Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. Puis j'ai rouvert les yeux, le soleil inondait la pièce, le ciel était rempli de nuages et mon âme s'était envolée.
Je savais, j'étais sûre de moi : je venais de mourir. Je ne savais plus qui j'étais ni où je me trouvais. Je ne ressentais rien. A la manière d'un nouveau-né qui découvre la vie, je venais d'apparaître. Mes sens s'éveillaient lentement. Mon corps ne bougeait pas. Je ne voyais rien, hormis ce soleil qui brillait beaucoup trop fort pour cette période d'hiver glacial. Mes yeux refusaient de bouger, comme accrochés par la beauté de ce ciel si blanc. Pourtant, mon subconscient était en parfait état de marche. Et la réalité m'a rattrapé. D'un coup d'oeil je l'ai vu. Mon bourreau. L'homme qui se tenait au-dessus de moi, ne me prêtait pas attention. Trop occupé à arracher mes plumes de ses griffes acérées. Trop occupé à briser mes ailes pour que je ne puisse plus jamais voler. Trop occupé à me retirer tout ce que j'étais et tout ce que j'avais. Trop occupé à vider mon âme de toute sa vitalité et à s'assurer que je sente mon sang couler. Je n'osais pas tourner la tête. Je n'osais pas respirer, je ne voulais pas qu'il sache que j'étais réveillée. J'étais trop faible pour choisir l'affrontement. Mais qui aurait osé me le reprocher ? Après tout, je n'étais qu'une enfant.
J'avais peur de voir dans son regard, le reflet de la fille que j'étais, et que je devrais enterrer malgré l'amour infini que je lui portais. Cette fille que je n'avais pas réussi à sauver, parce
que la lâcheté m'avait enchaîné aux pieds de ce démon, qui avait fini par lui prendre toute sa dignité. Cette fille solaire, dont le cœur égalait autrefois l'immensité du ciel, et pour qui l'amour de la vie était inébranlable. Une fille au courage impressionnant et aux discussions éloquentes. Mais la gentillesse et la bienveillance sont des mouroirs pour des filles comme elle. Et elle venait d'en faire les frais.
Mes yeux restaient obstinément accrochés à la fenêtre. La seule porte vers l'extérieur, vers la vie. Je la regardais sans relâche. J'attendais désespérement un signe, quelque chose, n'importe quoi. Que quelqu'un me sauve. Que quelque chose me sauve. Qu'une entité ait le courage que je n'avais pas eu.
Mais il n'y avait que moi. Dans cette pièce trop calme, trop exiguë et trop noire.
Je tentais tant bien que mal de respirer, et de ne pas m'agiter pour ne pas agrandir mes plaies. Je voulais avoir la chance de pouvoir côtoyer le ciel à nouveau, de pouvoir caresser les nuages et sentir l'air dans mes plumes. De pouvoir déployer mes ailes si blanches, si grandes et si puissantes. J'espérais au plus profond de moi et très inconsciemment qu'il n'étais pas trop tard pour sauver mon âme et mon cœur.
Mais avec de telles pensées, n'étais-je pas déjà en train de tenter de me sauver ?
Je connaissais, un vieux proverbe, « on ne se libère pas d'une chose si on ne la traverse pas". Alors pour m'en sortir, pour choisir la vie, la lumière à la mort intérieure et aux ténèbres, ne devais-je pas m'armer de courage ? Montrer que le désir de vivre était plus fort que tout ? Les questions se mélangeaient. Une tornade de pensées, d'images, de souvenirs, de visages, de paroles et d'un tas d'autres choses tourbillonnaient dans mon esprit. Mais je n'étais plus maître de quoi que ce soit. Mon destin m'échappait, je manquais de force, je manquais de temps, j'avais besoin qu'on me tende la main. Pourtant, alors que je pensais ne plus devoir compter que sur moi-même, le ciel me fit signe. Les nuages s'écartèrent, le bleu refit surface et un groupe d'oiseaux passa. Les premiers oiseaux migrateurs revenaient. Le printemps allait arriver. Et je compris. A la manière de ces oiseaux migrateurs, j'osais rêver d'horizons meilleurs et de journées plus chaudes. Si la nature nous offrait en cadeau la renaissance de la vie tous les ans, pourquoi ne pouvais-je pas refleurir à nouveau ? Ma décision était prise. L'homme m'enlèverait tout, mais pas mon amour de vivre ni ma force ni mon courage. Dès lors, je sentis grandir en moi de la chaleur. Ardente, solide et motrice, me permettant alors de redonner l'énergie perdue de mon corps. Mon cœur battait à
Je savais, j'étais sûre de moi : je venais de mourir. Je ne savais plus qui j'étais ni où je me trouvais. Je ne ressentais rien. A la manière d'un nouveau-né qui découvre la vie, je venais d'apparaître. Mes sens s'éveillaient lentement. Mon corps ne bougeait pas. Je ne voyais rien, hormis ce soleil qui brillait beaucoup trop fort pour cette période d'hiver glacial. Mes yeux refusaient de bouger, comme accrochés par la beauté de ce ciel si blanc. Pourtant, mon subconscient était en parfait état de marche. Et la réalité m'a rattrapé. D'un coup d'oeil je l'ai vu. Mon bourreau. L'homme qui se tenait au-dessus de moi, ne me prêtait pas attention. Trop occupé à arracher mes plumes de ses griffes acérées. Trop occupé à briser mes ailes pour que je ne puisse plus jamais voler. Trop occupé à me retirer tout ce que j'étais et tout ce que j'avais. Trop occupé à vider mon âme de toute sa vitalité et à s'assurer que je sente mon sang couler. Je n'osais pas tourner la tête. Je n'osais pas respirer, je ne voulais pas qu'il sache que j'étais réveillée. J'étais trop faible pour choisir l'affrontement. Mais qui aurait osé me le reprocher ? Après tout, je n'étais qu'une enfant.
J'avais peur de voir dans son regard, le reflet de la fille que j'étais, et que je devrais enterrer malgré l'amour infini que je lui portais. Cette fille que je n'avais pas réussi à sauver, parce
que la lâcheté m'avait enchaîné aux pieds de ce démon, qui avait fini par lui prendre toute sa dignité. Cette fille solaire, dont le cœur égalait autrefois l'immensité du ciel, et pour qui l'amour de la vie était inébranlable. Une fille au courage impressionnant et aux discussions éloquentes. Mais la gentillesse et la bienveillance sont des mouroirs pour des filles comme elle. Et elle venait d'en faire les frais.
Mes yeux restaient obstinément accrochés à la fenêtre. La seule porte vers l'extérieur, vers la vie. Je la regardais sans relâche. J'attendais désespérement un signe, quelque chose, n'importe quoi. Que quelqu'un me sauve. Que quelque chose me sauve. Qu'une entité ait le courage que je n'avais pas eu.
Mais il n'y avait que moi. Dans cette pièce trop calme, trop exiguë et trop noire.
Je tentais tant bien que mal de respirer, et de ne pas m'agiter pour ne pas agrandir mes plaies. Je voulais avoir la chance de pouvoir côtoyer le ciel à nouveau, de pouvoir caresser les nuages et sentir l'air dans mes plumes. De pouvoir déployer mes ailes si blanches, si grandes et si puissantes. J'espérais au plus profond de moi et très inconsciemment qu'il n'étais pas trop tard pour sauver mon âme et mon cœur.
Mais avec de telles pensées, n'étais-je pas déjà en train de tenter de me sauver ?
Je connaissais, un vieux proverbe, « on ne se libère pas d'une chose si on ne la traverse pas". Alors pour m'en sortir, pour choisir la vie, la lumière à la mort intérieure et aux ténèbres, ne devais-je pas m'armer de courage ? Montrer que le désir de vivre était plus fort que tout ? Les questions se mélangeaient. Une tornade de pensées, d'images, de souvenirs, de visages, de paroles et d'un tas d'autres choses tourbillonnaient dans mon esprit. Mais je n'étais plus maître de quoi que ce soit. Mon destin m'échappait, je manquais de force, je manquais de temps, j'avais besoin qu'on me tende la main. Pourtant, alors que je pensais ne plus devoir compter que sur moi-même, le ciel me fit signe. Les nuages s'écartèrent, le bleu refit surface et un groupe d'oiseaux passa. Les premiers oiseaux migrateurs revenaient. Le printemps allait arriver. Et je compris. A la manière de ces oiseaux migrateurs, j'osais rêver d'horizons meilleurs et de journées plus chaudes. Si la nature nous offrait en cadeau la renaissance de la vie tous les ans, pourquoi ne pouvais-je pas refleurir à nouveau ? Ma décision était prise. L'homme m'enlèverait tout, mais pas mon amour de vivre ni ma force ni mon courage. Dès lors, je sentis grandir en moi de la chaleur. Ardente, solide et motrice, me permettant alors de redonner l'énergie perdue de mon corps. Mon cœur battait à
présent vigoureusement, mon corps vivait. Pour cette ultime bataille, il avait décidé de s'allier à moi. Je tournais a tête, plantais mes yeux dans les siens. Cependant, je n'y vis pas mon reflet, comme je le craignais. J'y vis les oiseaux, qui imprimés dans mon esprit, me donnaient suffisamment de courage pour ne pas me dégonfler. La protection pour laquelle j'avais prié. En me redressant, je vis mes blessures nombreuses, profondes. Des plumes jonchaient le sol, chaque cellule de mon corps tremblaient. Par fierté ou par obstination, je n'ai pas hurlé, je n'ai pas pleuré. Ce carnassier si cruel, si sanglant ne méritait pas de me voir agir de la sorte. Je voulais qu'il voie ma grandeur. Que le sang sur mes plumes blanches ne m'empêchais pas de les faire briller. Jusqu'au bout, je me voulais forte. Lentement, je me suis levée. Je fonctionnais comme un robot. Chaussures, manteau, sac, partir au plus vite. Mes jambes me portaient à peine, je ne comprenais pas réellement ce qu'il venait de se passer. En avançant vers la sortie, je me répétais, « ne pas se retourner, ne pas se retourner ». Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir, pour garder le moins de souvenirs possibles. Je ne voulais pas être esclave de ce genre d'images qui hantent des nuits jusqu'à la fin des jours.
Alors en franchissant la porte, j'ai respiré. À plein poumon, j'avale cet air frais qui remplit mon âme vide. Comme pour combler le manque de vie .Comme si ma vie en dépendait. Je redresse la tête et j'avance. Parce que je sais, qu'à partir de là, le combat le plus dur de toute mon existence commence. Et je sais. Je me battrais pour vivre.
Alors en franchissant la porte, j'ai respiré. À plein poumon, j'avale cet air frais qui remplit mon âme vide. Comme pour combler le manque de vie .Comme si ma vie en dépendait. Je redresse la tête et j'avance. Parce que je sais, qu'à partir de là, le combat le plus dur de toute mon existence commence. Et je sais. Je me battrais pour vivre.