- Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres mais je ne vous appellerai pas maître, affirma Innocenta avec une voix suffocante.
- C'est très peu étonnant de ta part, espèce veule. Je reviens ce soir, répondit Peter, un quadragénaire réputé pour sa robustesse, son appétence à la drogue et sa morale peu recommandable. Avant de claquer la porte de la cellule, il administra une paire de gifles à Innocenta dont le nez commença à dégouliner du sang.
Nous sommes dans la République crépusculaire des "sans-voix''. Cet après-midi du mois de Mars, une émeute s'est déclenchée dans la capitale de la République des "sans-voix ''. Jeunes et vieux, hommes et femmes, aveugles, sourds et boiteux, tous se rassemblèrent pour faire entendre leur tourment à l'autorité. A vrai dire, dans la République des "sans-voix'', la famine est devenue une religion dont le dieu-adoré est l'autorité, monsieur Poulard. Toute velléité de désaccord affiché à son encontre était passible d'emprisonnement. Avec le spectre de la faim et de la misère devenu le fidèle compagnon de la population, s'adonner à une vie bohémienne jusqu'à manger ce que l'oreille ne pouvait entendre ni le nez, apprécier : la matière fécale, dont certains ont fini par nommer Don Cacus pour essayer de camoufler l'amertume, était monnaie courante. L'essentiel était que l'on pût survivre.
Il a fallu cette émeute collective pour que monsieur Poulard dépêche des flicailles dans la ville pour bastonner, séquestrer, arrêter, emprisonner les racailles comme il aimait appeler son peuple. Dans cette opération, plusieurs âmes se sont envolées, plusieurs souffles se sont, à jamais, perdus dans le silence éternel des espaces infinis des cieux. Innocenta faisait partie de la foule immense ayant été incarcérée. Jeunes filles, à la fleur de l'âge, avec ses atouts morphologiques, ne passait pas inaperçue des flicailles hédonistes et insoucieuses de leurs frères et sœurs opprimés et paupérisés par monsieur Poulard.
Innocenta, comme la plupart des jeunes filles de son âge, avait été envoyée dans la prison nationale. Une bande de douze soldats gardaient cette confrérie luciférienne. De la torture morale à la gêne physique, ces jeunes prisonnières en subissaient jour et nuit de la part des soldats. L'agression sexuelle et le viol étaient le pain quotidien dont se rassasiaient les soldats.
Peter fut le chef de la bande, le plus virulent et le plus vicieux. Il lui arrivait de réunir plusieurs prisonnières dans la même cellule, comme des objets sexuels, pour qu'elles satisfassent sa libido. Ne craignant aucune répression encore moins une cour de justice, il se faisait appeler "Maître''. Les autres soldats lui faisaient allégeance en arrivant dans la confrérie compte tenu de son ancienneté sur les lieux.
Vers 19 heures, on entendit un cri d'angoisse venu d'une cellule de la prison. Nul doute ! Il s'agissait d'une jeune prisonnière qui venait d'être déflorée par un soldat. Son agonie était si intense qu'elle ne pût s'empêcher d'envisager le pire. Au départ du criminel, Monica qui venait de subir l'humiliation de sa vie se trouva une lame. Après un laps de temps de silence, un autre cri strident perça le toit de la prison. Les soldats accoururent en débandade pour se rendre dans la cellule d'où provenait le bruit assourdissant. Il était, on ne peut plus obvie, qu'il venait de la cellule de Monica. Tout à coup, des ambulanciers arrivèrent. Des différents cachots, chaque prisonnière fit sortir sa tête pour s'enquérir du drame. De loin, on y voyait tachées de sang, les blouses blanches des ambulanciers. Monica, étalée comme un cadavre avachi sur la table roulante, fut conduite dans le véhicule qui la transporta à l'hôpital. Une panique générale s'abattit sur les prisonnières. –Que lui était-il arrivé ? Qui des soldats avait provoqué cet incident ? Serait-ce le tour de qui ? Moult questions mêlées de crainte s'enchevêtrèrent dans leurs têtes. Les unes et les autres se regardèrent sans se dire un mot avant d'aller se recroqueviller dans leurs lits non drapés.
Avez-vous vu ce qui est arrivé à votre amie ? C'est ce qui arrivera à chacune d'entre vous si refusez d'obtempérer. Ici, c'est moi qui commande. Céans, je suis le Maître, vociférait Peter en traversant le couloir des cellules.
Les autres soldats, peinards, riaient aux corneilles comme si de rien n'était.
- Mec, vois-tu celle belle nana ? C'est la première fois je la remarque, dit Gontran, un soldat d'une trentaine d'années.
- Hum ! Tu parais nouveau ici, mec. Pourtant, elle est la plus affriolante et alléchante d'entre toutes. Elle est très délicieuse mais capricieuse et irrévérencieuse, expliqua Zoug.
- Je m'y aventurerai pour prendre ma part de ce délice dont tu parles, mec.
- Fais attention à toi, car, parait-il que le Maître va y passer ce soir. Ne te hasarde pas à l'en empêcher. Tu risquerais son courroux.
- Non, je ne pensais pas à ce soir mais plutôt demain. Elle est si jeune et sa poitrine, comme deux collines juxtaposées ! Je m'en délecterai avec appétit.
Euh ! Vous ? De quoi parlez-vous ? s'enquit Peter.
De rien, Maître.
Eh bien ! allez à vos postes.
Compris, Maître.
Le soleil s'éclipsa et la nuit tomba dans toute sa splendeur opaque sur la prison. L'électricité venait d'être coupée. Il fallait dix minutes au groupe électrogène avant de se démarrer en automatisme.
Pendant ce laps de temps, Peter fit un tour dans chaque cellule avant de revenir dans celle qui l'intéressait, la cellule d'Innocenta. A quelque chose, malheur est bon. Le temps que le courant ne revienne, Innocenta déboulonna un pied de son lit et dissimula les boulons bien aiguisés à son chevet.
Un petit bruissement se fit entendre. C'est le trousseau de clés dans le cadenas de la cellule d'Innocenta.
Elle se releva.
Shut ! C'est moi, joli cœur, dit fébrilement Peter.
Que cherchez-vous ? interrogea Innocenta.
Ne devrais-tu pas languir après moi en espérant ce soir ? Voyons ! Je suis venue prendre soin de toi.
Je n'en peux plus. Nous ne sommes pas des esclaves. Pourquoi toute cette maltraitance ? Ne vous approchez pas de moi, sinon...
Sinon quoi ? petite garce. Tant que tu es dans cet enclos, tu es mon esclave. Je suis le Maître des lieux. La plupart de tes camarades ici m'offrent de paraguante pour que je leur serve le sucré et salé pain de mon entrejambe. Et toi, pourquoi es-tu si désobligeante ? Alors, ce soir, tu te laisses aller si tu ne veux pas être privée de la nourriture demain.
Peter s'approcha d'elle, lui caressa les joues. Il descendit jusqu'à sa poitrine en la tirant vers lui. Avant de déboutonner son uniforme, il poussa violemment Innocenta sur le lit.
Appelle-moi Maître, demanda Peter.
Vous n'êtes pas mon maître, répondit-elle
Je ne veux plus me répéter. Dis Maître, lui imposa-t-il en la déshabillant.
Innocenta ferma les yeux en envoyant la main à son chevet. Tandis que Peter s'allongeait sur elle de tout son poids, Innocenta, deux boulons à la main droite, commença à lui percer le cou puis les yeux. Sans une once de pitié, elle tira l'engin de crime de Peter en y enfonçant un boulon. Peter, avec sa voix de rogomme, cria au secours. Aussitôt, l'électricité revint. Tout à coup, les soldats se précipitèrent dans la cellule d'Innocenta pour sauver leur Maître.
De façon unanime, toutes les prisonnières commencèrent à ovationner Innocenta pour cet acte de bravoure. Les ovations devinrent si fortes qu'on les confondit aux pleurs du vieux garçon pervers qui versait toutes les larmes de son corps. Les soldats tentèrent de joindre les ambulanciers mais en vain. Ils le transportèrent eux-mêmes à l'hôpital. Très tôt le lendemain matin, la nouvelle tomba : Peter vient de tirer sa révérence. Le Maître est mort.
La peur s'empara des autres soldats. Depuis cet événement, le calme revint dans la prison.
- C'est très peu étonnant de ta part, espèce veule. Je reviens ce soir, répondit Peter, un quadragénaire réputé pour sa robustesse, son appétence à la drogue et sa morale peu recommandable. Avant de claquer la porte de la cellule, il administra une paire de gifles à Innocenta dont le nez commença à dégouliner du sang.
Nous sommes dans la République crépusculaire des "sans-voix''. Cet après-midi du mois de Mars, une émeute s'est déclenchée dans la capitale de la République des "sans-voix ''. Jeunes et vieux, hommes et femmes, aveugles, sourds et boiteux, tous se rassemblèrent pour faire entendre leur tourment à l'autorité. A vrai dire, dans la République des "sans-voix'', la famine est devenue une religion dont le dieu-adoré est l'autorité, monsieur Poulard. Toute velléité de désaccord affiché à son encontre était passible d'emprisonnement. Avec le spectre de la faim et de la misère devenu le fidèle compagnon de la population, s'adonner à une vie bohémienne jusqu'à manger ce que l'oreille ne pouvait entendre ni le nez, apprécier : la matière fécale, dont certains ont fini par nommer Don Cacus pour essayer de camoufler l'amertume, était monnaie courante. L'essentiel était que l'on pût survivre.
Il a fallu cette émeute collective pour que monsieur Poulard dépêche des flicailles dans la ville pour bastonner, séquestrer, arrêter, emprisonner les racailles comme il aimait appeler son peuple. Dans cette opération, plusieurs âmes se sont envolées, plusieurs souffles se sont, à jamais, perdus dans le silence éternel des espaces infinis des cieux. Innocenta faisait partie de la foule immense ayant été incarcérée. Jeunes filles, à la fleur de l'âge, avec ses atouts morphologiques, ne passait pas inaperçue des flicailles hédonistes et insoucieuses de leurs frères et sœurs opprimés et paupérisés par monsieur Poulard.
Innocenta, comme la plupart des jeunes filles de son âge, avait été envoyée dans la prison nationale. Une bande de douze soldats gardaient cette confrérie luciférienne. De la torture morale à la gêne physique, ces jeunes prisonnières en subissaient jour et nuit de la part des soldats. L'agression sexuelle et le viol étaient le pain quotidien dont se rassasiaient les soldats.
Peter fut le chef de la bande, le plus virulent et le plus vicieux. Il lui arrivait de réunir plusieurs prisonnières dans la même cellule, comme des objets sexuels, pour qu'elles satisfassent sa libido. Ne craignant aucune répression encore moins une cour de justice, il se faisait appeler "Maître''. Les autres soldats lui faisaient allégeance en arrivant dans la confrérie compte tenu de son ancienneté sur les lieux.
Vers 19 heures, on entendit un cri d'angoisse venu d'une cellule de la prison. Nul doute ! Il s'agissait d'une jeune prisonnière qui venait d'être déflorée par un soldat. Son agonie était si intense qu'elle ne pût s'empêcher d'envisager le pire. Au départ du criminel, Monica qui venait de subir l'humiliation de sa vie se trouva une lame. Après un laps de temps de silence, un autre cri strident perça le toit de la prison. Les soldats accoururent en débandade pour se rendre dans la cellule d'où provenait le bruit assourdissant. Il était, on ne peut plus obvie, qu'il venait de la cellule de Monica. Tout à coup, des ambulanciers arrivèrent. Des différents cachots, chaque prisonnière fit sortir sa tête pour s'enquérir du drame. De loin, on y voyait tachées de sang, les blouses blanches des ambulanciers. Monica, étalée comme un cadavre avachi sur la table roulante, fut conduite dans le véhicule qui la transporta à l'hôpital. Une panique générale s'abattit sur les prisonnières. –Que lui était-il arrivé ? Qui des soldats avait provoqué cet incident ? Serait-ce le tour de qui ? Moult questions mêlées de crainte s'enchevêtrèrent dans leurs têtes. Les unes et les autres se regardèrent sans se dire un mot avant d'aller se recroqueviller dans leurs lits non drapés.
Avez-vous vu ce qui est arrivé à votre amie ? C'est ce qui arrivera à chacune d'entre vous si refusez d'obtempérer. Ici, c'est moi qui commande. Céans, je suis le Maître, vociférait Peter en traversant le couloir des cellules.
Les autres soldats, peinards, riaient aux corneilles comme si de rien n'était.
- Mec, vois-tu celle belle nana ? C'est la première fois je la remarque, dit Gontran, un soldat d'une trentaine d'années.
- Hum ! Tu parais nouveau ici, mec. Pourtant, elle est la plus affriolante et alléchante d'entre toutes. Elle est très délicieuse mais capricieuse et irrévérencieuse, expliqua Zoug.
- Je m'y aventurerai pour prendre ma part de ce délice dont tu parles, mec.
- Fais attention à toi, car, parait-il que le Maître va y passer ce soir. Ne te hasarde pas à l'en empêcher. Tu risquerais son courroux.
- Non, je ne pensais pas à ce soir mais plutôt demain. Elle est si jeune et sa poitrine, comme deux collines juxtaposées ! Je m'en délecterai avec appétit.
Euh ! Vous ? De quoi parlez-vous ? s'enquit Peter.
De rien, Maître.
Eh bien ! allez à vos postes.
Compris, Maître.
Le soleil s'éclipsa et la nuit tomba dans toute sa splendeur opaque sur la prison. L'électricité venait d'être coupée. Il fallait dix minutes au groupe électrogène avant de se démarrer en automatisme.
Pendant ce laps de temps, Peter fit un tour dans chaque cellule avant de revenir dans celle qui l'intéressait, la cellule d'Innocenta. A quelque chose, malheur est bon. Le temps que le courant ne revienne, Innocenta déboulonna un pied de son lit et dissimula les boulons bien aiguisés à son chevet.
Un petit bruissement se fit entendre. C'est le trousseau de clés dans le cadenas de la cellule d'Innocenta.
Elle se releva.
Shut ! C'est moi, joli cœur, dit fébrilement Peter.
Que cherchez-vous ? interrogea Innocenta.
Ne devrais-tu pas languir après moi en espérant ce soir ? Voyons ! Je suis venue prendre soin de toi.
Je n'en peux plus. Nous ne sommes pas des esclaves. Pourquoi toute cette maltraitance ? Ne vous approchez pas de moi, sinon...
Sinon quoi ? petite garce. Tant que tu es dans cet enclos, tu es mon esclave. Je suis le Maître des lieux. La plupart de tes camarades ici m'offrent de paraguante pour que je leur serve le sucré et salé pain de mon entrejambe. Et toi, pourquoi es-tu si désobligeante ? Alors, ce soir, tu te laisses aller si tu ne veux pas être privée de la nourriture demain.
Peter s'approcha d'elle, lui caressa les joues. Il descendit jusqu'à sa poitrine en la tirant vers lui. Avant de déboutonner son uniforme, il poussa violemment Innocenta sur le lit.
Appelle-moi Maître, demanda Peter.
Vous n'êtes pas mon maître, répondit-elle
Je ne veux plus me répéter. Dis Maître, lui imposa-t-il en la déshabillant.
Innocenta ferma les yeux en envoyant la main à son chevet. Tandis que Peter s'allongeait sur elle de tout son poids, Innocenta, deux boulons à la main droite, commença à lui percer le cou puis les yeux. Sans une once de pitié, elle tira l'engin de crime de Peter en y enfonçant un boulon. Peter, avec sa voix de rogomme, cria au secours. Aussitôt, l'électricité revint. Tout à coup, les soldats se précipitèrent dans la cellule d'Innocenta pour sauver leur Maître.
De façon unanime, toutes les prisonnières commencèrent à ovationner Innocenta pour cet acte de bravoure. Les ovations devinrent si fortes qu'on les confondit aux pleurs du vieux garçon pervers qui versait toutes les larmes de son corps. Les soldats tentèrent de joindre les ambulanciers mais en vain. Ils le transportèrent eux-mêmes à l'hôpital. Très tôt le lendemain matin, la nouvelle tomba : Peter vient de tirer sa révérence. Le Maître est mort.
La peur s'empara des autres soldats. Depuis cet événement, le calme revint dans la prison.