La jeune fille au violon

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  • La Nuit
  • Musique
La Lune brillait d'un éclat féroce,
Déchirant la nuit et l'obscurité,
Ravivant le jour de façon précoce,
Donnant à ce lieu sa froide beauté.

Lorsque j'arrivai aux abords du lac,
J'entrevis soudain une silhouette,
Elle était penchée sur un curieux sac
Dont elle extirpa une soie violette.

La curiosité me fit ralentir,
Et je m'adossais contre un arbre mort,
Je voulais savoir, avant de partir,
Ce qu'elle berçait tout contre son corps.

Je n'aurais su dire avec certitude
Ce que j'éprouvais à ce moment-là,
J'étais fascinée par son attitude,
Sa fragilité, son étrange aura.

Ôtant le tissu d'un geste précis,
Je la vis sortir un petit violon,
Un bel instrument au bois bien poli
Dont la couleur miel tirait sur le blond.

Je fermai les yeux, saisie d'émotion,
Lorsque s'éleva une triste plainte,
Et je contemplai cette apparition,
Qui interprétait sa propre complainte.

J'étais envoûtée par la mélodie,
Le rythme traînant et les notes claires,
J'étais déchirée par cet air exquis,
Par cette musique extraordinaire.

Je suis restée là, pressée contre l'arbre
Perdant la notion du temps qui passait,
Je m'apparentais aux statues de marbre,
Sculptées dans le roc, figées à jamais.

Quand l'aube a pointé, le violon s'est tu,
Provoquant l'envol de quelques oiseaux,
Emportant au loin cet air inconnu,
Cette mélopée, sa légion de maux.

Le jour a rompu le charme puissant
Que la musicienne avait su tisser,
Mais ce matin-là en s'en retournant,
Elle m'adressa un signe discret.

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