Après une énième défaite en championnat de notre équipe masculine de handball, rien ne va dans le village de Joisy. En effet, les joissillois ont perdu 41 à 5 contre Champigny. Quand mon mari, pivot de l’équipe locale, est rentré à la maison, il s’est dirigé vers son lit où il s’est couché sans rien manger. La situation est vraiment mauvaise pour le club de handball de la ville mais cela affecte aussi le moral de la population car tout le village supporte l’équipe depuis qu’ils ont été jusqu’en quarts de finale de la Coupe de France l’année dernière, ce qui est un exploit pour une équipe de cinquième division. Aujourd’hui, l’équipe est dernière de son championnat. C’est une catastrophe ! C’est pour cela qu’avec plusieurs copines, femmes de handballeurs, nous nous posons des questions...
C’est là que j’ai une idée qui sort du cadre. Pour aider nos maris, nous pouvons nous joindre à l’équipe pour leur prêter main forte. Nous n’avons jamais essayé de jouer au handball avec les hommes mais pourquoi pas ? La FFH, très avant-gardiste, autorise les matches mixtes depuis 2 ans mais personne ne l’a mis en pratique. Dès le lendemain, je propose mon idée au maire de Joisy, mais il me rit au nez ! Je le prends mal mais cela me motive à réussir mon projet. Accompagnée de plusieurs amies, je me rends à l’entraînement de notre équipe. Même sans l’accord du maire, nous avons le droit de nous entraîner avec les garçons. Avant d’en parler à l’entraîneur (qui est adjoint au maire), j’expose mon idée aux joueurs qui paraissent surpris par cette demande mais qui trouvent cela moderne et intelligent. Un effectif mixte et nombreux peut favoriser les innovations tactiques et la rotation d’effectif. L’entraîneur s’approche et nous lance : « Allez-vous-en, les femmes n’ont rien à faire sur un terrain de handball ». Je comprends dans son regard que le maire lui en a déjà parlé.
Je me rends compte que ces interdictions compliquent le projet, car nous ne pouvons plus nous entraîner avec les garçons. En effet, Joisy ne possède qu’un seul gymnase et il faut une autorisation municipale pour y jouer que nous n’avons pas. Une copine me propose : « Et si nous jouions sur le terrain vague à l’ouest de Joisy ? Il est en plein air et ce sera difficile pour dribbler avec les bosses du terrain, mais il est très peu utilisé donc on ne sera pas dérangé. Je ne vois pas d’autres moyens pour mettre notre projet en marche. » J’ai trouvé l’idée brillante ! C’est vrai que je n’y avais pas pensé. Je m’exclame alors : « Très bien, dans ce cas, je vous donne à tous rendez-vous les lundi et jeudi midi pour s’entraîner ! » Ces horaires conviennent à tout l’effectif. Le lundi suivant, tout le monde vient au terrain vague pour s’entraîner et j’ai déjà ma petite idée de l’équipe à mettre en place : « Je propose que tous les postes soient doublés. Pour les filles, il faut que la plus costaude soit en pivot, la plus souple et agile au poste de gardienne et les filles rapides sur les ailes. » C’est pratique car nous sommes une bande d’amis de longue date et connaissons nos forces et faiblesses. Au fur et à mesure des entraînements, les garçons retrouvent le moral et leur niveau, tandis que les filles et moi sommes rapidement intégrées à nos postes et commençons même à trouver des automatismes dans le jeu collectif. Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir à distribuer le jeu au poste de demi-centre, on me nomme capitaine et entraîneur de l’équipe en l’honneur de mon idée révolutionnaire d’une équipe mixte. Malgré les disputes avec le maire pour notre autorisation à jouer, un certain niveau et une réelle cohésion commencent à prendre forme dans l’équipe et j’en suis fière.
Une semaine plus tard, un match a lieu contre la redoutable équipe de Mentes, réputée pour sa capacité physique. Entre-temps, le maire et son adjoint se sont désolidarisés de notre projet mais le reste du village y adhère toujours. En effet, beaucoup de joisillois trouvent l’idée moderne et stimulante pour cette équipe de handball qui en a besoin. Comme le match se joue à Mentes, pas besoin de négocier avec la mairie de Joisy. Pour ce premier match mixte, nous sommes très motivés et unis pour la victoire. Dès que nous arrivons sur le lieu du match, une cinquantaine de joisillois nous attend pour nous encourager. Cela nous surprend agréablement et nous motive encore plus car nous n’avons pas envie de les décevoir. Une fois changés, je donne la composition à mes joueurs et joueuses. Mon mari est titulaire et je suis remplaçante car je veux analyser le jeu de l’équipe adverse pour les contrer à leur propre jeu.
Quand nous entrons sur le terrain, le public joisillois commence à s’émerveiller devant leur équipe tandis que les mentois paraissent déstabilisés par cette mixité inédite et cela nous amuse. Je dois reconnaître que cela fait chaud au cœur de voir qu’il y a plus de supporters josillois que mentois alors que l’on joue à l’extérieur ! Peu après, l’arbitre donne le coup d’envoi du match sous les applaudissements du public. Durant le premier tiers-temps, les contacts sont rudes, le niveau est vraiment élevé et, le match est indécis car il y a 5-5 au bout de 20 minutes. Il y a de l’intensité dans le jeu et je pense que si le rythme est aussi élevé jusqu’à la fin du tiers-temps, nos remplaçants auront un grand rôle à jouer car la fatigue commencera à envahir les mentois. C’est pour cette raison que je fais quatre changements à la pause, en me faisant notamment rentrer au poste de demi-centre. Le deuxième tiers-temps repart sur les mêmes bases que le premier. Cependant, je sens que les nouveaux entrants, moi la première, avons du mal à rentrer dans le match. Pour remédier à cela, j’exhorte le public à nous encourager davantage et il s’exécute. Malgré cela, nous perdons de deux points à la fin du deuxième tiers-temps. Je comprends qu’il faut jouer le tout pour le tout dans le dernier tiers-temps pour remporter ce match et pour satisfaire nos supporters.
A notre entrée sur le terrain pour le troisième tiers-temps, le public est déchaîné. J’ai prévu d’effectuer beaucoup de changements pour déstabiliser l’adversaire. Le dernier tiers-temps se lance, pour notre plus grand bonheur. Au fur et à mesure des minutes, les mentois se fatiguent mais il y a toujours deux points d’écart (25-27). Le public est à fond et les joueurs et joueuses aussi. Les changements chez nous se multiplient, les passes sont de plus en plus molles en raison de la fatigue. Pour ma part, je suis toujours sur le terrain et je sens que c’est vraiment difficile de continuer. Mais je ne veux pas lâcher mon équipe ! Le score est de 31-30. Tout à coup une percée de notre arrière gauche se transforme en but. Il ne reste plus que deux minutes et le score est nul. Un tir soudain du pivot adverse nous surprend tous, sauf notre gardienne qui réalise un arrêt miraculeux. C’est alors que notre ailière droite récupère la balle, déborde sur son côté, la passe à mon mari qui a changé au poste d’arrière, et réalise un centre millimétré pour moi. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fasse aussi instinctivement la passe. C’est pour cela que quand je vois le ballon arriver, je ne sais pas quoi faire. Je prends mes responsabilités, et je frappe le ballon...de la tête ! J’ai vu ma vie défiler. J’ai ainsi donné la victoire à mon équipe...grâce à un but de la tête. Le public est aux anges !
Tout le monde est joyeux et c’est vraiment le début d’une belle histoire où oui, contrairement à ce qu’a dit l’entraîneur, même les femmes peuvent gagner un match de handball. Pendant le trajet du retour, c’est la fête dans le bus. Tout le monde est hyper heureux. A notre arrivée à Joisy, le maire s’empresse de venir me voir pour me féliciter et pour me présenter ses excuses. Je les accepte malgré tout. Cela montre que les a priori négatifs sur les femmes et le sport sont totalement faux et qu’il faut laisser une chance à tout le monde dans la vie.
C’est là que j’ai une idée qui sort du cadre. Pour aider nos maris, nous pouvons nous joindre à l’équipe pour leur prêter main forte. Nous n’avons jamais essayé de jouer au handball avec les hommes mais pourquoi pas ? La FFH, très avant-gardiste, autorise les matches mixtes depuis 2 ans mais personne ne l’a mis en pratique. Dès le lendemain, je propose mon idée au maire de Joisy, mais il me rit au nez ! Je le prends mal mais cela me motive à réussir mon projet. Accompagnée de plusieurs amies, je me rends à l’entraînement de notre équipe. Même sans l’accord du maire, nous avons le droit de nous entraîner avec les garçons. Avant d’en parler à l’entraîneur (qui est adjoint au maire), j’expose mon idée aux joueurs qui paraissent surpris par cette demande mais qui trouvent cela moderne et intelligent. Un effectif mixte et nombreux peut favoriser les innovations tactiques et la rotation d’effectif. L’entraîneur s’approche et nous lance : « Allez-vous-en, les femmes n’ont rien à faire sur un terrain de handball ». Je comprends dans son regard que le maire lui en a déjà parlé.
Je me rends compte que ces interdictions compliquent le projet, car nous ne pouvons plus nous entraîner avec les garçons. En effet, Joisy ne possède qu’un seul gymnase et il faut une autorisation municipale pour y jouer que nous n’avons pas. Une copine me propose : « Et si nous jouions sur le terrain vague à l’ouest de Joisy ? Il est en plein air et ce sera difficile pour dribbler avec les bosses du terrain, mais il est très peu utilisé donc on ne sera pas dérangé. Je ne vois pas d’autres moyens pour mettre notre projet en marche. » J’ai trouvé l’idée brillante ! C’est vrai que je n’y avais pas pensé. Je m’exclame alors : « Très bien, dans ce cas, je vous donne à tous rendez-vous les lundi et jeudi midi pour s’entraîner ! » Ces horaires conviennent à tout l’effectif. Le lundi suivant, tout le monde vient au terrain vague pour s’entraîner et j’ai déjà ma petite idée de l’équipe à mettre en place : « Je propose que tous les postes soient doublés. Pour les filles, il faut que la plus costaude soit en pivot, la plus souple et agile au poste de gardienne et les filles rapides sur les ailes. » C’est pratique car nous sommes une bande d’amis de longue date et connaissons nos forces et faiblesses. Au fur et à mesure des entraînements, les garçons retrouvent le moral et leur niveau, tandis que les filles et moi sommes rapidement intégrées à nos postes et commençons même à trouver des automatismes dans le jeu collectif. Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir à distribuer le jeu au poste de demi-centre, on me nomme capitaine et entraîneur de l’équipe en l’honneur de mon idée révolutionnaire d’une équipe mixte. Malgré les disputes avec le maire pour notre autorisation à jouer, un certain niveau et une réelle cohésion commencent à prendre forme dans l’équipe et j’en suis fière.
Une semaine plus tard, un match a lieu contre la redoutable équipe de Mentes, réputée pour sa capacité physique. Entre-temps, le maire et son adjoint se sont désolidarisés de notre projet mais le reste du village y adhère toujours. En effet, beaucoup de joisillois trouvent l’idée moderne et stimulante pour cette équipe de handball qui en a besoin. Comme le match se joue à Mentes, pas besoin de négocier avec la mairie de Joisy. Pour ce premier match mixte, nous sommes très motivés et unis pour la victoire. Dès que nous arrivons sur le lieu du match, une cinquantaine de joisillois nous attend pour nous encourager. Cela nous surprend agréablement et nous motive encore plus car nous n’avons pas envie de les décevoir. Une fois changés, je donne la composition à mes joueurs et joueuses. Mon mari est titulaire et je suis remplaçante car je veux analyser le jeu de l’équipe adverse pour les contrer à leur propre jeu.
Quand nous entrons sur le terrain, le public joisillois commence à s’émerveiller devant leur équipe tandis que les mentois paraissent déstabilisés par cette mixité inédite et cela nous amuse. Je dois reconnaître que cela fait chaud au cœur de voir qu’il y a plus de supporters josillois que mentois alors que l’on joue à l’extérieur ! Peu après, l’arbitre donne le coup d’envoi du match sous les applaudissements du public. Durant le premier tiers-temps, les contacts sont rudes, le niveau est vraiment élevé et, le match est indécis car il y a 5-5 au bout de 20 minutes. Il y a de l’intensité dans le jeu et je pense que si le rythme est aussi élevé jusqu’à la fin du tiers-temps, nos remplaçants auront un grand rôle à jouer car la fatigue commencera à envahir les mentois. C’est pour cette raison que je fais quatre changements à la pause, en me faisant notamment rentrer au poste de demi-centre. Le deuxième tiers-temps repart sur les mêmes bases que le premier. Cependant, je sens que les nouveaux entrants, moi la première, avons du mal à rentrer dans le match. Pour remédier à cela, j’exhorte le public à nous encourager davantage et il s’exécute. Malgré cela, nous perdons de deux points à la fin du deuxième tiers-temps. Je comprends qu’il faut jouer le tout pour le tout dans le dernier tiers-temps pour remporter ce match et pour satisfaire nos supporters.
A notre entrée sur le terrain pour le troisième tiers-temps, le public est déchaîné. J’ai prévu d’effectuer beaucoup de changements pour déstabiliser l’adversaire. Le dernier tiers-temps se lance, pour notre plus grand bonheur. Au fur et à mesure des minutes, les mentois se fatiguent mais il y a toujours deux points d’écart (25-27). Le public est à fond et les joueurs et joueuses aussi. Les changements chez nous se multiplient, les passes sont de plus en plus molles en raison de la fatigue. Pour ma part, je suis toujours sur le terrain et je sens que c’est vraiment difficile de continuer. Mais je ne veux pas lâcher mon équipe ! Le score est de 31-30. Tout à coup une percée de notre arrière gauche se transforme en but. Il ne reste plus que deux minutes et le score est nul. Un tir soudain du pivot adverse nous surprend tous, sauf notre gardienne qui réalise un arrêt miraculeux. C’est alors que notre ailière droite récupère la balle, déborde sur son côté, la passe à mon mari qui a changé au poste d’arrière, et réalise un centre millimétré pour moi. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me fasse aussi instinctivement la passe. C’est pour cela que quand je vois le ballon arriver, je ne sais pas quoi faire. Je prends mes responsabilités, et je frappe le ballon...de la tête ! J’ai vu ma vie défiler. J’ai ainsi donné la victoire à mon équipe...grâce à un but de la tête. Le public est aux anges !
Tout le monde est joyeux et c’est vraiment le début d’une belle histoire où oui, contrairement à ce qu’a dit l’entraîneur, même les femmes peuvent gagner un match de handball. Pendant le trajet du retour, c’est la fête dans le bus. Tout le monde est hyper heureux. A notre arrivée à Joisy, le maire s’empresse de venir me voir pour me féliciter et pour me présenter ses excuses. Je les accepte malgré tout. Cela montre que les a priori négatifs sur les femmes et le sport sont totalement faux et qu’il faut laisser une chance à tout le monde dans la vie.