Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? peut-être les deux ?
Aujourd’hui, je décide de fermer les yeux de peur que mes larmes ne me prennent tout de moi, mes souvenirs ou encore mon âme, et que le sol les sèche sans y laisser de traces.
Assis ce mardi soir, devant ce minuscule portail fait de bois séchés sur lequel était scruté une croix de JÉSUS, le regard scrutant l’horizon, et oui, une fusée venait d’être projetée dans le ciel, encore un rêve de gamin qui se réalisait et cela, sous mes yeux. A quand mon tour me disais-je ? la galère tout comme la pauvreté sont cruelles à vivre et même à penser. Il suffisait d’un bout de pain, de l’eau dont le sucre faisait office de marinade, pour t’obliger à te sortir à l’idée une certaine faim, ce à quoi je devais m’attendre ce soir encore. Mon rêve de prendre l’avion, et pourquoi pas une fusée, me rongeait et me motivait davantage ; mais comment y arriver ? Je me levais un matin de dimanche et me rendis prêt de l’aéroport, et cela, dans le but de regarder juste un avion me passer par-dessus la tête et me sentir proche de mon but ultime.
Comme toujours, Papa venait une fois de plus de battre maman, juste pour une histoire de sauce mal assaisonnée et oui, la chicotte qui lui avait été remise le jour du mariage ne se lassait jamais sur le dos de ma pauvre mère, qui avait été forcé à se marier à l’Age de 12 ans. Nous étions 18 enfants et moi à 18 ans j’étais l’ainée, l’Afrique et ses mystères, il faut y vivre pour croire certains faits.
L’abandon de l’école avait été mon premier réflexe car ma scolarité valait deux mois de marché, sans oublier mes frères qui tombaient sans cesse malades. Je décidais donc me lancer dans le cirage de chaussures dans des communes nanties du plateau et de Cocody pour me faire de l’argent et aider maman à nourrir mes frères. Certaines journées m’étaient bénéfiques et d’autres très dures, le soleil, la police municipale, les regards des passants, les injures et bien-sûr les chicottes. Je n’étais pas le seul à cirer et des luttent intervenaient parfois entre nous, mais il ne fallait pas ignorer le but, sortir de la pauvreté et maman souffrant de la tension et dont le cancer du sein emportait de jour en jour.
Dès mon retour à la maison, mal en point, elle me disait après avoir été une fois de plus battue par mon père :
« Mon fils mes jours sur cette terre sont comptés, sache une chose, n’oublie jamais tes 17 frères car ils seront mon héritage, Je n’ai plus la force pour m’occuper deux, Je n’arrive plus à vendre ni à préparer, Le cancer me ronge, m’emporte et mes larmes n’effacerons jamais mes prières pour toi. Reçois mes bénédictions et prie Dieu afin que mon allée soit moins douloureuse. »
Je n’avais plus d’autres choix que me lancer dans d’autres activités plus rentables que la précédente, le lavage de voiture, puis le gardiennage d’un cimetière etc.
Un lundi à minuit, alors que je montais la garde, un violent vent se mit à souffler comme annonçant une mauvaise nouvelle, mais je ne pouvais me soustraire de mon travail, faute de quoi, je ne percevrais pas de salaire pour le temps perdu. Je dirais que les morts aussi avaient pas mal de droits à ne pas transgresser.
Je rentrais donc le matin et une scène effroyable se produisit, le corps de maman gisait dans un bain de sang, elle venait de succomber aux coups de papa. Mes frères s’écroulèrent sur son corps en pleure et oui, je comprenais désormais le sens de l’héritage dont parlait maman. Papa en prison et maman morte. Je n’avais plus la force d’y continuer mais il le fallait. Je continuais donc à m’occuper des plus petits de 1 ,2 ,3 ans, les plus âgés devaient se débrouiller. Je rencontrais un jour un ami à qui je racontais mon histoire, il me suggéra de les envoyer dans un orphelinat, j’hésitais puis j’acceptais car la situation ne me permettait pas de subvenir à leurs besoins convenablement. Je payais donc le ticket des 16 ans enfants pour qu’ils se rendent dans un orphelinat dans une ville du nord et gardais avec moi celui de 17 ans. Je leurs souhaitais un bon voyage par les vitres, je les voyais tous en pleure car ne savant plus quand revenir, puis le car pris son chemin, je retournais donc à la maison. Ali âgé de 17 ans était mécanicien et m’aidait dans certaines charges. Nous passions tout notre temps ensemble, profitons de l’instant présent, d’ailleurs, il ne nous restait que ça.
La ville du nord était à deux jours de voyage mais après trois jours, je n’avais plus les nouvelles de mes frères et me renseignais dans tous les bureaux de police et autres. On apprit subitement au journal télévisé que le car transportant les enfants venait d’essuyer les balles des coupeurs de routes et qu’il venait de se renverser. Décidément, le diable nous en voulait grandement. La notion du temps ainsi que le goût de la vie ne m’importaient nullement. Mon irresponsabilité venait d’être mise en exergue.
« Maman de là-haut tu me vois, et je n’ai plus les mots pour te dire que je viens de faire perdre la vie à mes frères et sœurs. »
Mon petit frère me fixait du regard me disant, je sais que mon tour viendra grand frère, mais s’il te plait ne me laisse pas partir car j’ai très peur. Je ne savais quoi lui dire car tout était confus en moi. La vie m’arrachait tout peu à peu. Je jurais de ne plus perdre un membre de ma famille mais je ne savais quoi faire pour empêcher tout ça. Pourquoi ne pas quitter l’Afrique et vivre chez les blancs ? Je décidais donc de me rendre en France, avec mon petit frère, mais n’ayant pas d’argent nous décidâmes d’aller en bateau par la mer.
Nous connaissions les risques que nous encourions, mais il fallait fuir cette malédiction. Nous entamions les démarches le jour du voyage et commencions les prières.
Tout se passait bien jusqu’à minuit, des vents violents secouèrent le bateau, chacun s’agrippa à ce qu’il pouvait, je voyais mon petit frère s’agripper à moi me disant j’ai peur, je ne veux pas mourir s’il te plait retournons en Afrique. Le bateau chavirait et un homme qui s’agrippait à lui le tirait pour ne pas se noyer, je le tirais également pour ne pas le lâcher et subitement, un coup violent me sonna à la tête et je le lâchais, les larmes aux yeux il me fixait, je voyais à travers ses yeux, sa lutte pour sa survie, se débattant pour s’en sortir et moi ne pouvant rien faire.je le voyais partir criant grand frère, grand frère, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je venais de perdre mon dernier frère. Je voulu me jeter également à la mer mais les autres passagers me retenaient. Nous arrivions en Italie après des jours en mer sans eaux ni nourritures. J’avais tout perdu à quoi servait-il d’être en Europe s’il fallait que je perde autant de vies.
Étais-je dans le noir ou avais-je les yeux fermés ? je dirai que le regard ne me servait plus à grande chose car ma vie ne fut qu’obscurité.
Aujourd’hui, je décide de fermer les yeux de peur que mes larmes ne me prennent tout de moi, mes souvenirs ou encore mon âme, et que le sol les sèche sans y laisser de traces.
Assis ce mardi soir, devant ce minuscule portail fait de bois séchés sur lequel était scruté une croix de JÉSUS, le regard scrutant l’horizon, et oui, une fusée venait d’être projetée dans le ciel, encore un rêve de gamin qui se réalisait et cela, sous mes yeux. A quand mon tour me disais-je ? la galère tout comme la pauvreté sont cruelles à vivre et même à penser. Il suffisait d’un bout de pain, de l’eau dont le sucre faisait office de marinade, pour t’obliger à te sortir à l’idée une certaine faim, ce à quoi je devais m’attendre ce soir encore. Mon rêve de prendre l’avion, et pourquoi pas une fusée, me rongeait et me motivait davantage ; mais comment y arriver ? Je me levais un matin de dimanche et me rendis prêt de l’aéroport, et cela, dans le but de regarder juste un avion me passer par-dessus la tête et me sentir proche de mon but ultime.
Comme toujours, Papa venait une fois de plus de battre maman, juste pour une histoire de sauce mal assaisonnée et oui, la chicotte qui lui avait été remise le jour du mariage ne se lassait jamais sur le dos de ma pauvre mère, qui avait été forcé à se marier à l’Age de 12 ans. Nous étions 18 enfants et moi à 18 ans j’étais l’ainée, l’Afrique et ses mystères, il faut y vivre pour croire certains faits.
L’abandon de l’école avait été mon premier réflexe car ma scolarité valait deux mois de marché, sans oublier mes frères qui tombaient sans cesse malades. Je décidais donc me lancer dans le cirage de chaussures dans des communes nanties du plateau et de Cocody pour me faire de l’argent et aider maman à nourrir mes frères. Certaines journées m’étaient bénéfiques et d’autres très dures, le soleil, la police municipale, les regards des passants, les injures et bien-sûr les chicottes. Je n’étais pas le seul à cirer et des luttent intervenaient parfois entre nous, mais il ne fallait pas ignorer le but, sortir de la pauvreté et maman souffrant de la tension et dont le cancer du sein emportait de jour en jour.
Dès mon retour à la maison, mal en point, elle me disait après avoir été une fois de plus battue par mon père :
« Mon fils mes jours sur cette terre sont comptés, sache une chose, n’oublie jamais tes 17 frères car ils seront mon héritage, Je n’ai plus la force pour m’occuper deux, Je n’arrive plus à vendre ni à préparer, Le cancer me ronge, m’emporte et mes larmes n’effacerons jamais mes prières pour toi. Reçois mes bénédictions et prie Dieu afin que mon allée soit moins douloureuse. »
Je n’avais plus d’autres choix que me lancer dans d’autres activités plus rentables que la précédente, le lavage de voiture, puis le gardiennage d’un cimetière etc.
Un lundi à minuit, alors que je montais la garde, un violent vent se mit à souffler comme annonçant une mauvaise nouvelle, mais je ne pouvais me soustraire de mon travail, faute de quoi, je ne percevrais pas de salaire pour le temps perdu. Je dirais que les morts aussi avaient pas mal de droits à ne pas transgresser.
Je rentrais donc le matin et une scène effroyable se produisit, le corps de maman gisait dans un bain de sang, elle venait de succomber aux coups de papa. Mes frères s’écroulèrent sur son corps en pleure et oui, je comprenais désormais le sens de l’héritage dont parlait maman. Papa en prison et maman morte. Je n’avais plus la force d’y continuer mais il le fallait. Je continuais donc à m’occuper des plus petits de 1 ,2 ,3 ans, les plus âgés devaient se débrouiller. Je rencontrais un jour un ami à qui je racontais mon histoire, il me suggéra de les envoyer dans un orphelinat, j’hésitais puis j’acceptais car la situation ne me permettait pas de subvenir à leurs besoins convenablement. Je payais donc le ticket des 16 ans enfants pour qu’ils se rendent dans un orphelinat dans une ville du nord et gardais avec moi celui de 17 ans. Je leurs souhaitais un bon voyage par les vitres, je les voyais tous en pleure car ne savant plus quand revenir, puis le car pris son chemin, je retournais donc à la maison. Ali âgé de 17 ans était mécanicien et m’aidait dans certaines charges. Nous passions tout notre temps ensemble, profitons de l’instant présent, d’ailleurs, il ne nous restait que ça.
La ville du nord était à deux jours de voyage mais après trois jours, je n’avais plus les nouvelles de mes frères et me renseignais dans tous les bureaux de police et autres. On apprit subitement au journal télévisé que le car transportant les enfants venait d’essuyer les balles des coupeurs de routes et qu’il venait de se renverser. Décidément, le diable nous en voulait grandement. La notion du temps ainsi que le goût de la vie ne m’importaient nullement. Mon irresponsabilité venait d’être mise en exergue.
« Maman de là-haut tu me vois, et je n’ai plus les mots pour te dire que je viens de faire perdre la vie à mes frères et sœurs. »
Mon petit frère me fixait du regard me disant, je sais que mon tour viendra grand frère, mais s’il te plait ne me laisse pas partir car j’ai très peur. Je ne savais quoi lui dire car tout était confus en moi. La vie m’arrachait tout peu à peu. Je jurais de ne plus perdre un membre de ma famille mais je ne savais quoi faire pour empêcher tout ça. Pourquoi ne pas quitter l’Afrique et vivre chez les blancs ? Je décidais donc de me rendre en France, avec mon petit frère, mais n’ayant pas d’argent nous décidâmes d’aller en bateau par la mer.
Nous connaissions les risques que nous encourions, mais il fallait fuir cette malédiction. Nous entamions les démarches le jour du voyage et commencions les prières.
Tout se passait bien jusqu’à minuit, des vents violents secouèrent le bateau, chacun s’agrippa à ce qu’il pouvait, je voyais mon petit frère s’agripper à moi me disant j’ai peur, je ne veux pas mourir s’il te plait retournons en Afrique. Le bateau chavirait et un homme qui s’agrippait à lui le tirait pour ne pas se noyer, je le tirais également pour ne pas le lâcher et subitement, un coup violent me sonna à la tête et je le lâchais, les larmes aux yeux il me fixait, je voyais à travers ses yeux, sa lutte pour sa survie, se débattant pour s’en sortir et moi ne pouvant rien faire.je le voyais partir criant grand frère, grand frère, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je venais de perdre mon dernier frère. Je voulu me jeter également à la mer mais les autres passagers me retenaient. Nous arrivions en Italie après des jours en mer sans eaux ni nourritures. J’avais tout perdu à quoi servait-il d’être en Europe s’il fallait que je perde autant de vies.
Étais-je dans le noir ou avais-je les yeux fermés ? je dirai que le regard ne me servait plus à grande chose car ma vie ne fut qu’obscurité.