Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Il fait froid. Je ne sais pas où je suis. J'ouvre les yeux, effectivement il faisait un noir d'encre. Je ne vois rien. J'essaie de bouger mais en vain. Ne savant que faire, je commence à paniquer. Suis-je victime d'un kidnapping? Dans un pays comme le mien ça ne m'étonnerait pas. Je crie à l'aide, mais malgré le fait que ma bouche soit grande ouverte, aucun son ne vint franchir mes lèvres.
Qu'est ce qui m'arrive? Tiens! Je commence à avoir des bribes de souvenir. Je sortais de chez une amie.
On a bavardé comme d'habitude et puis après un certain temps, j'ai pris la route pour rentrer chez moi. Avec un sourire au coin de ma bouche et des écouteurs plaqués sur mes oreilles, je marchais avec une certaine désinvolture .
Soudain, bien que la musique soit à fond, j'entendis quelqu'un crier : "attention " ! Je n'eus pas le temps de me retourner, j'ai été violemment heurté par une voiture.
S'en est suivi un grand vide, jusqu'à ce que je me réveille je ne sais où. Comme il m'était impossible de m'en sortir tout seul, la patience était ma seule arme pour comprendre la situation.
Quelques temps après, je vis une chose se soulever au dessus de moi, comme une porte, ou un couvercle ; je n'en suis pas sûr.
La tête d'un homme apparut. Il me fixa de ses grands yeux. Je ne le connais pas. Il me regarde étrangement, il est costumé.
Dans une logique implacable, la réalité s'imposa à moi. Je suis mort. L'accident m'a été fatal. L'endroit confiné où je me trouve est un cercueil.
Je me mis à repenser à la vie que j'avais. Était-elle belle? Je ne saurais le dire. Il y a eu des bons moments, des mauvais aussi, surtout des mauvais. Une flopée de questions vint m' assaillir, mon existence se défilait devant moi avec une rapidité extraordinaire. La vie est-elle si courte?
Là, dans le cercueil, j'étais en train de ressasser mon passé, en pensant à un tas de choses que j'aurais pu gérer autrement. Mais que pouvais-je faire sinon que regretter? Absolument rien.
D'autres part, assister à son propre enterrement n'était pas chose commune, ça n'arrivait pas à tout le monde, j'en étais persuadé. Alors, autant en profiter.
Une fois le couvercle du cercueil ouvert, je pouvais bouger. Je me redresse pour regarder aux alentours. La salle est pleine à craquer. Je ne me souviens pas d'avoir eu autant d'amis et une famille aussi nombreuse de mon vivant.
Détachant mes yeux de la foule, je constate que j'étais sorti de mon propre corps à force de bouger. On a vraiment une âme alors. Je ne croyais pas que ces choses étaient faisables. J'ai l'impression de figurer dans un film d'horreur, ça fait peur.
Je reporte mon attention sur la foule. Soudain mon coeur se serre, je vois ma mère en pleurs, assis au premier rang. Cette femme incroyable qui m'a donné la vie, combien de fois lui ai-je manqué de respect? Elle qui s'est sacrifié pour m'élever, pour me donner une bonne éducation. Je ne compte pas les moments où je l'ai mis en colère. Je ne pourrais compter non plus combien de fois je lui ai manqué de respect. J'ai été puni des fois, avec un peu de recul, j'ai la conviction qu'elle à fait tout ça pour mon bien.
Aujourd'hui je la vois en pleine détresse, une fois encore à cause de moi. Le pire c'est que je ne peux pas la consoler, je ne peux pas lui dire à quel point j'ai été fier d'être le fils d'une femme aussi exceptionnelle qu'elle. Cette femme qui, malgré les innombrables problèmes de la vie, n'a jamais baissé la tête. Elle a toujours su aller de l'avant, elle a toujours eu la qualité de pouvoir affronter vents et marées avec le sourire.
J'ai pour elle, un mélange de respect, d'amour et d'admiration. J'ai pas eu le temps d'exprimer mes sentiments avec des mots, peut-être est-ce la faute de la culture haïtienne? Mais je suis sûr qu'au fond de son coeur elle connait mon amour pour elle. Je suis sûr aussi qu'elle affrontera la perte de son fils avec courage et dignité, en gardant la tête haute comme d'habitude.
À ses côtés, des autres membres de la famille. Il y'en a qui ont le visage attristé, d'autres qui affichent une mine indéchiffrable.
Derrière eux, il y'a quatre rangées de personnes habilitées tout en noir avec des maillots imprimés. Il y a écrit tout en blanc :" Herbert on ne t'oubliera jamais".
À ce moment précis j'étais assez en colère pour commettre un meurtre. La plupart de ces gens-là n'étaient même pas mes amis. J'en connais certains qui ne m'ont jamais adressé la parole. J'en connais aussi quelques-uns qui ne me portent pas dans leur cœur. Pourquoi donc toute cette mascarade? Ils n'ont pas honte d'afficher ainsi toute l'étendue de leur hypocrisie. De mon vivant, ils n'auraient jamais dépensé une centime pour moi. Et voilà que maintenant ils sont près à acheter des maillots et à les faire imprimer.
L'instant d'après je vis ma petite amie. Éblouissante dans sa robe noire, elle est restée fidèle à elle-même, simple et élégante. Avec un physique accrocheur et une peau noire des plus raffinée, elle ferait le bonheur de n'importe quel mec, bien sur, je comprends cela une fois mort. De mon vivant, je n'ai fais que la faire souffrir sans relâche. Voilà qu'elle est là a pleureur mon absence avec une sincérité des plus touchante. Je n'ai jamais compris comment une femme peut aimer avec une telle force. J'ai été un vrai connard. Est-il si vrai qu'on se rend compte de la valeur d'une personne qu'une fois l'avoir perdue?
Ça et là dans la salle, je fut frappé par la pâleur des traits de certaines personnes que j'ai abandonné. À voir leurs mines, il était clair qu'elles avaient de l'affection pour moi. Ceux là devraient être mes amis, malgré ma conduite des plus honteuses, ils ont quand fait le déplacement. Quand je pense que les gars du quartier avec qui j'ai trainé durant ces derniers mois n'ont même pas pris la peine d'assister à mon enterrement, la différence entre ceux qui profitent de moi et ceux qui me veulent du bien m' est apparue dans toute sa clarté.
En regardant tous ses gens devant moi, les erreurs que j'ai faites dans ma vie me sont devenues visibles. J'ai compris que la vie était une succession de choix qui façonnent notre personnalité. Bien sur personne n'est parfait, mais accumuler autant de bêtises n'est pas chose facile à digérer. Tout à coup je voulais changer, donner une nouvelle direction à mon existence. D'un seul coup je voulut donner plus d'importance aux gens qui m'aiment, être près d'eux au lieu d'essayer d'impressionner des individus qui n'ont rien à foutre de moi.
Malheureusement il était trop tard pour avoir des remords. Je sentis mon âme regagner mon corps, j'essayais de lutter afin de rester dehors car je sentais que j'allais disparaître pour de bon, mais en vain. En panique, je fut dans l'incapacité de dire aux gens attristés à cause de moi un dernier au revoir.
J'ai regagné mon corps et l'homme referma le cercueil. Cette fois j'avais les yeux grands ouverts et pourtant j'étais sur d'être dans le noir. Doucement, je glissait dans les méandre du néant, disparaissant pour toujours.
Me réveillant en sursaut, j'étais trempé de sueurs. J'entrevis la lumière du jour par la fenêtre sur ma gauche. Était-ce un rêve? Non c'était trop réel. Peut être que les Guédés, les esprits vodou de mes ancêtres sont venus m' avertir de ma disparition imminente, peut être que j'avais une deuxième chance de changer ma vie.
Je me suis donc levé avec une conviction toute nouvelle : agir et être l'acteur principal de mon avenir, en priorisant ce qui vaut la peine de l'être.
Ça sera difficile, mais je n'étais plus dans le noir et mes yeux se sont ouverts pour de bon, enfin.
Qu'est ce qui m'arrive? Tiens! Je commence à avoir des bribes de souvenir. Je sortais de chez une amie.
On a bavardé comme d'habitude et puis après un certain temps, j'ai pris la route pour rentrer chez moi. Avec un sourire au coin de ma bouche et des écouteurs plaqués sur mes oreilles, je marchais avec une certaine désinvolture .
Soudain, bien que la musique soit à fond, j'entendis quelqu'un crier : "attention " ! Je n'eus pas le temps de me retourner, j'ai été violemment heurté par une voiture.
S'en est suivi un grand vide, jusqu'à ce que je me réveille je ne sais où. Comme il m'était impossible de m'en sortir tout seul, la patience était ma seule arme pour comprendre la situation.
Quelques temps après, je vis une chose se soulever au dessus de moi, comme une porte, ou un couvercle ; je n'en suis pas sûr.
La tête d'un homme apparut. Il me fixa de ses grands yeux. Je ne le connais pas. Il me regarde étrangement, il est costumé.
Dans une logique implacable, la réalité s'imposa à moi. Je suis mort. L'accident m'a été fatal. L'endroit confiné où je me trouve est un cercueil.
Je me mis à repenser à la vie que j'avais. Était-elle belle? Je ne saurais le dire. Il y a eu des bons moments, des mauvais aussi, surtout des mauvais. Une flopée de questions vint m' assaillir, mon existence se défilait devant moi avec une rapidité extraordinaire. La vie est-elle si courte?
Là, dans le cercueil, j'étais en train de ressasser mon passé, en pensant à un tas de choses que j'aurais pu gérer autrement. Mais que pouvais-je faire sinon que regretter? Absolument rien.
D'autres part, assister à son propre enterrement n'était pas chose commune, ça n'arrivait pas à tout le monde, j'en étais persuadé. Alors, autant en profiter.
Une fois le couvercle du cercueil ouvert, je pouvais bouger. Je me redresse pour regarder aux alentours. La salle est pleine à craquer. Je ne me souviens pas d'avoir eu autant d'amis et une famille aussi nombreuse de mon vivant.
Détachant mes yeux de la foule, je constate que j'étais sorti de mon propre corps à force de bouger. On a vraiment une âme alors. Je ne croyais pas que ces choses étaient faisables. J'ai l'impression de figurer dans un film d'horreur, ça fait peur.
Je reporte mon attention sur la foule. Soudain mon coeur se serre, je vois ma mère en pleurs, assis au premier rang. Cette femme incroyable qui m'a donné la vie, combien de fois lui ai-je manqué de respect? Elle qui s'est sacrifié pour m'élever, pour me donner une bonne éducation. Je ne compte pas les moments où je l'ai mis en colère. Je ne pourrais compter non plus combien de fois je lui ai manqué de respect. J'ai été puni des fois, avec un peu de recul, j'ai la conviction qu'elle à fait tout ça pour mon bien.
Aujourd'hui je la vois en pleine détresse, une fois encore à cause de moi. Le pire c'est que je ne peux pas la consoler, je ne peux pas lui dire à quel point j'ai été fier d'être le fils d'une femme aussi exceptionnelle qu'elle. Cette femme qui, malgré les innombrables problèmes de la vie, n'a jamais baissé la tête. Elle a toujours su aller de l'avant, elle a toujours eu la qualité de pouvoir affronter vents et marées avec le sourire.
J'ai pour elle, un mélange de respect, d'amour et d'admiration. J'ai pas eu le temps d'exprimer mes sentiments avec des mots, peut-être est-ce la faute de la culture haïtienne? Mais je suis sûr qu'au fond de son coeur elle connait mon amour pour elle. Je suis sûr aussi qu'elle affrontera la perte de son fils avec courage et dignité, en gardant la tête haute comme d'habitude.
À ses côtés, des autres membres de la famille. Il y'en a qui ont le visage attristé, d'autres qui affichent une mine indéchiffrable.
Derrière eux, il y'a quatre rangées de personnes habilitées tout en noir avec des maillots imprimés. Il y a écrit tout en blanc :" Herbert on ne t'oubliera jamais".
À ce moment précis j'étais assez en colère pour commettre un meurtre. La plupart de ces gens-là n'étaient même pas mes amis. J'en connais certains qui ne m'ont jamais adressé la parole. J'en connais aussi quelques-uns qui ne me portent pas dans leur cœur. Pourquoi donc toute cette mascarade? Ils n'ont pas honte d'afficher ainsi toute l'étendue de leur hypocrisie. De mon vivant, ils n'auraient jamais dépensé une centime pour moi. Et voilà que maintenant ils sont près à acheter des maillots et à les faire imprimer.
L'instant d'après je vis ma petite amie. Éblouissante dans sa robe noire, elle est restée fidèle à elle-même, simple et élégante. Avec un physique accrocheur et une peau noire des plus raffinée, elle ferait le bonheur de n'importe quel mec, bien sur, je comprends cela une fois mort. De mon vivant, je n'ai fais que la faire souffrir sans relâche. Voilà qu'elle est là a pleureur mon absence avec une sincérité des plus touchante. Je n'ai jamais compris comment une femme peut aimer avec une telle force. J'ai été un vrai connard. Est-il si vrai qu'on se rend compte de la valeur d'une personne qu'une fois l'avoir perdue?
Ça et là dans la salle, je fut frappé par la pâleur des traits de certaines personnes que j'ai abandonné. À voir leurs mines, il était clair qu'elles avaient de l'affection pour moi. Ceux là devraient être mes amis, malgré ma conduite des plus honteuses, ils ont quand fait le déplacement. Quand je pense que les gars du quartier avec qui j'ai trainé durant ces derniers mois n'ont même pas pris la peine d'assister à mon enterrement, la différence entre ceux qui profitent de moi et ceux qui me veulent du bien m' est apparue dans toute sa clarté.
En regardant tous ses gens devant moi, les erreurs que j'ai faites dans ma vie me sont devenues visibles. J'ai compris que la vie était une succession de choix qui façonnent notre personnalité. Bien sur personne n'est parfait, mais accumuler autant de bêtises n'est pas chose facile à digérer. Tout à coup je voulais changer, donner une nouvelle direction à mon existence. D'un seul coup je voulut donner plus d'importance aux gens qui m'aiment, être près d'eux au lieu d'essayer d'impressionner des individus qui n'ont rien à foutre de moi.
Malheureusement il était trop tard pour avoir des remords. Je sentis mon âme regagner mon corps, j'essayais de lutter afin de rester dehors car je sentais que j'allais disparaître pour de bon, mais en vain. En panique, je fut dans l'incapacité de dire aux gens attristés à cause de moi un dernier au revoir.
J'ai regagné mon corps et l'homme referma le cercueil. Cette fois j'avais les yeux grands ouverts et pourtant j'étais sur d'être dans le noir. Doucement, je glissait dans les méandre du néant, disparaissant pour toujours.
Me réveillant en sursaut, j'étais trempé de sueurs. J'entrevis la lumière du jour par la fenêtre sur ma gauche. Était-ce un rêve? Non c'était trop réel. Peut être que les Guédés, les esprits vodou de mes ancêtres sont venus m' avertir de ma disparition imminente, peut être que j'avais une deuxième chance de changer ma vie.
Je me suis donc levé avec une conviction toute nouvelle : agir et être l'acteur principal de mon avenir, en priorisant ce qui vaut la peine de l'être.
Ça sera difficile, mais je n'étais plus dans le noir et mes yeux se sont ouverts pour de bon, enfin.