Je ne sais pas d'où je viens

« Je ne peux pas raconter d'où je viens. J'ai tout oublié. »  
 
 
 
J'ai tout oublié.
 
L'air moite colle à ma peau. Au coin de cette rue déborde un marché de couleurs et de voix – cliquetis du panier en osier, rire du vendeur, échos d'une chanson qu'on ne m'a jamais chantée. Je ne sais pas qui je suis, seulement que j'ai  faim...
 
Parfait, Greylliana 💫
On continue ta nouvelle à partir du début que tu as :
 
 
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> Je ne peux pas raconter d'où je viens. J'ai tout oublié.
L'air moite colle à ma peau. Au coin de cette rue déborde un marché de couleurs et de voix – cliquetis du panier en osier, rire du vendeur, échos d'une chanson qu'on ne m'a jamais chantée. Je ne sais pas qui je suis, seulement que j'ai faim...
 
Un parfum sucré me tire par le nez, me conduit sans que je comprenne.
Sous une ombrelle trouée, une femme aux mains farineuses dépose des beignets dans un bac d'aluminium. Son visage est rond, ses yeux brillent.
— Aya ?
 
Le mot claque comme un tambour dans ma poitrine. Je me retourne. Personne derrière.
— Aya, c'est toi ou bien j'hallucine ?
 
Je reste figée.
Elle essuie ses doigts sur son pagne, contourne son étal, m'approche avec lenteur.
— C'est moi, Maman Justine. Tu ne me reconnais pas ?
 
Je hoche la tête. Non.
Mais quelque chose dans sa voix... une vibration... un goût d'autrefois me remue l'estomac.
Elle m'offre un beignet encore chaud. Je mords dedans.
La pâte moelleuse fond entre mes dents, une larme glisse sur ma joue.
— Tu es bien vivante, hein. On t'a crue morte.
 
Morte ? Je me sens vivante pourtant. Trop, même. Ma peau tremble. Mon ventre crie. Ma tête bourdonne.
 
Elle me prend la main.
— Viens. Assieds-toi. Tu étais une fille lumière. Une voix du peuple. Les mots dans ta bouche, c'était des tambours.
 
Je baisse les yeux.
Des mots ? Des tambours ?
Rien ne me revient.
 
 
 
 
 
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