on ressentait au réveil. Tout cela éveillait les cœurs des enfants qui attendaient impatiemment la fin des cueillettes pour retrouver leur terrain de foot, les rizières de grand-père Jo qui s'aplatissait au fur et à mesure où on jouait là, c'était notre pelouse et notre stade à nous. On était 3 dans la bande Ameldia, la meilleure amie de ma sœur Bema, qui était toujours l'arbitre de chaque match, c'est la seule fille du village à arbitrer et ne donne jamais cette fonction à d'autres garçons qui voulait essayer d'arbitrer à leur tour, mais elle refusa toujours de céder sa place et devenir l'égalisateur du match comme on le disait si bien le métier d'arbitre et les autres étaient des joueurs ordinaires comme nous. Nous avions notre devise et nous ne séparions jamais n, mais un terrible accident est survenu à cette époque-là ou j'avais perdu tout espoir de rejouer à nouveau sur le terrain et c'était aussi le début de la rupture de notre bande.
Plus de 10 ans se sont écoulés, Bema et moi gérions un petit club de foot et je me demandais ce que Ameldia est devenue vu qu'elle a quitté le village après l'incident étant donné qu'elle a disparu du jour au lendemain.
Un beau matin de jeudi, quelqu'un sonna à la porte et la sonnerie retentit qu'on l'entendait jusqu'à nos sommeils profonds. Un facteur vient de nous livrer une boite avec un petit mot inscrit dessus « S'engager c'est réaliser l'au-delà de ses limites et de passer à l'action à travers les responsabilités ». Bema avait réceptionné le colis pour me le rapporter dans ma chambre. Cette phrase nous rappelait la réplique habituelle de notre enfance et d'en être fidèle à cette devise. Hésitant qui allait ouvrir entre Bema et moi, je me suis proposé de l'ouvrir et à notre stupéfaction, il y a eu deux objets dont l'une était une lettre et l'autre était dans une enveloppe bien scellée. Le silence qui s'emparait de la maison puis Bema prend la lettre et commence à le lire :
Chers amis,
Je ne vous écris pas tous les 10 ans, mais je me sens mal de ne rien vous raconter, et je m'excuse de ne pas donner de mes nouvelles ce temps-là, mais 10 ans se sont déjà passés et il y a tant de choses que veux te dire, je sais que vous voulez plus d'explication et je vous en donnerai dans cette lettre qui résumera un peu ce que j'ai vécu et ma vie durant ces années. Te souviens-tu du dernier match qu'on avait eu ? Moi je m'en souviens du Novembre 2010 comme si c'était hier.
Le score était À 1 et 0 alors que le Tsunami FC menait le score, et que c'était moi le l'égalisateur du match, il y avait une gars qui m'avait poussé et m'as insultée quand j'avais sifflé qu'il y avait une faute sur Rivo et qu'il est intervenu en essayant d'arranger les choses, mais que cela a fini en bagarre et qui a couté la jambe de Rivo ainsi que ses rêves de rejouer au foot. J'étais si triste que j'avais honte de moi et que même si vous m'avez dit que tout ce qui s'est passé n'est en aucun cas ma faute, j'ai craqué et je me suis culpabilisé sans tenir compte de mes responsabilités dans cette affaire, ce jour-là, je me suis juré que j'allais tous faire pour qu'un incident comme tel ne se reproduise plus dans l'avenir. Si je ne vous ai rien dit c'est que je me sentais coupable, mais je me suis rappelé de notre devise « S'engager c'est réaliser l'au-delà de ses limites et de passer à l'action à travers les responsabilités » et raviver la confiance en moi et en mes compétences ainsi que mes rêves, je m'entraîne jour et nuit sur de nouvelles pelouses qui est moins dures que la nôtre, je me suis même tordu tant de fois la cheville, eu des entorses, mais je me relève toujours. Je me suis isolé pour que les autres ne sachent pas la bataille que j'endure, je devais travailler dur pour ne pas m'effondrer à l'entrainement, mettais de côté mes études et accumulait plus de job en sacrifiant ma santé pour s'acheter de nouveaux matériaux sportifs nécessaires vu qu'il sont couteux., il y a des jours où je ressens mes larmes me demandant si j'y arriverai, alors quand je vois la pluie et l'automne ,je me dis qu'après le beau temps il y a la pluie et inversement et que l'on récolte ce que l'on sème . J'ai des limites à respecter comme ceux que je peux encore aussi défier parce qu'en tant que sportif, je dois être capable de gérer les, les insultes, les nombreuses proliférations et les remarques machistes dans ce métier, mais en tant que femme, je me dois de lutter contre tout cela et de faire valoir le respect et le droit de chacun sur le terrain. Côtés vie amoureuse, les gens ne me croient pas quand je leur dis que je n'ai personne dans ma vie, plus je me plonge dans les entraînements et les formations moins j'oublie que je suis un humain avec un cœur, mais chaque chose a son temps comme le foot de rizières à l'automne. Aujourd'hui, à chaque match que je vais arbitrer, je pense, fort à vous, mes amis et je vous rêverai au jeu des iles de 2022 chez nous à Madagascar si Dieu le veut.
J'ai failli oublier, je suis en France aujourd'hui pour une formation professionnelle sur le vidéo arbitrage et je voudrais vous dire merci pour ces mots. Cette devise qui a fait changer ma vie comme aujourd'hui et que vous pourriez changer aussi le destin des enfants de notre village.
Amicalement, A

Sur ces mots, Bema ouvrait l'enveloppe et trouvait un chèque avec une énorme somme d'argent.
- Je ne m'attendais pas à une telle surprise disait je à Bema en riant.
- Pour une surprise, elle l'a vraiment fait.
Bema me racontait qu'elle a vraiment tous fait pour être ce qu'elle est aujourd'hui et malgré les années qui ont passé, elle n'a pas oublié ses principes et ses valeurs et de battre pour une cause juste dans le sport féminin.