Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Et puis, plus rien. Encore une fois, je me retrouve paralysée, seule, incapable d'émettre un son, incapable d'appeler au secours, incapable de clamer ma vérité.
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Je voudrais commencer par dire foutez-moi la paix !
Tout le monde pense que je suis la petite fille parfaite avec son style de vie de princesse, de grands yeux éblouissants, des lèvres gourmandes, un corps élancé, et voilà le monde entier à mes pieds. Tenue impeccable, une touche d'ambition, et voilà l'élève élogieuse aux résultats exemplaires et aux nombreuses expériences parascolaires et professionnelles. Sourire chaleureux par-ci et tonalité attrayante par-là, et voilà une vie sociale réussite. Fier de mes accomplissements, mon cercle ne perd jamais une occasion de m'exposer partout sur les réseaux sociaux. J'ai toujours été l'espoir de la famille, la jolie rose qui a éclot, prête à séduire le premier passant dans les horizons. J'avais tout ce qu'il fallait pour être la fille exemplaire que tout parent souhaitait d'avoir et que les autres jalousaient incessamment. Aux yeux d'autrui, je suis la fille parfaite au dynamisme que tout le monde envie.
Eh bien, derrière cette jolie façade... il y a le chaos.
Peu était ceux qui s'apercevait que tout cela n'était qu'une façade à une histoire sinistre et sombre. La vie ne semble pas très conciliante ces derniers temps. Des traumatismes aux manipulations, des dépressions aux crises d'angoisse, il semble que Dieu, ou quiconque se trouve là-haut, prend plaisir face au spectacle chaotique. Eh bien, au moins, je suis sûr que ma thérapeute s'amuse bien.
Comme chaque année, c'est dans ce silence infini que je souffle mes bougies sous le regard asphyxiant de mon cercle propice, tous attendant une réponse à la question évoquée précédemment.
« Que veux-tu pour ton anniversaire ? »
Simple comme question et avéré comme réponse, comprendront-ils mon souhait ?
Être heureuse c'est tout ce que je désirais. Ça peut vous paraitre pathétique pour une jeune fille de 20 ans mais encore, c'est tout ce que je désirais.
Derrière chaque bougie d'anniversaire, se trouve une année de querelle contre soi-même qui s'enflamme dans l'espoir d'un avenir serein.
C'est plus tard que j'ai enfin compris, que personne ne comprendra véritablement votre combat intrapersonnel.Personne n'est authentiquement là pour vous. Ne tombez pas sous le charme de la bienfaisance d'autrui ; chacun cherche une façon de nourrir son égocentrisme. Personne ne connaît le vrai vous, votre histoire, vos souffrances, vos blessures. Personne ne sait ce qui est meilleur pour vous. Derrière les preuves d'empathie, se cache une hypocrisie tranchante. Ne me dites pas que je ne vous ai pas prévenu.
Jugements, jugements, jugements... ils ne cessent jamais ! Mais seulement s'ils savaient.
En plein milieu du cours, une crise d'angoisse ; en se promenant dans la rue, une réminiscence de scènes funèbres ; au volant, le retour de paroles amer. On parle sans cesse de l'ombre qui suit le corps ignorant que le véritable clair-obscur se trouve en nous. Où qu'on soit et quoiqu'on fasse, les souvenirs pénibles peuvent resurgir à tout moment nous rendant impuissant face à cette emprise. Une fois vécu, nous restons victimes, emprisonnés à jamais de ces moments choquants de notre histoire. Des nuages tout autour de mon cœur, sentiments et émotions piégés dans cet endroit amer, il est temps de trouver une échappatoire de ce chaos,
Bruits cassants, cris stridents, pleures incessants, quand cette souffrance allait-elle s'achever ? Quand est-ce que je pourrais enfin ressentir une joie pure et authentique ? Quand est-ce que je pourrais enfin rire sans m'attendre au pire dans les minutes qui suivent ? Quand est-ce que je vais cesser d'ingurgiter des produits chimiques pour afficher un sourire dans des contextes sociaux ?
Malgré ce monde plein de dynamisme et cette disparité de caractères, je me retrouve seule et solitaire. La plus grande erreur que j'ai pu faire c'est d'être persuadé que tout le monde a la même pureté d'être et des intentions consciencieuses que mon candide esprit. Pour des années, j'ai vécu dans l'illusion de la bonté humaine méconnaissant le suppôt de Satan.
Méfiez-vous. Méfiez-vous du narcissisme humain. Il poignarde. Il poignarde profondément. Très profondément.
J'ai subi tous les coups. De la santé mentale à la santé physique, je me retrouvais au milieu de la nuit, incarcérée par les incontrôlables crises d'anxiété remaniés aussitôt en somatisations massives. Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Et puis, plus rien. Encore une fois, je me retrouve paralysée, seule, incapable d'émettre un son, incapable d'appeler au secours, incapable de clamer ma vérité. Malgré la familiarité de ses crises, l'effroi face à la catalepsie de mes membres et à la gêne respiratoire ne s'atténuait jamais.
N'attendez pas que les rats vous mangent pour sortir du creux. N'attendez pas qu'un judas vous tende la main pour vous sauver. Si vous ne vous aimez pas, personne ne vous aimera. Si vous n'assurez pas vos propres arrières, personne n'assurera le vôtre. Si vous ne prenez pas soin de vous, personne d'autre ne le fera.
La seule façon d'éviter cette souffrance est de s'aimer. Pas l'amour narcissique ou pathologique mais l'amour pure. L'amour de soi qui vous encourage à grandir que ce soit au niveau personnel ou professionnel. L'amour de soi qui vous permet de surmonter tous les obstacles. L'amour de soi qui vous donne la force de vous relever à chaque tombée. L'amour de soi qui ne laisse pas les mots amers vous affecter. L'amour de soi qui, malgré les coups de poignard dans le dos, vous garde debout sur vos pieds.
En embrassant l'amour de soi comme une précieuse étreinte intérieure, vous libérez votre véritable potentiel et vous vous ouvrez à un océan infini de bonheur et d'accomplissement. N'oubliez jamais que le plus grand amour que vous puissiez connaître réside en vous-mêmes, une flamme éternelle qui éclaire votre chemin vers une vie de plénitude et d'authenticité.
Sauvez-vous avant qu'il ne soit trop tard. Aimez-vous.