Je sors pour jouer au ballon et mon père me dit non, c'est un jeu de garçon. En réaction, je mets du mascara noir sur mes yeux. Au lycée, deux garçons me harcèlent depuis des mois pour une histoire de religion. Je leurs dis, je suis libre, mon corps et mon âme m'appartiennent. Ce soir, je dessine des sorcières, des chats et des corbeaux. J'ai toujours un pied en enfance, en attente d'une pointure plus grande, pour sauter dans la case indépendance. Passement de jambes, je frappe, le ballon se loge dans la lucarne. Je suis la louve, je ne lâche rien, je n'ai pas le temps pour les pleurs, le rire est mon arme contre les petits dictateurs. Lundi, j'ai haï mes devoirs, mardi, je me suis embrouillée avec Dorothée, mercredi, je me suis blessée au genou, jeudi, j'ai perdu mon cahier d'anglais, vendredi, je me suis faite insulter, samedi, je me suis réconciliée avec Dorothée, dimanche, je suis restée connectée. Maman et papa se disputent, je me bouche les oreilles pour ne plus entendre toujours le même refrain. Je suis perdue, je suis meurtrie, je n'ai plus faim, j'ai le sommeil chagrin. Moi si menue, je voudrai serrer très fort maman. Chers parents, je vous aime et je vous hais, il est bien trop tard pour les baisers. Je suis dans ma période froide et agressive, sur le terrain je ne vais rien lâcher.
Enfin un moment de tendresse et de solidarité. Dans la cage d'escalier, je retrouve des couleurs et des rires, Dorothée se met à rapper, c'est la star du bloc B.
Le temps est couvert en ce début de vacances. J'en profite pour rendre visite à ma grand-mère. Je lui ai acheté des gâteaux et des chocolats, elle est si gourmande et moi aussi. Elle m'offre une boite de maquillage et un parfum que je cache vite dans mon sac de sport, je ne veux pas d’histoire avec mes parents.
Je me sens toute molle, vivement les beaux jours pour reprendre le foot. Je n'ai plus mal au genou, je passe l'après midi à faire des jongles. Le soir je me force à manger, moi la petite crevette, mon défi, c'est de grossir.
Face à l'écran, je clique contre la domination, l'humiliation, la souffrance, je me révolte contre ce monde de castes, les hommes rois ont beau mettre des masques sourires, la réalité est toujours sombre, la soumission sournoise.
Avant de me coucher, j'aime écrire quelques mots frissons ou rebellions, une petite poésie avant de dormir, mon seul médicament. Il faut que je change de stylo, les lettres sont trop grosses pour ce petit carnet rouge désir, je dessine une fleur nommé espoir.
Toute la semaine, j'ai eu les yeux rouges et ce dimanche une cousine et son mari sont à la maison. Je reste dans ma chambre, à l'abri des regards et des racontars.
Je sors de l’hôpital, je suis allée voir ma grand-mère, elle a fait une grosse chute dans l'escalier, mais je suis rassurée, que des contusions, rien de cassé.
Direction le Ciné, avec Kamel et Dorothée, jour de solde, un monde pas possible et j'ai craqué pour le blouson rasta pour futures soirées libertés.
Dis-moi pourquoi, ces moments fragiles, ces peurs imbéciles, ces amours bombardés, ces ennuis infligés, ces paroles enfermées, ces pensées égoïstes, ces gestes déplacés.
Main dans la main, nos regards se croisent, tu me me souris, tes lèvres me frôlent. Plus fort que l'amitié, maintenant la vie est plus belle tous les jours, car pour toujours, j'ai trouvé l'amour. Une nouvelle étape, je cours le ballon au pied, je contourne les obstacles, je tire et je marque.
J'ai quitté mon quartier, j'ai donné mon ballon au fils de Dorothée, mes parents habitent maintenant dans les nuages. Je ferme le carton, mes lettres d'amour, mes dessins griffonnés, ma mèche de cheveux, ma poupée cassée, mes posters délavés dorment au grenier.
Enfin un moment de tendresse et de solidarité. Dans la cage d'escalier, je retrouve des couleurs et des rires, Dorothée se met à rapper, c'est la star du bloc B.
Le temps est couvert en ce début de vacances. J'en profite pour rendre visite à ma grand-mère. Je lui ai acheté des gâteaux et des chocolats, elle est si gourmande et moi aussi. Elle m'offre une boite de maquillage et un parfum que je cache vite dans mon sac de sport, je ne veux pas d’histoire avec mes parents.
Je me sens toute molle, vivement les beaux jours pour reprendre le foot. Je n'ai plus mal au genou, je passe l'après midi à faire des jongles. Le soir je me force à manger, moi la petite crevette, mon défi, c'est de grossir.
Face à l'écran, je clique contre la domination, l'humiliation, la souffrance, je me révolte contre ce monde de castes, les hommes rois ont beau mettre des masques sourires, la réalité est toujours sombre, la soumission sournoise.
Avant de me coucher, j'aime écrire quelques mots frissons ou rebellions, une petite poésie avant de dormir, mon seul médicament. Il faut que je change de stylo, les lettres sont trop grosses pour ce petit carnet rouge désir, je dessine une fleur nommé espoir.
Toute la semaine, j'ai eu les yeux rouges et ce dimanche une cousine et son mari sont à la maison. Je reste dans ma chambre, à l'abri des regards et des racontars.
Je sors de l’hôpital, je suis allée voir ma grand-mère, elle a fait une grosse chute dans l'escalier, mais je suis rassurée, que des contusions, rien de cassé.
Direction le Ciné, avec Kamel et Dorothée, jour de solde, un monde pas possible et j'ai craqué pour le blouson rasta pour futures soirées libertés.
Dis-moi pourquoi, ces moments fragiles, ces peurs imbéciles, ces amours bombardés, ces ennuis infligés, ces paroles enfermées, ces pensées égoïstes, ces gestes déplacés.
Main dans la main, nos regards se croisent, tu me me souris, tes lèvres me frôlent. Plus fort que l'amitié, maintenant la vie est plus belle tous les jours, car pour toujours, j'ai trouvé l'amour. Une nouvelle étape, je cours le ballon au pied, je contourne les obstacles, je tire et je marque.
J'ai quitté mon quartier, j'ai donné mon ballon au fils de Dorothée, mes parents habitent maintenant dans les nuages. Je ferme le carton, mes lettres d'amour, mes dessins griffonnés, ma mèche de cheveux, ma poupée cassée, mes posters délavés dorment au grenier.