La boîte à musique

Turckheim Décembre 1961
Je m'appelle Anya, j'ai 16 ans. Il y a quelques jours ma mère a eu un accident de voiture et s'est retrouvée à l'hôpital. J'ai donc décidé de nettoyer la maison de fond en comble. Avec ma mère nous vivons une petite maison en banlieue de Colmar, à Turckheim. Je ne sais rien de mon père hormis qu'il est allemand et il vaut mieux ne pas aborder le sujet avec ma mère !  Ma mère n'attache pas d'importance émotionnelle aux objets donc je n'ai pas trouvé de souvenirs de la jeunesse de ma mère hormis un collier qu'elle porte toujours sur elle car son père le lui a donné avant de mourir, une poupée qui était celle de ma grand-mère, de ma mère et la mienne. Elle veut que je la transmette à ma fille plus tard. Il restait un dernier objet que je n'avait jamais vu auparavant : une boite à musique simple, faite de chêne avec du velours rouge à l'intérieur et une petite danseuse en tutu blanc. Quand on soulevait le couvercle une jolie musique s'en échappait. Si la boite à musique m'intriguait c'est parce que sur le couvercle Il y avait gravé 2 initiales : M.L. Le « M » venait probablement de Madelaine qui est le prénom de ma mère, mais pour le « L » je ne sais vraiment pas. Ca n'a aucun rapport avec ma mère. Quelqu'un toqua à la porte et me tira des mes pensées. C'est une des infirmières qui travaille dans l'hôpital où est maman : « Bonjour, tu dois être Anya ? 
- Oui c'est moi, que voulez-vous ? 
- Ta mère va pouvoir sortir de l'hôpital demain et je viens vérifier qu'elle pourra se déplacer sans trop de soucis.
- Bien sûr, entrez ! »
Une fois l'infirmière partie, je décide de ranger la boite à musique à sa place et au moment de la reposer dans le tiroir je la fais tomber par terre  et elle s'éparpille sur le parquet ; prise de panique, je ramasse tous les éléments et au moment de remettre le socle en velours, je remarque un paquet de lettres. Je ne sais pas quoi faire : les laisser ou les lire. J'opte pour la 2ème option car elles attisent ma curiosité.
Ma mère arrive peu avant le déjeuner,  et durant la semaine je fis tout pour m'occuper l'esprit et oublier les lettres mais le dimanche ma mère me dit :
« Anya, c'est très gentil, mais repose toi un peu. »
Je lui obéis sans répliquer et monte dans ma chambre pour ne pas qu'elle se doute de quelques choses. Arrivée dans ma chambre j'essaye de résister, mais au bout de 30 secondes je cède et je commence à les lire. Dès la 1ère je découvre des secrets que ma mère a enfouis au fond d'elle :
«Ma très chère Maddy, je sais que tu as refusée ma demande car je suis un nazi, mais je te jure que je ne voulais pas en devenir un. Je sais que j'aurais dû intervenir pour Lucia mais sais-tu ce qu'ils te font quand tu es de leur côté et que tu défends une juive ? Avec Lucia on aurait tous péris et tes proches avec si j'étais intervenu. Je sais ça n'excuse pas tout, voire rien du tout, mais je t'en supplie Maddy pardonne moi ; S'il te plais !!
Tu me manques
Celui qui t'aimera à jamais, Ludwig. »
1ère chose : le « L » de la boite doit venir d'ici et 2ème chose : ma mère aurait donc aimé un nazi ?
Il n'y a pas de dates mais je pense que c'est fin 1944 ou début 45, car maman était déjà enceinte de moi quand Lucia est morte, elle aurait dû être ma marraine. Elle est morte le 30 novembre 1944 et ça veut dire que Ludwig aimait ma mère quand elle est tombée enceinte et ça avait l'air réciproque. Enfin j'en sais rien, ma mère était plutôt populaire auprès  des garçons durant sa jeunesse, mon père pourrait être n'importe qui. Toutes les lettres venaient de lui.
Je décide de retrouver Christiane, ma meilleure amie, à la rivière, dès qu'elle arrive je lui dévoile toute l'histoire ; Christiane réfléchit beaucoup et très vite, 2 secondes après elle me propose :
« J'ai une idée ! On a qu'à aller à la mairie, il doit y avoir ton acte de naissance ! »
Avant que je n'ai pu répondre elle est déjà partie, je dois faire un petit sprint pour la rattraper. A peine arrivées qu'elle fonce déjà vers les archives. Elle connaît la mairie par cœur, sa mère y travaille et Christiane y a grandi, et bingo ! son endroit préféré c'est les archives et Bernadette, celle qui y travaille, adore mon amie :
« Bonjour Bernadette, nous cherchons un acte de naissance de 1945
-Bien sur, vous enquêtez ?
-Oui ! s'exclame Chris avant de se rendre compte que je lui lance un regard noir elle ajoute, on fait une enquête sur, et le remarquant enfin elle essaye de se rattraper, sur euh rien.
-Ah d'accord, je connais bien ta mère et je peux te dire que quand elle est tombée enceinte personne n'avait de doutes sur qui était le père. 
- C'est Ludwig ? 
- Oui c'est ça. Je me doutais que tu viendrais un jour ici ou ailleurs pour demander qui était ton père. Je vais te raconter une histoire même si ta mère aurait préféré qu'on l'oublie tout le monde s'en souvient : Quand ta mère et Lucia étaient jeunes, beaucoup de garçons leur tournaient autour mais Madelaine n'avait d'yeux que pour Ludwig, un jeune allemand du même âge et lui aussi ne pensait qu'à elle, ils formaient un joli trio. Les parents de Ludwig s'en fichaient complètement de lui sauf sur un point qui n'était pas négociable : il deviendrait un nazi. Ludwig n'en n'avait pas du tout envie, mais il est quand même parti 1 an pour s'entrainer. Quand il est revenu rien n'avait changé entre lui et Maddy, puis elle est tombée enceinte personne ne se demandait qui était le père, tout le monde le savait. Un jour qu'ils se promenaient tous les 3, des nazis sont arrivés et on empoigné Lucia et comme elle se débattait  ils l'ont fusillée, là sous les yeux de Maddy et Ludwig qui na rien fait pour les en empêcher ; j'ai assisté à la scène ; après ça Ludwig a tout fait pour se faire pardonner et même si elle rêvait de le faire, pour rester fidèle à Lucia elle ne le fit pas. Tiens, regarde cette photo. » Sur la photo qu'elle me montrait je reconnu Lucia ainsi  que d'autres amis de maman, et toute à gauche je la remarqua. Elle était radieuse et elle embrassait un garçon : mon père.
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