Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. J'ouvrais à peine mes yeux, plongé dans une obscurité oppressante. Une étrange odeur flottait dans l'air, me laissant perplexe. Mes sens s'étaient éveillés, mais mon esprit restait confus quant à ma situation. J'observai avec difficulté la pièce, qui se révéla être étonnamment spacieuse. Je me sentais perdu, sans repères ni souvenirs de comment j'étais arrivé ici. Mon regard se tourna instinctivement vers le volet gauche de la fenêtre à côté, cherchant désespérément un indice.
Le paysage extérieur demeurait plongé dans l'obscurité, une noirceur impénétrable. Cependant, des lumières clignotaient et le son des sirènes résonnaient au loin. Les ambulances. Mon cœur se serra, une inquiétude grandissante m'envahit.
Soudain, une infime étincelle de compréhension illumina mon esprit. Les fragments de souvenirs flottèrent dans ma conscience comme des ombres fugaces. Les sirènes...les ambulances...l'hôpital... Je réalisai avec stupeur que j'étais dans une chambre d'hôpital. Des questions emplissaient mon esprit. Comment étais-je arrivé ici ? Qu'est-ce qui s'était passé ? Mes souvenirs semblaient flous, comme des fragments brisés d'un puzzle inachevé. J'ai scruté la pièce à la recherche d'indices, espérant trouver des réponses à mes interrogations.
La pièce était enveloppée d'une atmosphère étrange. Des équipements médicaux clignotaient doucement. Des bruits étouffés provenaient du couloir, signes d'une activité frénétique et de vies en suspens .
La vérité m'échappait encore. Mes pensées étaient confuses, mais un sentiment d'urgence grandissait en moi. Je tentai de me lever, mais mon corps refusait de répondre à mes commandes. Une angoisse profonde s'empara de moi. J'étais prisonnier de mon propre corps, impuissant à comprendre ce qui m'arrivait. J'ai appelé à l'aide, mais aucun son n'a franchi mes lèvres. Un sentiment de panique m'a envahi, et j'ai commencé à observer les détails de la pièce avec attention.
C'est alors que j'ai remarqué la présence d'autres personnes allongées à mes côtés. J'avais beau crier à leur aide, mais ils semblaient ne pas m'écouter. Soudainement, des silhouettes floues entrèrent dans la chambre et se dirigèrent près des lits voisins. Leurs regards vides et leurs expressions figées m'ont glacé le sang. Alors que je scrutais ses visiteurs, qui d'ailleurs ne m'entendaient non plus, j'ai remarqué que leurs voix étaient étouffées par mes oreilles, leurs gestes précis semblaient danser dans l'air. J'étais là, impuissant et presqu'invisible.
Une sensation étrange m'envahissait, un mélange de confusion et de terreur. J'étais là, dans cette chambre d'hôpital, mais j'étais invisible aux yeux des autres et mon corps recouvert d'un drap blanc immaculé, refusait toute obéissance. J'ai commencé à réaliser que quelque chose de bien plus sinistre se tramait. Mon esprit fit le lien que je redoutais : était-il possible que je sois mort ? Serai-je un esprit perdu, coincé entre deux mondes? Un esprit condamné à errer dans cette chambre d'hôpital pour l'éternité?
Au milieu de toutes ces questions, de cette obscurité, j'observai les médecins quitter la pièce, emportant avec eux les réponses que je cherchais désespérément. Me laissant ainsi piégé dans cet entre-deux de la mort et de la vie.
Et c'est ainsi que je compris que la véritable chute de cette histoire était que la mort m'avait enlevé la vie, mais m'avait laissé l'horreur de l'existence sans fin.