Cela faisait deux mois que Pierre, voyant la fin de sa vie se rapprocher, était obsédé par l'idée de laisser une trace de son passage sur Terre. Au début, il n'avait pas la moindre idée de comment s'y prendre. Il se creusa les méninges, demanda à sa femme qui trouva l'idée ridicule et se moqua de lui : « Mais quelle idée saugrenue ! Mon pauvre Pierre, tu es tombé sur la tête ! »
Il s'en allait tristement, continuant de réfléchir à son idée. Laisser une trace, laisser une trace... Cela semblait si important pour lui, il se sentait si incompris du monde qui l'entourait. Tout à coup, en apercevant des livres dans la vitrine d' une librairie, l'idée lui vint comme un éclair ! Il avait trouvé : il allait entreprendre l'écriture d'un livre. L'entreprise était malheureusement bien difficile : il n'avait jamais été très fort en rédaction. Il décidait donc de s'inspirer des plus grands en lisant les œuvres de Balzac et Zola. Même sa femme était impressionnée ! Il consacrait des heures, des jours et des mois à la lecture. Il commença ensuite à écrire et progressait de jour en jour.
Après plus d'un an de labeur, son livre était enfin fini. Il était devenu plus confiant, plus instruit et plus intéressant. Malgré tout, ses efforts étaient vains. Une violente déception s'empara de lui, personne ne se souviendrait de lui, tout cela n'avait servi à rien. Pierre ne rentrerait pas dans l'histoire avec son livre.
On sonna à la porte alors qu'il se lamentait. C'était son fils qui venait prendre de ses nouvelles. Une joie immense l'envahit : il se rendit compte qu'il avait déjà laissé une trace. Il serra son enfant dans ses bras et lui fit la lecture de son livre. Son fils était sa plus belle joie, la plus belle trace qu'il pouvait laisser.